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Le rejet de toute représentation, qui a été sa force, a conduit le mouvement des Gilets Jaunes à s’absenter des élections européennes, et à l’essoufflement. Cette dynamique de désintermédiation de la politique n’est pas propre à la France : elle ronge l’ensemble des démocraties occidentales.
Les Gilets jaunes ont été largement absents de la séquence des élections européennes. Alors qu’ils ont dominé l’agenda politique et médiatique pendant six mois et fortement déstabilisé le pouvoir en place, ils ont très peu marqué la campagne électorale dont l’issue a consolidé la position de La République en Marche et confirmé le séisme électoral de 2017. Le mouvement produira sans nul doute des effets structurels de politisation et de socialisation et il n’est pas exclu qu’il connaisse un rebond, mais à court terme il semble s’être liquéfié et dissous. L’ordre électoral et la politique instituée ont repris leur droit et réimposé leurs codes. Cette restauration était prévisible. Mais cette situation renvoie aussi aux contradictions et aux apories du mouvement qu’un retour sur les derniers mois passés permet d’analyser.
Loin d’être sans leader, le mouvement des gilets jaunes est constamment traversé par des luttes de leadership. L’ethnographie d’un rond-point de mobilisation et des tensions qui traversent différents groupes de l’agglomération lyonnaise permet de mieux comprendre l’inscription dans le temps de ce mouvement.
Après plus de quatre mois de mobilisation, l’heure semble être au bilan du « Grand débat ». Réel effort de concertation du gouvernement pour les uns, mascarade pour les autres, la controverse médiatique et politique place les revendications des gilets jaunes au cœur de l’actualité. Elle focalise ainsi l’attention sur les dimensions délibérative et nationale du mouvement (qu’il s’agisse du « Grand débat », de son alternative, le « Vrai débat », porté par d’autres gilets jaunes, ou encore de l’ « Assemblée des assemblées » réunie à Saint-Nazaire), au risque de faire oublier que la pratique des assemblées ne va pas de soi, mais aussi que les mobilisations locales, nées sur les ronds-points, se poursuivent.
Les grandes manœuvres politiques à gauche ont commencé avant les européennes. Reste à voir si le mouvement des #GiletsJaunes pourra lui donner un nouvel élan. Pour en parler, Les Matins de France Culture reçoivent la sociologue Dominique Méda et l'historien Nicolas Delalande.
Le mouvement des « gilets jaunes » est parti d’initiatives individuelles en ligne qui ont fini par agréger des soutiens par effet boule de neige. Mais ce mouvement social a rapidement éprouvé le besoin de s’incarner physiquement en occupant l’espace sur l’ensemble du territoire français. Ces occupations physiques sont des lieux efficaces pour être entendus des autorités (stations-service, dépôts pétroliers, péages autoroutiers…). Mais ils sont aussi symboliques. Les ronds points sont souvent situés aux entrées périphériques de villes, dont beaucoup ont été chassés par le surenchérissement du coût des loyers ou des terrains. Les entrées des commerces de grande distribution sont aussi des lieux d’exclusion pour ceux qui aimeraient pouvoir y faire régulièrement leurs courses mais qu’un pouvoir d’achat en berne rend inaccessibles.
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Tête de liste du Parti socialiste et de Place publique pour les élections européennes, Raphaël Glucksmann a répondu au questionnaire de Marianne sur l’Europe. Un tour d'horizon concis de sa vision et de son programme.
La tête de liste PS-Place publique pour les européennes a rassemblé ses partisans jeudi soir lors d'un meeting dans la ville de Gérard Collomb, accompagnée de la numéro 2 de la liste, Sylvie Guillaume, et de l'ex-ministre Bernard Cazeneuve.
La parenthèse enchantée ouverte à Rouen ne s’est pas refermée à Lyon. Jeudi soir, au lendemain d’un meeting au côté de Christiane Taubira, un autre poids lourd socialiste, Bernard Cazeneuve, est venu prêter main-forte à Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, pour rendre tangible le revival de la gauche «de gouvernement». Et lui permettre, peut-être, de conserver quelques eurodéputés à Strasbourg.
L’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a été la vedette incontestée du meeting européen de la liste Glucksmann-Guillaume.
Étrange meeting de la liste Glucksmann pour les élections européennes du 26 mai, jeudi soir, à la Sucrière à Lyon. Certes, il a été parlé d’Europe, de son avenir, des projets comme dans le domaine social et de la sécurité, notamment par la numéro 2 de la liste, la Lyonnaise et députée PS sortante, Sylvie Guillaume, ou encore par le fondateur de Nouvelle Donne, l’économiste Pierre Larrouturou. Mais plus encore, et surtout, de l’avenir de la gauche « humaniste et de gouvernement », incarnée par l’alliance électorale PS-PRG-Place Publique et Nouvelle Donne.
Au PS, on était à deux doigts jeudi de sabrer le champagne après la validation de la première étape du référendum d'initiative partagée sur la privatisation d'ADP par le Conseil Constitutionnel. Mais étrangement plus question de cet autre RIP lancé par le PS sur l'ISF. Il ne manque pourtant que 24 signatures...
Regain de fierté au PS, le sentiment d'être à nouveau au centre du jeu politique avec la validation par le Conseil Constitutionnel de la première étape du référendum d'initiative partagée sur la privatisation d'Aéroports de Paris.
Elus locaux, avocats et associations se joignent au recours déposé par des députés et sénateurs devant le Conseil constitutionnel.
L’union ne fait pas nécessairement la force, mais elle crée un effet de masse. Trente et une personnalités du monde universitaire, juridique et associatif, et les 35 925 signataires d’une pétition se mobilisent depuis ce lundi contre la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Ils se joignent, en fait, au recours déposé par une soixantaine de députés et sénateurs, devant le Conseil constitutionnel contre cette opération.
Xavier Ragot, Président de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques, vient de faire paraître Civiliser le capitalisme. Il y insiste sur la forte divergence des économies européennes depuis l’instauration de l’euro et sur le besoin de procéder aux ajustements nécessaires d’une manière et à un rythme qui soient politiquement acceptables. Il plaide parallèlement, afin de renforcer la zone euro, pour le développement d’un Etat providence européen et, en premier lieu, en faveur d’une assurance chômage européenne. A la veille des élections européennes, Xavier Ragot apporte donc sa contribution au débat européen, en espérant que celui-ci puisse se porter sur des enjeux véritables. Il a accepté de répondre à quelques questions pour présenter son livre à nos lecteurs.
Un discret bien disert en ce moment : ces deux derniers jours, on a beaucoup entendu Jean Yves Le Drian, à propos des otages et de leur comportement, sur Europe 1, samedi matin, mais aussi sur l’état du Parti socialiste et c’est beaucoup plus rare, dans Le Parisien, dimanche. Deux sorties qui montrent l'envie du ministre des Affaires étrangères de faire entendre une voix de gauche dans le macronisme. Une voix que le PS tente d'ailleurs de porter par divers moyens, analyse lundi notre éditorialiste Michaël Darmon.
Le candidat de la liste PS-Place publique ne renoncera pas à ses positions sur le Rwanda malgré les critiques d’ex-ministres PS sur le sujet, dont Bernard Cazeneuve qui soutient la liste jeudi à Lyon.
«Sa position est claire, connue de tous. Elle ne date pas d’hier et elle n’a pas changé. Alors très franchement, nous nous étonnons que certains fassent mine de la découvrir et instrumentalisent un sujet aussi grave en pleine campagne électorale!» La position de Raphaël Glucksmann, selon son entourage, a le mérite d’être franche.
Loin d’être sans leader, le mouvement des gilets jaunes est constamment traversé par des luttes de leadership. L’ethnographie d’un rond-point de mobilisation et des tensions qui traversent différents groupes de l’agglomération lyonnaise permet de mieux comprendre l’inscription dans le temps de ce mouvement.
Après plus de quatre mois de mobilisation, l’heure semble être au bilan du « Grand débat ». Réel effort de concertation du gouvernement pour les uns, mascarade pour les autres, la controverse médiatique et politique place les revendications des gilets jaunes au cœur de l’actualité. Elle focalise ainsi l’attention sur les dimensions délibérative et nationale du mouvement (qu’il s’agisse du « Grand débat », de son alternative, le « Vrai débat », porté par d’autres gilets jaunes, ou encore de l’ « Assemblée des assemblées » réunie à Saint-Nazaire), au risque de faire oublier que la pratique des assemblées ne va pas de soi, mais aussi que les mobilisations locales, nées sur les ronds-points, se poursuivent.
Je pourrais me contenter d’afficher une relative satisfaction quant aux réponses enregistrées à cette question, dont je préciserai l’énoncé un peu plus loin. Voici le commentaire du Monde du 25 avril 2019, sous la plume de deux chercheurs à Sciences Po Grenoble : « 50 % [des Français.e.s] privilégie la protection de l’environnement au détriment de l’économie et de l’emploi. Seulement un tiers choisit l’économie ». Pour information, la préférence pour l’environnement est plus forte dans l’électorat de gauche que dans celui de droite et surtout d’extrême-droite, mais même dans ces deux derniers cas, les choses sont plus équilibrées qu’on pourrait le penser a priori.
DEPENSE PUBLIQUE
Les Economistes atterrés - Dépense publique : Sortons du débat tronqué Cette note Gambetta de Christophe Ramaux explique le caractère fallacieux de l’insistance sur les 56% du PIB de dépenses publiques. Cela laisserait à penser qu’il ne resterait plus que 44 % pour le privé, alors que c’est complètement faux : si’on calcule la dépense privée comme on calcule la dépense publique, elle atteint environ 200 % du PIB.
Tous connectés ! Tous captifs ? Deux logiques s’affrontent au cœur de la technologie : les principes émancipateurs du logiciel libre s’attaquent à ceux, exclusifs, du droit de la propriété intellectuelle. La révolution du partage ne concerne pas que le numérique : des pratiques collectives « non propriétaires » essaiment dans l’alimentation avec les semences libres, dans la santé avec des médicaments « open source », ou dans l’éducation grâce au libre accès à la connaissance… Le nouveau documentaire de Philippe Borrel, « Internet ou la révolution du partage », part à la rencontre de celles et ceux qui, de l’Inde aux Etats-Unis en passant par l’Europe, expérimentent ces outils d’émancipation. Il est diffusé ce mardi 7 mai à 23h55 sur Arte. Retrouvez sur Basta ! une série de bonus.
À propos de : Sandrine Revet, Les coulisses du monde des catastrophes « naturelles », EMSH
En quelques décennies, les catastrophes dites « naturelles » sont devenues un véritable enjeu pour les professionnels de l’international. Une longue enquête de terrain dévoile le fonctionnement concret de la gestion des désastres environnementaux, des bureaux de l’ONU aux pays concernés.
Après avoir analysé localement, à l’aide de méthodes ethnographiques, la construction sociale d’une catastrophe dans Anthropologie d’une catastrophe. Les coulées de boue de 1999 au Venezuela, en 2009, Sandrine Revet, anthropologue et chercheuse au Centre de Recherches Internationales de Sciences Po, s’intéresse dans ce nouvel ouvrage à l’émergence d’un « gouvernement international des catastrophes “naturelles” ». Son ouvrage s’appuie sur une enquête menée entre 2008 et 2015 qui l’a conduite des bureaux de l’ONU à Genève spécialisés dans la gestion des catastrophes à plusieurs pays d’Amérique latine où elle a observé la mise en place de séances de formation ou des exercices de simulation de catastrophes. L’observation des négociations entre des délégués du monde entier lors d’une conférence internationale en 2015 à Sendai, au Japon, ouvre l’ouvrage et clôt son enquête, sur la gestion internationale des catastrophes « naturelles ».
Le thème prioritaire portait cette année sur « Les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et les infrastructures durables au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles ». On ne peut que se féliciter que cette question soit abordée au niveau international quand on sait qu’en 2019, les femmes et les filles constituent la majorité des plus de quatre milliards de personnes ne disposant pas de protection sociale[1], alors même que l’accès à la protection sociale et aux infrastructures durables conditionne la mobilité des femmes, renforce leur participation à la vie politique et professionnelle et donc leur autonomisation.
Lors de son allocution du 26 avril, Emmanuel Macron a annoncé le renforcement de l’aide au recouvrement des Contributions à l’éducation et l’entretien des enfants (CEEE), communément appelées « pensions alimentaires » auprès des pères débiteurs : « on ne peut pas faire reposer sur des mères seules qui élèvent leurs enfants (…) l’incivisme de leurs anciens conjoints. ». Dans le système actuel, cet incivisme repose davantage sur la solidarité nationale que sur les mères elles-mêmes, si ces dernières font valoir leurs droits auprès de la CAF. En effet, la Loi de 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a mis en place la Garantie d’impayé de pension alimentaire (GIPA) qui assure le versement d’un montant minium de pension égal à l’Allocation de soutien familial (ASF, environ 115 euros par enfant par mois) lorsque l’ex-conjoint ne paie pas ce qu’il doit au titre de l’éducation et de l’entretien de ses enfants. Au-delà de ce dispositif spécifique, le RSA et la Prime d’activité garantissent un revenu minimum à toutes les personnes éligibles. Les parents isolés, qui sont le plus souvent des femmes, perçoivent des majorations permettant de tenir compte de leur situation familiale. La solidarité nationale prend donc le relai des ex-conjoints défaillants pour les parents isolés aux revenus les plus faibles. Lorsque le parent débiteur verse la CEEE due, le montant de RSA ou de la prime d’activité que perçoit le parent créditeur sont réduits d’autant.
Bernardo Zacka, When the State meets the Street. Public services and moral agency, Harvard University Press
L’État : monstre froid et monolithique, ou chaîne dont chaque maillon possède une relative autonomie ? C’est ainsi que préfèrent l’envisager deux ouvrages récents, au risque de dépolitiser le travail des Street-level bureaucrats.
Comment s’exerce la domination de l’État sur les populations gouvernées ? Depuis l’ouvrage programmatique de Michael Lipsky consacré aux Street-level bureaucrats – expression désignant tous les agents qui disposent d’un pouvoir discrétionnaire sur d’autres personnes – cette question a été largement investie grâce à plusieurs enquêtes ethnographiques menées au sein des administrations sociales [1]. Deux récents livres viennent compléter cette littérature désormais foisonnante sur les coulisses de l’État. Le premier est signé par Jean-Marc Weller, chercheur au CNRS et spécialiste de longue date de l’observation des organisations bureaucratiques : vingt ans après avoir écrit L’État au guichet, il publie Fabriquer des actes d’État, synthèse de plusieurs enquêtes de terrain réalisées dans les bureaux de la Sécurité sociale et dans un tribunal de proximité.
"Les artistes ne peuvent pas être du côté de la domination." Alors que 1400 artistes viennent de publier une tribune en soutien aux Gilets jaunes, Danièle Sallenave, membre de l'Académie française dénonce le mépris de classe à l'égard du mouvement. Elle rappelle le rôle qu'ont joué Victor Hugo et George Sand au XIXe siècle.
Devenue grâce à Victor Hugo un symbole populaire au-delà de sa dimension religieuse, la cathédrale parisienne aura connu, entre grandeur et décadence, tous les soubresauts de l’histoire de la capitale depuis le Moyen Age......
Notre-Dame pour l’histoire, donc, la plus imposante et la plus traditionnelle. Mais aussi Notre-Dame pour le peuple. Victor Hugo décrit les sombres émotions de la foi, mais surtout l’exubérance populaire qui animait le parvis et même la nef, où se pressaient les artisans, les tire-laine, les portefaix et les prostituées, où dansait la Rom Esmeralda, où souffrait Quasimodo, qui habitait dans les hauteurs obscures de la charpente qui vient de brûler.
Une image brusquement surgit sur une chaîne d’information, bousculant les bavardages de voyantes sur l’allocution attendue du président. Des flammes s’élèvent du toit de Notre-Dame. Le temps de comprendre que tout est bien réel, je suis envahi de chagrin, comme si j’assistais à l’agonie d’un proche. Mais elle m’est proche, Notre-Dame de Paris ! J’ai beau être laïcard, comme ils disent, pas très catholique et même pas du tout, je ne suis jamais las de la voir surgir, en longeant les quais, en franchissant les ponts, l’émotion résiste aux années. Elle fait pourtant partie du paysage familier au Parigot qui, depuis sa naissance, ne cesse de la croiser. Elle était noire de suie, comme tous les monuments de Paris avant Malraux, quand un maître de la communale nous faisait partager sa passion de l’histoire et des merveilles de la ville.
Une personne sur cinq est frappée par au moins une forme de pauvreté (matérielle ou monétaire) selon une récente étude de l'Insee. Les chômeurs sont quatre fois plus touchés par ce phénomène que les personnes en emploi.
Le système de redistribution protège-t-il assez les Français de la précarité ? Les mobilisations des "gilets jaunes" depuis le 17 novembre dernier ont remis en avant les questions des inégalités et de la pauvreté au centre des débats. Selon des estimations de l'Insee publiées ce mardi 16 avril, 5,5% de la population cumule à la fois pauvreté monétaire et privation matérielle et sociale et une personne sur cinq est concernée par un des deux phénomènes.
À propos de : Pierre Martin, Crise mondiale et systèmes partisans, presses de Sciences Po
Parmi les victimes collatérales de la crise globale qui s’est ouverte il y a une dizaine d’années, les partis politiques ne sont pas les moindres. Un essai comparatif à grande échelle propose une stimulante interprétation de ces transformations en cours....
.... Derrière ce débat d’experts se profilent des interrogations qui sont au cœur de l’actualité politique. Les nouveaux systèmes partisans vont-ils se restructurer autour d’une opposition duale entre « cosmopolites » et « identitaires » ou autour d’une nouvelle configuration autour de trois pôles : une droite conservatrice-identitaire, une gauche démocrate éco-socialiste et un centre libéral mondialisateur ?
Selon l’association Attac, la taxe sur les grandes entreprises du numérique proposée par le gouvernement est vouée à l’inefficacité.
L’Assemblée nationale a débattu aujourd’hui de la « taxe Gafa » voulue par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Son principe : une imposition de 3 % du chiffre d’affaires numérique s’il dépasse 25 millions d’euros en France, 750 millions dans le monde. De quoi faire payer le juste montant d’impôt à ces multinationales ? Loin de là détaille une note de l’ONG Attac.
A l’heure où les démocraties connaissent une « crise de gouvernabilité » manifeste, il est utile de croiser la lecture de deux ouvrages fort différents mais convergents sur certains aspects, malgré leurs disciplines et leurs contextes éloignés.
L’essai philosophique récent de Grégoire Chamayou, La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire fait en effet écho à un classique de la science politique française, L’illusion politique de Jacques Ellul (paru pour la première fois en 1965 et récemment republié en poche). Les points de vue des deux auteurs diffèrent pourtant par bien des aspects : là où le jeune chercheur souhaite, dans une logique foucaldienne, mais aussi néo-marxiste, proposer une analyse fouillée et conceptuelle des stratégies et des discours néolibéraux contemporains (des années 1970 à nos jours), le regretté professeur émérite de l’Université de Bordeaux cible son propos sur le fonctionnement de la démocratie en France (et, plus largement, dans les pays occidentaux), qu’il juge impuissante face au poids de la machine administrative de l’Etat – et de ses mandarins.
Les signataires demandent la prise de « mesures concrètes [pour] garantir l’égalité et la diversité » dans l’industrie.
Près de 700 professionnelles de l’industrie musicale, dont les artistes Clara Luciani, Fishbach, Chloé ou encore Chris, ont publié, mardi 16 avril, un manifeste contre le sexisme et les violences sexuelles.
Pour la première fois de son histoire, le Parti socialiste n'a pas choisi l'un des siens pour porter le combat aux élections européennes. Un choix contesté et une pierre de plus dans le jardin des divisions socialistes.
"Le gars ne remplit même pas sa part de contrat. Il n'est pas capable de tenir une émission de télé ou un meeting. Désormais, le doute s'installe." La phrase cinglante de ce responsable socialiste tombe par sms, ce lundi 8 avril. Quelques heures seulement avant le premier comité de campagne des élections européennes entre Place publique et le Parti socialiste. Raphaël Glucksmann, tête de liste de cette alliance inédite, a donné deux jours auparavant son premier meeting à Toulouse (Haute-Garonne) et a participé, le jeudi de la même semaine, au premier débat diffusé par France 2.
VIDÉO. Dans un rapport édifiant, l'OCDE décrypte le rétrécissement et la fragilisation des classes moyennes dans les pays développés. Un facteur d'instabilité politique.
C'est un rapport sur l'écrasement des classes moyennes qui va particulièrement résonner en France, dans un contexte marqué par le mouvement des Gilets jaunes, interprété comme l'expression d'un ras-le-bol de la classe moyenne inférieure. Mercredi, l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a publié une vaste étude* en anglais qui montre un mouvement général d'attrition des classes moyennes à travers ses pays membres. « Le rêve de la classe moyenne reste de plus en plus un rêve pour beaucoup », résument ses auteurs. De quoi expliquer la montée des partis populistes et la défiance croissante exprimée envers les institutions dans de nombreux pays.
La démarche est soutenue par le réalisateur Cyril Dion, l’économiste Laurence Tubiana ou encore une des figures médiatiques des « gilets jaunes » Priscillia Ludosky.
Ils ont décidé de changer de braquet et surtout de méthode. Sans attendre les annonces d’Emmanuel Macron censées clore le grand débat, un collectif lance la création d’une assemblée de citoyens tirés au sort, représentatifs de la société française.
L’essor des nouvelles technologies a produit son lot d’opportunités, mais aussi de menaces et d’injustices. Dans le domaine du numérique, la fracture ne serait plus tant entre celles et ceux qui y ont accès et celles et ceux qui en sont exclus, mais dans l’usage, qu’il en soit maîtrisé ou au contraire immodéré. Pour lutter contre la dépendance de certains consommateurs, Maxime des Gayets propose d’y répondre comme on mène des politiques de santé publique de lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme. Car entre pianoter ou conduire, il faut aussi choisir.
La chronique éco de Marc Chevallier, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques, est à retrouver tous les mardis dans la matinale du 5-7 de France Inter, à 6 h 45. Vous pouvez écouter celle du 9 avril ci-dessous.
Le gouvernement a présenté hier la synthèse des contributions au grand débat. L’une des leçons, c’est que les Français ne veulent vraiment pas du retour de la taxe carbone…
Oui, c’est un paradoxe : la majorité des participants au grand débat fait part d’un sentiment d’urgence climatique, ils se disent prêts à changer de comportement, et pourtant seuls 2 % d’entre eux plaident pour le retour de la taxe carbone.
La libéralisation amorcée à partir des années 1980 a accru la productivité du secteur financier et réduit son coût, mais elle a également augmenté le profit qu’il tire des services qu’il propose.
Depuis la crise de 2008, la finance est en question. Sommes-nous allés trop loin dans sa libéralisation ? Faut-il une réglementation plus stricte ? Si oui, comment s’assurer de son bon fonctionnement ? Beaucoup a été dit ou écrit à ce sujet alors même que des analyses factuelles sur les coûts et profits du système financier demeurent largement absentes. En de telles circonstances, les fantasmes gouvernent les croyances et produisent nombre de « remèdes » souvent plus nocifs que le mal.
Le diagnostic selon lequel les règles de l’assurance chômage permettent de gagner plus au cours d’un mois de chômage qu’au cours d’un mois de travail n’est pas nouveau[1]. Remis sur le devant de la scène après l’échec de la négociation des partenaires sociaux ce constat élémentaire –car comptable– est fortement contesté.
Pôle Emploi et l’Unedic viennent de publier leurs lectures respectives des faits[2], et elles sont très différentes. Pôle Emploi confirme que pour « 20% des ouvertures de droit à l’assurance chômage, le montant mensuel net de l’allocation auquel a droit l’indemnisé est supérieur au salaire mensuel net moyen qu’il a perçu au cours de la période d’affiliation ». L’Unedic indiquant pour sa part que « 4 % des allocataires ont travaillé́ moins de 25 % de l’année précédant leur ouverture de droit et […] ont gagné́ 220 € par mois en moyenne. Leur indemnisation nette sur les 12 mois qui ont suivi était de 290 € en moyenne par mois ».
À l’apogée de la crise de la dette souveraine en zone euro, nous nous sommes engagés dans un examen annuel de la croissance : iAGS -independant Annual Growth Survey. Le projet a fait l’objet d’un premier débat à la fin de l’année 2011 et le premier rapport a été publié en novembre 2011. Notre objectif, en collaboration avec le groupe S & D au Parlement européen, a consisté à discuter et à remettre en question la contribution de la Commission européenne au Semestre européen. Concrètement, il s’agissait de pousser la Commission européenne vers une politique macroéconomique plus réaliste, c’est-à-dire moins axée sur la réduction à court terme de la dette publique, et plus consciente des conséquences sociales de la crise et du parti-pris d’austérité. Pendant 7 ans, nous avons plaidé contre une austérité brutale qui ne permettait pas de contrôler la dette publique, nous avons mis en garde contre le risque catastrophique de la déflation. Nous avons également alerté sur les conséquences sociales de la combinaison mortelle de la crise économique, de la flexibilité accrue du marché du travail et de l’austérité sur les inégalités, en particulier dans la partie basse de la répartition des revenus. Nous ne pouvons pas prétendre avoir changé à nous seuls les politiques de l’Union, mais au moins avoir eu une influence, bien qu’insuffisante et trop tardive pour éviter les cicatrices laissées par la crise.
Réponse : chiffre exact selon certains critères, mais largement faux quand même, et trompeur sur les responsabilités et les solutions. Voyons pourquoi.
Cet argument des 100 entreprises a été beaucoup diffusé par des militant.e.s de la cause climatique. On le trouve par exemple dans la tribune collective du réseau « extinction rébellion » publiée dans Libération du 22 mars 2019 sous le titre « environnement : il y a urgence ». Il avait été commenté en juillet 2017 par Forbes, magazine plus habitué à classer les fortunes des milliardaires que les émissions des entreprises. La source (plus) scientifique se trouve dans des rapports annuels « The Carbon Majors Database » de l’ONG Carbon Disclosure Project en partenariat avec le Climate Accountability Institute. Mais pour aller plus loin dans les hypothèses et méthodes, il faut lire un article de 2014 de la revue Climatic Change : « Tracing anthropogenic carbon dioxide and methane emissions to fossil fuel and cement producers, 1854–2010 », par Richard Heede.
La part de jeunes adultes vivant sous le seuil de pauvreté avoisine 60 % dans certaines communes. Ce taux est parfois très supérieur à la moyenne de la ville. Les explications de Valérie Schneider, extrait de la Gazette.fr.
D’un taux de pauvreté de 10,5 % à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) à celui de 67 % à Saint-Benoit à La Réunion, la part de jeunes de moins de 30 ans [1] qui disposent de ressources inférieures au seuil de pauvreté varie considérablement sur le territoire [2].
Quelques mois après la démission fracassante de Nicolas Hulot du ministère de la transition écologique et solidaire et quelques semaines avant des élections européennes qui, traditionnellement, sont plutôt favorables aux écologistes, plusieurs ouvrages viennent à point nommé pour analyser dans une profondeur historique, politique et conceptuelle la naissance, les combats lointains ou récents, et l’actualité du courant écologique en France.
Entre utopie et opportunisme
Le premier ouvrage, Une histoire de l’écologie politique, de la plume d’un journaliste politique du Journal du dimanche, Arthur Nazaret, se présente comme un récit assez linéaire de l’histoire des courants écologistes en France, de la candidature de René Dumont en 1974 à la démission de Hulot en 2018, en passant par la création des Verts en 1984 et les participations aux gouvernements de gauche de Dominique Voynet en 1997 ou de Cécile Duflot en 2012.
Déçus par un fonctionnement "pyramidal" et l'alliance avec le PS malgré la promesse initiale d'un large rassemblement, près de la moitié des fondateurs de Place publique ont déserté le mouvement de Raphaël Glucksmann au cours du mois écoulé, ont expliqué plusieurs d'entre eux à l'AFP.
Du jamais vu ! En 2014, la Chine a bloqué [1] l’alliance voulue par les trois plus grandes entreprises de commerce maritime représentant alors 39 % du marché mondial et validée par les autorités de la concurrence européenne et américaine. Ayant déstructuré une alliance européenne en formation, la Chine a pu imposer son fleuron, Cosco, dans une alliance stratégique avec le Français CMA-CGM. Ainsi, elle s’affirme non seulement comme un régulateur du commerce maritime, au même titre que l’Europe et les États-Unis, mais elle permet à son champion national de gagner une position de plus en plus dominante sur le marché mondial.
Au terme d’une enquête tentaculaire de 22 mois, le procureur spécial Robert Mueller vient d’exonérer Donald Trump de tout soupçon de collusion avec la Russie. Un fiasco monumental pour les médias américains ayant agité le spectre d’un RussiaGate depuis près de deux ans et demi, et un camouflet inquiétant pour l’aile droite démocrate qui avait préféré s’accrocher à ces délires conspirationnistes plutôt que de se livrer à une introspection salutaire suite à la défaite d’Hillary Clinton. Par Politicoboy.
Il y a cinq mois exactement, le déclenchement éclair du mouvement s’est appuyé sur une colère bien réelle, mais aussi sur des réseaux militants préexistants. Enquête.
Il y a cinq mois tout juste, le 17 novembre 2018, des Français manifestent pour la première fois au Mans (Sarthe) contre la hausse des taxes sur les carburants. Parmi eux, certains arborent fièrement la mention « Colère 72 » au dos de leur gilet jaune, comme un emblème. Les initiés savent qu’il s’agit là d’une référence à un groupe Facebook qui réunit des milliers de mécontents du département de la Sarthe.
La démarche est soutenue par le réalisateur Cyril Dion, l’économiste Laurence Tubiana ou encore une des figures médiatiques des « gilets jaunes » Priscillia Ludosky.
Ils ont décidé de changer de braquet et surtout de méthode. Sans attendre les annonces d’Emmanuel Macron censées clore le grand débat, un collectif lance la création d’une assemblée de citoyens tirés au sort, représentatifs de la société française.
Entreprise par Démocratie ouverte, une association de militants et praticiens de la démocratie participative, la démarche est soutenue par un collectif d’une centaine de personnes de tous horizons dont Cyril Dion, coréalisateur (avec Mélanie Laurent) du film Demain, l’actrice Marion Cotillard, très investie dans la défense de la planète, l’économiste Laurence Tubiana, négociatrice de la COP21, le professeur de science politique Loïc Blondiaux ou encore Priscillia Ludosky, l’une des figures médiatiques des « gilets jaunes ».
Les analyses diffèrent quant au mouvement des « gilets jaunes » : pour Denis Maillard, spécialiste en relations sociales, il s’explique en partie par la désormais faiblesse des corps intermédiaires, remplacés par d’autres formes plus directes ; pour le sociologue Jean Viard, c’est d’abord un affrontement entre les métropoles, portées par la révolution numérique et écologique, et les anciens mondes du travail, installés loin des grandes cités. Ils en débattent à la Fondation Jean-Jaurès et présentent leur nouvel ouvrage respectif :
• Une colère française, pour Denis Maillard (Éditions de l’Observatoire, mars 2019),
• L’implosion démocratique, Jean Viard (L’Aube, avril 2019), lors d’une rencontre publique animée par Jean Grosset, directeur de l’Observatoire du dialogue social de la Fondation Jean-Jaurès.
Plutôt rouge selon l’historien Gérard Noiriel et le journaliste Edwy Plenel. Plutôt jaune tournant au brun pour Roman Bornstein, qui s’est plongé dans le QG numérique du mouvement.
Les «gilets jaunes» sont-ils rouges ou bruns ? Et en matière de culture démocratique, sont-ils blanc-bleu ? Depuis le début du mouvement, analystes et intellectuels cherchent à s’y reconnaître dans cet éventail de couleurs. Côté rouge, sur un mode rationnel ou lyrique, on trouve Gérard Noiriel, historien des luttes sociales et des mouvements populaires, bien placé pour mettre en perspective l’événement, interrogé par Nicolas Truong, journaliste au Monde ; on voit aussi Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, qui dédie au «peuple des ronds-points» un livre fiévreux et enthousiaste. Leur plaidoyer est souvent juste et leurs arguments, solides. Même si, au bout du compte, un doute sérieux subsiste sur la nature politique de cette révolte.