En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
À l’occasion de la sortie du livre de François Bazin Le parrain rouge1, biographie du leader de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) Pierre Lambert, Renaud Large, expert associé à la Fondation, revient sur le courant lambertiste à travers deux figures majeures du mouvement : son fondateur, à travers la recension de l’ouvrage de François Bazin, et un militant iconique de l’OCI, Marc Rozenblat. Si les lambertistes n’ont représenté que quelques centaines de minoritaires, ils éclairent néanmoins, par leur aura et par leur influence, l’histoire de la gauche française depuis ses marges.
Pierre Lambert, le « parrain rouge »
Avec ce livre Le parrain rouge. Pierre Lambert, les vies secrètes d’un révolutionnaire2, François Bazin signe une analyse politique d’une qualité et d’une finesse qu’on croyait perdues. Plus important, cette biographie vient combler un vide incongru dans l’histoire politique récente. Pour la première fois, il retrace le parcours politique de Pierre Boussel dit Lambert, militant politique et syndical durant la seconde moitié du XXe siècle, dirigeant d’une branche ésotérique du trotskisme à la française, l’Organisation communiste internationaliste (OCI), pygmalion d’une mouvance d’extrême gauche marquée par son dogmatisme, sa radicalité violente et son goût de l’infiltration, père spirituel subi ou choisi de mastodontes de la gauche du XXIe siècle de Lionel Jospin à Jean-Luc Mélenchon, de Jean-Christophe Cambadélis à Benjamin Stora.
Lire la suite ____________________ ____________________
Le parcours de Jean Jaurès, figure emblématique de l’histoire de la gauche française et internationale, est à redécouvrir cet automne avec la publication de l’ouvrage de Jean-Numa Ducange, "Jean Jaurès" (Éditions Perrin, septembre 2024). Cette biographie historique, s’appuyant sur des sources inédites et une approche renouvelée, a été présentée en avant-première à la Fondation lors d’une soirée-débat en partenariat avec les éditions Perrin, animée par Emmanuel Laurentin, journaliste et délégué au documentaire à France Culture.
Résumer la vie et l’œuvre de Jean Jaurès (1859-1944) en quelques lignes est une gageure. Normalien, philosophe, professeur, député (à seulement 26 ans), brillant orateur, journaliste éclairé ou encore patriote internationaliste, il est incontestablement une figure emblématique de l’histoire française et européenne.
Nombre d’historiens se sont déjà emparés de ce parcours hors du commun, mais Jean-Numa Ducange nous offre dans cette belle biographie un regard renouvelé sur le célèbre leader de la gauche. Il insiste notamment sur l’influence locale, nationale mais surtout internationale de Jean Jaurès : il suit les visites du tribun des plus petites villes du pays jusqu’aux échos et traductions de ses discours dans toute l’Europe – de Milan à Saint-Pétersbourg. Par ailleurs, pour reconstituer sa trajectoire, de nouvelles archives sont mobilisées : fonds privés inédits de dirigeants de l’époque récemment exhumés, bibliothèque personnelle de Jaurès, archives de la préfecture de Police, mais aussi des fonds allemands et russes jamais exploités.
On entrevoit alors un homme exceptionnel, un député sensible à la langue occitane de ses origines comme au concert diplomatique entre les nations, un orateur hors pair capable de parler aux paysans du Tarn comme aux militants aguerris, et enfin un lettré qui se fait tour à tour philosophe, historien et spécialiste des questions militaires.
Jean Jaurès, quelques jours avant son assassinat, avait confié à Marcel Mauss être en pleine rédaction d’une brochure pour les ouvriers destinée à vulgariser les statistiques. À partir de cet épisode peu connu qu’il nous relate, l’historien Maxime Surman livre une enquête plus vaste sur les statistiques, le mouvement socialiste et la pensée de Jean Jaurès.
Pour commémorer la disparition de son ami Jean Jaurès, le sociologue Marcel Mauss1 dans la revue La vie socialiste du 8 juillet 1920 décrit deux balades à Paris en sa compagnie. Ces conversations auraient eu lieu les « 12 ou 13 juillet » et le « vendredi 23 juillet » 1914. Dans la seconde, il aurait été brièvement question du patriotisme et des risques de guerre, que Jaurès suit avec particulièrement d’attention2, tandis que durant la première que Mauss intitule « science sociale », Jaurès y expose un projet d’écriture : « Il [Jaurès] me dit à peu près : « Parlons d’autre chose, du livre qui fera suite à L’Armée nouvelle. Je vous en ai déjà parlé. L’idée s’est précisée. Mais j’ai besoin de vos conseils, de vous, de Durkheim3 » – J’ajoutai : « De Simiand4 » – « Oui, me dit-il, sûrement, car maintenant c’est bien défini, je voudrais écrire quelque chose d’assez court, mais d’assez difficile – surtout si je veux le rendre très clair, pour notre public socialiste – sur la Statistique.
Lire la suite _________________________ _________________________
Après 1945, l’utilisation géopolitique du sport trouve sa place dans les nouvelles alliances de la guerre froide. L’idéologie et la diplomatie se glissent alors dans tous les recoins de l’activité sportive.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, civils et militaires utilisent le sport pour tisser des liens entre les peuples et gagner de l’influence par terrains interposés. Dans une synthèse magistrale, Sylvain Dufraisse explore les nouveaux ressorts de cette utilisation géopolitique du sport, qui marque de son sceau les mutations dans les alliances inédites de la guerre froide.
La « sportification » à l’ère des deux Grands
Avec la médiatisation des grands événements sportifs, notamment depuis les Jeux de Paris en 1924, le sport s’invite au plus près des spectateurs. Les émotions deviennent un moyen efficace de servir de nouvelles ambitions. Fort de travaux antérieurs portant sur la construction de l’élite sportive soviétique
, Sylvain Dufraisse présente équitablement les deux versants de la guerre froide et explique avec précision comment le sport se trouve adossé à ce conflit.
Lire la suite _________________________ _________________________
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Mais au fait, pourquoi voyager ? Et peut-on habiter le monde tout en le parcourant ?
Voyage-t-on jamais pour de bonnes raisons ? Dans Renoncer aux voyages, Juliette Morice, spécialiste de l’histoire des voyages aux XVIe-XVIIIe siècles, nous invite à mettre en perspective les discours qui nous intiment de ne plus voyager – en avion notamment – pour sauver la planète, en les rapportant aux controverses qui, dès la Renaissance, interrogent l’utilité des voyages. Si les manuels sur « l’art de voyager utilement » (p. 12) se multiplient entre les XVIe et XVIIe siècles, les doutes quant au sens et au but des voyages perdurent au sein des Lumières européennes jusqu’à l’avènement du romantisme, pour ressurgir avec virulence face au développement du tourisme de masse. Déclinant les paradoxes et les déceptions du voyage, effectué en imagination autant qu’à l’épreuve de la poussière, de la sueur et des aléas, la philosophe n’en conclut pas pour autant à la futilité, et encore moins à la nocivité, de l’acte de voyager. À travers la lecture des réflexions d’auteurs-voyageurs aussi divers que Montaigne, Chesterton ou Michaux, elle suggère au contraire que le voyage doit se comprendre comme une modalité de l’habiter : on désire voyager pour habiter le monde d’une certaine façon, en s’y mouvant transitoirement, sans s’y enraciner ni – quoique cela soit moins sûr – se l’approprier.
Lire la suite ______________________ ______________________
Si les sociétés occidentales n’ont cessé d’évoluer au fil de leur histoire millénaire, la vitesse et l’ampleur des transformations qu’elles ont vécues au sortir de la seconde guerre mondiale sont sans précédent. Déferlements techniques, basculements sociaux, bouleversements idéologiques, métamorphoses des mœurs : comment penser ces mutations anthropologiques dont le « wokisme » et son ambition de rééducation poulaire semble être l’ultime radicalisation ? Cette véritable révolution culturelle menée tambour battant et ses multiples implications n’ont toujours pas été pensées à leur juste mesure, civilisationnelle.
C’est ce à quoi se consacre depuis trente ans Jean-Pierre Le Goff, héritier de Claude Lefort et de Cornelius Castoriadis, sociologue et philosophe dont les multiples mais discrètes publications sur le monde du travail, la vie de village, l’héritage des années 60 ou la disparition de la Gauche, tentent de dresser le double portrait de cette France qui disparaît et de celle France qui advient.
Lire la suite ________________________ ________________________
Notre série d’été « Stratégies » revient cette année. L’été dernier, nous avions redécouvert les batailles rangées des guerres symétriques, de Cannes à Bakhmout. Dans les épisodes de cette année, nous explorons les figures de la guerre irrégulière — des premiers pirates aux luttes insurrectionnelles féministes, en passant par Toussaint Louverture.
En plein enlisement dans la guerre d’Indochine, un ancien résistant français d’origine autrichienne décide de faire de la « méthode Viêt-Minh » son terrain d’étude. Une intuition le saisit : le soutien populaire est la clef pour sortir des conflits asymétriques. Ses idées seront rejetées — elles auraient pu changer le cours de l’histoire.
Dans ce deuxième épisode de notre série estivale « Stratégies », nous découvrons Bernard Fall, visionnaire stratégique atypique dont l’approche multidimensionnelle a bouleversé les théories militaires de la seconde moitié du XXe siècle.
Lire la suite _________________________ _________________________
23 mai 2024 1974 en France est une année politique marquée par le décès du président de la République Georges Pompidou, puis par l’élection de Valéry Giscard d’Estaing le 19 mai 1974 face à François Mitterrand, porté par l’union de la gauche. Pour revenir sur les dynamiques à l’œuvre il y a cinquante ans, une rencontre organisée par la Fondation Jean-Jaurès, l’Institut Georges Pompidou et la Société française d’histoire politique le 16 mai 2024 a permis de rappeler, au-delà du scrutin présidentiel de mai, les mutations en cours dans la société et l’économie française, dans un contexte national et européen en rapide évolution. L'exposé introductif de cette table-ronde sur "La France en Europe" était assuré par Christine Manigand, Institut Georges Pompidou, et suivi par trois interventions thématiques : - 1974, année tournant face au défi terroriste en Italie, par Alexandre Chabert, Sciences Po, - L’actualité politique européenne dans la campagne présidentielle française de 1974, par Judith Bonnin, université Bordeaux Montaigne, - La France, la coopération politique européenne et la création du groupe d’experts des Neuf sur l’Europe de l’Est, par Matthieu Boisdron, Nantes université.
1974 en France est une année politique marquée par le décès du président de la République Georges Pompidou, puis par l’élection de Valéry Giscard d’Estaing le 19 mai 1974 face à François Mitterrand, porté par l’union de la gauche. Pour revenir sur les dynamiques à l’œuvre il y a cinquante ans, une rencontre organisée par la Fondation Jean-Jaurès, l’Institut Georges Pompidou et la Société française d’histoire politique le 16 mai 2024 a permis de rappeler, au-delà du scrutin présidentiel de mai, les mutations en cours dans la société et l’économie française, dans un contexte national et européen en rapide évolution. La conclusion de cette rencontre est assurée par Bernard Lachaise, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Bordeaux Montaigne.
1974 en France est une année politique marquée par le décès du président de la République Georges Pompidou, puis par l’élection de Valéry Giscard d’Estaing le 19 mai 1974 face à François Mitterrand, porté par l’union de la gauche. Pour revenir sur les dynamiques à l’œuvre il y a cinquante ans, une rencontre organisée par la Fondation Jean-Jaurès, l’Institut Georges Pompidou et la Société française d’histoire politique le 16 mai 2024 a permis de rappeler, au-delà du scrutin présidentiel de mai, les mutations en cours dans la société et l’économie française, dans un contexte national et européen en rapide évolution. L'ouverture est assurée par : • Thierry Mérel, directeur du secteur Histoire et archives de la Fondation Jean-Jaurès, • Christine Manigand, présidente du Conseil scientifique de l’Institut Georges Pompidou. Gilles Richard, président de la Société française d’histoire politique, introduit cette rencontre.