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Réflexions - Page 9

  • Non Fiction - Ernst Bloch, penseur original de l'utopie

    Résumé : Une série d'entretiens qui révèle une tentative inégalée de donner une dimension philosophique à l’espérance logée dans le monde.

    Adorno disait d’Ernst Bloch qu’il était « l’un des rares philosophes qui ne reculent pas en tremblant à l’idée d’un monde sans domination ni hiérarchie » . La pensée de ce philosophe allemand – dont toute l’œuvre constitue la tentative inégalée de donner une dimension philosophique à l’utopie, à l’espérance logée dans le monde – reste en grande partie méconnue en France. Les entretiens traduits et réunis dans cet ouvrage fournissent aujourd’hui une belle occasion d’approcher cette philosophie. La pensée souvent difficile du philosophe est rendue plus accessible par ces dialogues vivants, à une époque où Bloch, alors professeur à Tübingen, était déjà un philosophe reconnu.

    Dans ces entretiens, lui qui n’appréciait guère le genre autobiographique, revient sur son itinéraire intellectuel et politique. Il aborde les principaux aspects de sa philosophie de l’espérance, ainsi que les engagements politiques du marxiste non-orthodoxe qu’il fut. On découvre également les vicissitudes historiques qui ont marqué sa vie. Juif, bien que non pratiquant, Bloch a connu les deux guerres mondiales et les émigrations douloureuses. Devenu professeur en RDA à son retour des États-Unis, il a dû faire ses bagages de nouveau lors de la construction du mur, et s’est enfin installé à Tübingen, où il a enseigné de nombreuses années.

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  • Laurent Bouvet - Le “choc des civilisations” de Samuel Huntington

    On entend beaucoup parler, à nouveau, à l’occasion des attentats revendiqués par Daech, de “choc des civilisations”. Cette expression célèbre, forgée par le politologue américain Samuel Huntington au début des années 1990, est souvent très mal employée car très mal comprise. Retour sur sa genèse, ses limites et ses usages ces 20 dernières années.
     
    Le Choc des civilisations est la traduction française du titre de l’ouvrage de Samuel Huntington, professeur de science politique américain, The Clash of Civilizations and the Remaking of the World Order, paru en 1996. Livre dont le retentissement a été considérable au point de devenir une expression consacrée et de caractériser, notamment, la politique étrangère américaine de l’Administration Bush après le 11 septembre 2001 (Huntington, 1996).
     
    Samuel Huntington (1927-2008), avant de devenir mondialement célèbre à l’occasion de cet essai – lui-même le développement de l’article éponyme paru en 1993 dans la revue Foreign Affairs (Huntington, 1993a) –, était déjà reconnu comme l’un des principaux politologues américains et l’un des meilleurs analystes tant de la politique américaine que des questions internationales depuis les années 1950, lorsqu’il commença, précocement, une longue carrière académique (Putnam, 1986).
     
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  • La Vie des Idées - Pour un alter-libéralisme À propos de : Jean-Pierre Cometti, La démocratie radicale. Lire John Dewey, Gallimard-Folio

    Le libéralisme est à reconstruire : il s’est dévoyé et a trahi l’esprit de liberté qui l’animait. Les textes politiques de John Dewey nous incitent, comme le montre J.-P. Cometti dans un ouvrage posthume, à retrouver le « sens du possible ».

     
    Recensé : Jean-Pierre Cometti, La démocratie radicale. Lire John Dewey, Paris, Gallimard-Folio, 2016, 338 p., 8,20 €.

    Dialectique du libéralisme

    Au sujet de la théorie pragmatiste de la vérité, Bertrand Russell faisait remarquer qu’elle était l’expression philosophique de l’esprit de commerce, rejoignant par là Horkheimer et Adorno qui y voyaient un produit du capitalisme bourgeois. Le pragmatisme était, après tout, un mouvement philosophique américain. Ils ne venaient bien sûr pas à l’esprit de ces illustres lecteurs de s’informer sur ce que les pragmatistes eux-mêmes disaient du commercialisme et du capitalisme américains dans leurs écrits politiques. S’il avait vraiment ouvert les livres politiques de John Dewey, le philosophe britannique y aurait découvert une critique radicale de la conception anglaise du libéralisme et ses homologues allemands une critique non moins radicale des sources germaniques du socialisme d’État. Que cette double critique fût explicitement conduite au nom de l’esprit démocratique aurait également pu ou dû leur faire réviser leurs jugements quant aux liens entre pragmatisme et culture américaine.

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  • L'Humanité- Egalité ! par Pierre Rosanvallon

    Ajoutée le 10 janv. 2016

    Les Agoras de l'Humanité. Écoutez la conférence sur le thème de l'Egalité de Pierre Rosanvallon, professeur d’histoire moderne et contemporaine au Collège de France.

  • La Vie des idées - Le tirage au sort, plus juste que le choix rationnel

    Jon Eslter est philosophe, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire "Rationalité et sciences sociales". Il explique dans cet entretien pourquoi il s'est peu à peu détaché des théories du choix rationnel, pour accorder sa confiance au hasard et au tirage au sort, moins porteur d'injustice lorsque la délibération est manifestement impossible.


    Le tirage au sort, plus juste que le choix... par laviedesidees

  • La Vie des Idées - Épistémologie du capitalisme À propos de : Robert Boyer, Économie politique des capitalismes. Théorie de la régulation et des crises, La Découverte

    Recensé : Robert Boyer, Économie politique des capitalismes. Théorie de la régulation et des crises, Paris, La Découverte, octobre 2015, 384 p., 25€.

    La parution du livre de Robert Boyer, Économie politique des capitalismes, est un événement important pour la réflexion économique [1]. Il résume les avancées de la théorie (ou « école ») de la régulation, qui se déploie depuis maintenant plusieurs décennies. Cette théorie, dont Robert Boyer est un des fondateurs, se veut une synthèse entre l’histoire économique, la pensée marxienne et la pensée keynésienne. Elle propose une approche originale du capitalisme, ne reposant pas sur une seule critique, mais sur une inquiétude : le capitalisme est instable, génère des déséquilibres économiques et sociaux, mais il est pourtant aujourd’hui le système économique dominant sur la planète. Quelles sont les instances de stabilisation, de médiation des conflits ou, en d’autres termes, de régulation des économies de marché ? Comment l’échec de ces mécanismes de stabilisation conduit-il à des crises ? Les différentes formes de déséquilibres économiques actuels (inégalités aux États-Unis, difficulté de rendre compatibles les économies en Europe, suraccumulation du capital en Chine, déstabilisation des pays émergents) montrent la pertinence de cette inquiétude et des recherches régulationnistes.

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  • Qu’est-ce qu’être réaliste ? A propos de : John Bew, Realpolitik. A History, Oxford University Press.

    Les décideurs politiques sont souvent accusés de faire preuve de cynisme dans la conduite des affaires internationales. Pour d’autres, il s’agit seulement de « réalisme ». Mais que recouvre exactement ce terme ? Deux ouvrages récents reviennent sur la genèse des concepts Realpolitk et géopolitique et remettent en cause la dichotomie entre les valeurs et les intérêts.

    Recensés : - John Bew, Realpolitik. A History, Oxford, Oxford University Press, 2016 ;- Olivier Zajec, Nicholas John Spykman. L’invention de la géopolitique américaine, Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2016.
     
    À en croire l’ancien Premier ministre François Fillon, la tragique guerre civile qui meurtrit la Syrie depuis 2011 aurait eu pour effet de faire apparaître au grand jour la radicale divergence entre l’appréhension poutinienne des relations internationales d’une part, et celle qui prévaudrait dans les chancelleries occidentales de l’autre. Alors que « l’Amérique et ses alliés européens se sont drapés dans une posture morale aussi irréprochable qu’inopérante » en refusant d’intervenir militairement contre les jihadistes au prétexte de ne pas renforcer le régime dictatorial de Bachar al-Assad, « une seule puissance a fait preuve de réalisme : la Russie » qui n’a pour sa part pas hésité à envoyer ses chasseurs pilonner les rebelles islamistes, quitte à faire de nombreuses victimes parmi les populations civiles. Sous la plume de l’homme politique français, la référence au « réalisme » russe est clairement connotée positivement, et contraste avec le dédain affiché à l’égard de la « posture » occidentale qui, pour être moralement « irréprochable » sur le papier, n’en serait pas moins totalement « inopérante » sur le terrain 
     
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  • Non Fiction - L’État, une nécessité affective (F.Lordon)

    Avec Imperium, l’économiste Frédéric Lordon, égérie du mouvement Nuit Debout, renoue avec l’essai philosophique et s’attache à se poser la question de ce qui constitue le ciment de nos communautés politiques. Cheminant main dans la main avec Spinoza, il revient sur la constitution des corps politiques qui consacrent le point d’équilibre - le nexus, dirait le philosophe opticien - où se coordonnent et se modèrent les forces antagonistes que sont la convergence et la divergence. Dans un effort de fidélité rigoureuse aux recherches de Spinoza, Frédéric Lordon s’applique à en décliner les catégories au gré de son questionnement sur ce qui définit les communautés politiques, au regard, avant tout, des affects de la multitude : réputés être à l’origine de la formation du pouvoir, ces affects constituants seraient ensuite captés par un appareil bureaucratique qu’on désigne ordinairement du nom d’Etat.

    Dépasser la dichotomie entre dominants et dominés

    Lordon entreprend donc un travail audacieux aspirant à prendre du recul sur ce qu’est le pouvoir, et sur ses effets sur les individus inscrits dans des corps politiques infraétatiques. La considération selon laquelle le pouvoir politique est confisqué par une élite politique (qu’elle soit bureaucratique ou militante) se trouve alors remise dans la perspective du débat primordial agitant la pensée de gauche. A savoir, la passion de l’horizontalité au détriment de la verticalité, perçue comme le facteur essentiel de la captation du pouvoir par une frange de la communauté. C’est pourquoi, l’auteur réifie le concept de « l’imperium » qui peut être défini comme étant la puissance de la multitude sur elle-même. C’est là que se trouve toute la puissance de l’ouvrage : il dépasse la simple dichotomie opposant dominants et dominés. La multitude sécrète son ordre, sa propre normalité, par l’affect de ses membres d’une part, par l’institutionnalisation de cet ordre au gré des époques d’autre part.

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  • Liberté ! par Michèle Riot-Sarcey

    Ajoutée le 9 janv. 2016

    Les Agoras de l'Humanité. Écoutez la conférence sur le thème de la liberté, de Michèle Riot-Sarcey, professeure émérite à Paris-VIII-Saint-Denis, elle a étudié l’histoire intellectuelle du politique, des utopies et des pouvoirs.

  • Le Monde Diplomatique - Réflexion sur « l’islam des Lumières »

    Au fil des siècles, l’islam en tant que religion n’a jamais cessé d’être questionné par des penseurs et théologiens musulmans. L’« ijtihad », ou exégèse novatrice des textes coraniques, est un processus déjà entamé mais qui s’inscrit dans le temps long.

    De manière régulière, au fil des événements tragiques provoqués par les groupes armés se réclamant de l’islamisme politique resurgit le débat sur une nécessaire adaptation de la religion musulmane au monde moderne. Cet aggiornamento contribuerait ainsi à réduire l’influence d’un islamisme politique rétrograde au profit d’une démocratie apaisée et sécularisée. L’hypothèse est alléchante et elle est reprise à l’envi par quelques personnalités de confession ou de culture musulmanes qui se font les hérauts d’un « islam des Lumières », concept séduisant en apparence mais dont le contenu reste à définir au-delà de la simple formule médiatique destinée à se démarquer de l’intégrisme. Cela signifie qu’au-delà des formules incantatoires, il est nécessaire que des théologiens musulmans s’investissent dans une nouvelle exégèse des textes coraniques et cela passe, comme n’a jamais cessé de le répéter l’islamologue et philosophe Mohammed Arkoun (1928-2010), par le « renouvellement de la pensée islamique » (1).

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  • Jean-Marie Harribey - Livres pour l’été (4) : l’économiste post-keynésien Hyman Minsky

    L’économiste Hyman Misnky (1919-1996) fait partie du courant de pensée hétérodoxe appelé post-keynésien. L’un de ses principaux ouvrages « Stabiliser une économie instable », datant de 1986, vient d’être traduit très opportunément par l’Institut Veblen-Les Petits matins. J’en ai donné une présentation dans l’article « Minsky au milieu du gué ? » (dans le n° 10 de la revue Les Possibles, Été 2016). C’est un ouvrage théorique, mais sa densité ni sa longueur ne doivent pas rebuter, car il fait partie des rares ouvrages ayant cherché à comprendre le caractère instable intrinsèque de la finance capitaliste, écrit bien avant que n’éclate la crise de 2007-2008.
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    Minsky au milieu du gué ?

    mardi 28 juin 2016, par Jean-Marie Harribey
     
    Hyman Minsky (1919-1996) est l’un des économistes les plus importants du courant que l’on appelle « postkeynésien ». C’est un courant qui entend retrouver l’essentiel de la pensée de Keynes, parce que celle-ci fut dénaturée par les théoriciens néoclassiques d’après-guerre, tels Hicks, Samuelson ou Solow, qui avaient conçu un projet de « synthèse » impossible entre leur propre corpus et ce qu’ils pensaient assimilable de l’enseignement de Keynes. Les post-keynésiens ne doivent pas être confondus avec les néo-keynésiens – les plus connus sont Krugman et Stiglitz – qui sont critiques vis-à-vis des désastres occasionnés par les politiques néolibérales, mais qui n’ont pas entrepris une refonte théorique comme les postkenésiens. C’est à cette entreprise que s’attaque l’ouvrage déjà ancien de Minsky (1986), enfin traduit en français. Pourquoi, alors, laisse-t-il un goût d’inachevé ?
     
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