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Réflexions - Page 11

  • Libé - Michael Sandel ou la critique de la raison libérale

    Ses cours de philosophie morale à Harvard recueillent des millions de vues sur YouTube et font l’objet d’un livre qui sort en France. Rencontre avec un philosophe star....

    Un prédicateur de l’éthique. Une rock star de la philosophie politique. Ses prêches déconstruisent les évidences du libéralisme consumériste, ses tubes s’inspirent d’Aristote ou de John Rawls qu’il n’hésite pas à contester. Sandel s’est donné une mission : remettre la morale dans le débat public. Et s’il accouche les âmes, c’est à la manière du dialogue socratique. A Harvard comme dans ses livres hyperpédagogiques, la méthode Sandel fait mouche : questionner sur les grands principes d’équité, de citoyenneté, de justice à partir de cas concrets, de débats de société ou de dilemmes ordinaires. Tout en convoquant Bentham, Hume ou Kant. En 2013, l’université de San José va jusqu’à intégrer son cours en ligne «Justice» au programme d’études de l’université, ce qui provoque une fronde des professeurs du département de philosophie qui refusent d’utiliser le MOOC de Sandel (1).

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  • La Vie des Idées - Pour une réforme radicale de la création monétaire par André Grjebine - À propos de : Adair Turner, Between Debt and the Devil, Princeton

    À l’heure où les politiques d’assouplissement quantitatif menées par la plupart des banques centrales, laisse craindre une nouvelle crise financière, l’ouvrage d’Adair Turner ouvre de nouveaux horizons en proposant une réforme radicale de la création monétaire.

    Recensé : Adair Turner, Between Debt and the Devil, Princeton University Press, Princeton et Oxford, 2016. 320 p., $30.
     
    Les banques centrales ont sans doute sauvé l’économie mondiale après la crise de 2008 en injectant massivement de la monnaie dans les économies. Après une phase de freinage plus ou moins longue suivant les pays, elles ont repris une politique d’argent facile pour lutter contre la faiblesse des investissements et de la croissance et éviter que le surendettement provoque une succession de faillites. Ce faisant, elles ont favorisé les placements immobiliers et (ou) spéculatifs. Les entreprises rechignent à investir aussi longtemps que la demande reste insuffisante. Aujourd’hui, cette politique d’argent facile qui a conduit à une liquidité mondiale sans précédent et à un endettement massif des agents économiques privés comme des États est devenu un problème en lui-même.
     
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  • La Vie des Idées - Bourdieu au travail

    À propos de : Maxime Quijoux, dir., Bourdieu et le travail, Presses Universitaires de Rennes

    Maxime Quijoux, 2015, Bourdieu et le travail, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 369 p., 20€.

    Plus de dix ans après la mort de Pierre Bourdieu, en 2002, son œuvre continue à alimenter la discussion scientifique. L’intense actualité éditoriale des trois dernières années le montre : publication de ses cours au Collège de France, bilans théoriques et méthodologiques, retour critique sur La distinction [1], réflexion sur les usages de ses concepts en sociologie économique ou encore sur la place qu’occupe sa sociologie dans les sciences sociales aujourd’hui. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’ouvrage dirigé par Maxime Quijoux.

    À l’origine de cet ouvrage, il y a un constat, celui d’une « double absence » : « le travail dans la sociologie de Bourdieu et Bourdieu dans la sociologie du travail » (p. 15). Autrement dit, la rencontre ne se serait pas produite entre le sociologue français le plus influent de la deuxième moitié du XXe siècle et le domaine de recherche le plus développé de la sociologie en France à la même période. L’intérêt de cet ouvrage est alors double : d’une part, il consiste à chercher dans l’œuvre de Bourdieu les traces d’une analyse du travail et plus largement les réflexions et outils utiles à l’analyse de ses transformations contemporaines. D’autre part, il réunit une série d’illustrations (et parfois de discussions) empiriques des usages récents des concepts élaborés par Bourdieu pour analyser ce qu’il a nommé lui-même la « double vérité », à la fois objective et subjective, du travail [2].

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  • La Vie des Idées - Chiffrer pour évaluer ?

    En produisant une analyse des pressions statistiques qui s’exercent sur les décideurs politiques, le sociologue Olivier Martin montre que ce n’est pas tant la quantification en tant que telle qui pose problème que l’usage qu’en font les différents pouvoirs. Les chiffres peuvent être mis au service d’objectifs démocratiques.

    « Benchmarker, c’est la santé », disait Laurence Parisot, comme le rappellent Isabelle Bruno et Emmanuel Didier dans les premières lignes de leur introduction (p. 8). Benchmarker c’est pratiquer une évaluation systématique des processus, décisions, choix et stratégies, en assujettissant ce qui est produit, décidé, choisi ou envisagé à des mesures quantitatives. C’est également scruter les méthodes et les résultats de la concurrence pour s’en inspirer et chercher à faire mieux : le benchmarkeur décèle les « meilleures pratiques de la concurrence » afin d’améliorer sa propre performance. Cette pratique du management et de la gestion est née dans le monde de l’industrie nord-américaine dans les années 1980, avant de se diffuser dans la plupart des organisations sociales : commerce, industrie, associations, services publics ou parapublics, administrations d’État, collectivités territoriales... jusqu’au plus haut sommet de l’État.

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  • Non Fiction - Pour une meilleure répartition des richesses, avec Philippe Askenazy

    Philippe Askenazy a accepté de répondre à quelques questions pour Nonfiction à propos de son dernier livre, Tous rentiers ! Pour une autre répartition des richesses (Odile Jacob, 224p., 2016).

    Nonfiction.fr : Pour réduire les inégalités, faut-il renouer avec la lutte des classes et votre livre ne cherche-t-il pas à donner à celle-ci un nouveau fondement ?

    Mon propos est plutôt de mettre en évidence que le discours naturaliste sur la productivité de chacun et la rémunération la reflétant ne sert qu'à cacher la réalité crue d'un capitalisme où domine la course à la rente. Et dans cette course, le capital a su tirer son épingle du jeu à travers le renforcement du droit de la propriété dans les trois dernières décennies, et notamment son extension à la connaissance (brevetabilité du vivant...). À l'inverse, au nom de la « modernité », le travail a été affaibli.

    Pour qu'il y ait lutte des classes faut-il encore qu'il existe des consciences de classes. Or seules les élites économiques se voient aujourd'hui comme une classe. Nous sommes loin de pouvoir réaliser un rêve marxiste de lutte des classes ou encore moins d'euthanasier les rentiers. D'où mon titre : autant permettre au travail de retrouver sa « rente ouvrière » , pour reprendre une terminologie néo-classique.

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  • Non Fiction - Revaloriser et réarmer le travail

    Résumé : Limiter le développement de la propriété et revaloriser le travail pour sortir de la déflation.

    Le capitalisme est devenu un capitalisme de rentiers, nous explique dans ce livre Philippe Askenazy  en lien avec le développement de la propriété immobilière, d’une part, de la propriété intellectuelle, d’autre part, et d’une dévalorisation du travail des « moins qualifiés », qui constitue l’un des principaux mécanismes qui vient alimenter les rentes que les plus favorisés tirent des premières.

    De nouvelles rentes et nouveaux rentiers 

    La première partie du livre revient sur les circonstances et les évolutions qui ont permis l’installation d’un tel régime au cours des dernières décennies. 

    Les économies de marché ont connu de profondes transformations. L’effondrement du bloc soviétique, l’affaiblissement des syndicats et la fragmentation du salariat, les vagues technologiques (informatisation, économie de l’Internet et des réseaux, mobilité, Big Data) et la concentration spatiale des activités économiques (en raison de gains d’agglomération toujours plus significatifs) ont généré de nouvelles opportunités de rentes et également remis en cause les « rentes ouvrières » que le travail avait réussi à grappiller.

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  • Non fiction - Malaise dans la démocratie, avec Jean-Pierre Le Goff

    Dans cet ouvrage polémique, Jean-Pierre Le Goff, sociologue et chercheur au CNRS, décrypte le malaise de nos sociétés démocratiques.

    Nonfiction : Une interprétation largement partagée du malaise français souligne avant tout le poids de la mondialisation et du néo-libéralisme dans ses fondements même. Cette interprétation, que vous qualifiez d’« économiste », réduit le malaise démocratique au simple effet de la pesanteur de l’infrastructure économique. À l’inverse, et c’est toute la force de votre ouvrage, vous retournez le problème en invoquant la faiblesse de nos ressources morales, intellectuelles et culturelles qui constituaient des garde-fous contre le libre jeu de la concurrence et l’hégémonie du modèle marchand. Comment expliquez-vous la déroute de ces ressources ?

    JPLG : La déroute de ses ressources ne date pas d’aujourd’hui et est liée au basculement qui s’est produit dans la seconde moitié du XXe siècle. Dans mon livre, je souligne avant tout deux facteurs clé de ce basculement : la « révolution culturelle » des années 1960-1970, plus précisément ce que j’ai appelé l’« héritage impossible » de mai 68, et la fin des Trente glorieuses avec le développement du chômage de masse.

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  • Libé - De la rage sans espoir au martyre : penser la complexité du jihadisme Par Alain Bertho, Professeur d'anthropologie à l'université de Paris-VIII, directeur de la Maison des sciences de l'homme Paris-Nord

    Les experts se déchirent afin de comprendre les phénomènes de radicalisation. Entre les thèses de Gilles Kepel et celles d’Olivier Roy, l’anthropologue Alain Bertho ouvre une troisième voie, évoquant passion religieuse, épuisement du politique et révolte.

    L’hypothèse d’une «islamisation de la radicalité», telle qu’elle a été défendue par Olivier Roy fait polémique. Ayant été le premier à proposer cette analyse, dès le mois de mai 2015, à l’occasion d’un entretien accordé à la revue Regards, publié ensuite sur Mediapart (1), je ne me ferai pas le défenseur acharné de cette formulation. Elle se voulait plus pédagogique que conceptuelle, énonçant un problème plus qu’elle ne le résout. Les querelles de mots peuvent être sans fin. On peut s’y épuiser sans jamais vaincre ni convaincre. Ces querelles signalent d’abord notre difficulté à penser avec des mots anciens la complexité du drame auquel nous faisons face. «Il n’y a pas de mots pour dire…» est le constat récurrent de la sidération devant l’horreur. C’est de ce point qu’il nous faut partir ensemble.

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  • Paul Jorion répond aux questions de Patrick Cohen

    Anthropologue et économiste, célèbre pour avoir notamment anticipé la crise des subprimes en 2007, l'universitaire belge publie "Le dernier qui s'en va éteint la lumière, essai sur l'extinction de l'humanité."
     


    Paul Jorion répond aux questions de Patrick Cohen par franceinter