La parution du livre de Robert Boyer, Économie politique des capitalismes, est un événement important pour la réflexion économique [1]. Il résume les avancées de la théorie (ou « école ») de la régulation, qui se déploie depuis maintenant plusieurs décennies. Cette théorie, dont Robert Boyer est un des fondateurs, se veut une synthèse entre l’histoire économique, la pensée marxienne et la pensée keynésienne. Elle propose une approche originale du capitalisme, ne reposant pas sur une seule critique, mais sur une inquiétude : le capitalisme est instable, génère des déséquilibres économiques et sociaux, mais il est pourtant aujourd’hui le système économique dominant sur la planète. Quelles sont les instances de stabilisation, de médiation des conflits ou, en d’autres termes, de régulation des économies de marché ? Comment l’échec de ces mécanismes de stabilisation conduit-il à des crises ? Les différentes formes de déséquilibres économiques actuels (inégalités aux États-Unis, difficulté de rendre compatibles les économies en Europe, suraccumulation du capital en Chine, déstabilisation des pays émergents) montrent la pertinence de cette inquiétude et des recherches régulationnistes.
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