Quand l’Europe improvise prolonge et amplifie la démonstration entamée dans Le Passage à l’Europe, précédent ouvrage de Luuk van Middelaar paru en français il y a six ans. Le philosophe néerlandais y livrait un regard profondément renouvelé sur l’histoire de la construction européenne et, dans une inspiration assez proche des thèses réalistes d’Alan Milward [1], n’hésitait pas à battre en brèche un certain nombre d’idées reçues véhiculées par l’historiographie mainstream. Le lecteur retrouve ici le même ton, libre et revigorant, la même profondeur d’analyse, et le même souci de ne pas enfermer le discours savant sur l’Europe dans un langage de spécialistes.
INEGALITES
Observatoire des inégalités - Le Gini est mort, vive le Palma ?
Le ratio de Palma est méconnu. Cet indicateur est pourtant pertinent et facile à comprendre. Prendra-t-il bientôt la place qui lui revient dans l’analyse des inégalités de revenus ?
Le « Palma » va-t-il détrôner le roi Gini en matière de mesure des inégalités de niveaux de vie ? Autant le débat sur les inégalités de revenus est virulent, autant celui autour des outils pour les mesurer reste embryonnaire. Pourtant, le choix des instruments est éminemment politique [1]. Né il y a quelques années, un nouvel indicateur prometteur est passé inaperçu en France : le ratio de Palma qui rapporte la masse du revenu national qui revient chaque année aux 10 % les plus aisés à celle que reçoivent les 40 % les plus pauvres (à ne pas confondre avec le patrimoine qu’ils détiennent). Inventé en 2011 par Jose Gabriel Palma, un économiste chilien professeur émérite d’économie à l’université de Cambridge [2], « le Palma » a été baptisé ainsi par deux économistes anglais, Alex Cobham et Andy Sumner [3]. Depuis, il est utilisé notamment par la Banque mondiale et l’OCDE mais sa renommée internationale n’a pas encore débarqué dans l’Hexagone, ce qui est regrettable.
Observatoire des inégalités - Les inégalités de revenus à la lumière du « Palma »
Aux États-Unis, les 10 % les plus riches reçoivent l’équivalent de 1,8 fois la masse globale des revenus qui revient aux 40 % les plus pauvres. En France, ce rapport est de 1,1. Les inégalités passées à la loupe du ratio de Palma.
Avec un indicateur de Palma de 1,8, les États-Unis se détachent nettement des autres pays occidentaux par leur niveau d’inégalités. Cet indicateur rapporte la masse des revenus (après impôts et prestations sociales) que reçoivent les 10 % les plus riches à celle qui va aux 40 % les plus pauvres (lire notre article « Le Gini est mort, vive le Palma ? »). Cela signifie que les plus riches reçoivent une masse de revenus 1,8 fois supérieure à celle qui revient aux plus pauvres, alors qu’ils sont quatre fois moins nombreux. L’écart est considérable avec l’Allemagne et la France où le dixième le plus favorisé en perçoit environ 1,1 fois plus. Le ratio se situe autour de 1,3 en Espagne et en Italie et atteint 1,5 au Royaume-Uni.
AMAZON
Le Monde - Amazon, vendeur de destruction massive
En 2018, le géant du commerce en ligne aurait détruit 3,2 millions de produits invendus en France, selon les estimations de la CGT. Un documentaire choc diffusé ce soir sur M6.
Au rayon des aberrations commerciales, on connaissait déjà le gaspillage alimentaire ou encore l’obsolescence programmée, deux thèmes abordés dans Capital, le magazine d’information de M6, dimanche 13 janvier à 21 heures. Le sujet d’ouverture, en revanche, est inédit : Amazon organise la destruction massive de ses invendus. Près de 300 000 objets neufs ont été jetés en trois mois dans son entrepôt de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), le plus petit des cinq établis en France par le géant de la vente en ligne – les autres sont à Montélimar (Drôme), Orléans, Amiens et Lille. Au niveau national, cela représente 3,2 millions d’objets manufacturés neufs jetés en 2018, selon les estimations d’élus CGT.
ISLAM
Non Fiction - De l'impensable dans l'Islam à l'exigence de (re)penser l'Islam
Dans ce recueil, on peut lire des articles écrits relativement tardivement par Mohammed Arkoun et qui présentent la triple qualité de rappeler quelques-uns des acquis de son œuvre, de proposer des pistes et exigences méthodologiques pour approfondir l’étude de l’Islam et de mettre en lumière – ce qui semble plus rare dans le reste de son œuvre – la considération et la qualification du rapport par certains à l’Islam contemporain.
Des outils conceptuels qui ont fait leur preuve
Parmi les différents outils conceptuels qu’a apportés M. Arkoun à l’étude de l’Islam et qui sont rappelés dans ce livre, on peut en évoquer plusieurs qui s’avèrent fort pertinents. Mentionnons d’abord le questionnement de la pensée et du discours musulman à partir de son épistémè. Pour M. Arkoun, il s’agit de découvrir et d’analyser les postulats implicites du discours pour en valider l’épistémologie. M. Arkoun pose la question des régimes de vérité dans l’Islam (et ailleurs) . Par exemple, l’idée d’un « problème de Dieu » est impensable dans l’Islam. Puisque, en effet, Dieu ne peut pas être considéré comme problématique, il est parfaitement connu par le Coran (car l’homme ne peut qu’intérioriser/méditer ce que Dieu dit de lui dans le Coran), ses attributs ne sont pas analysés, mais récités comme des noms de Dieu. Mais ils ne sont pas pris comme sujet d’investigation intellectuelle. Ce qui ne laisse pas d’être tout à fait dommageable.