En produisant une analyse des pressions statistiques qui s’exercent sur les décideurs politiques, le sociologue Olivier Martin montre que ce n’est pas tant la quantification en tant que telle qui pose problème que l’usage qu’en font les différents pouvoirs. Les chiffres peuvent être mis au service d’objectifs démocratiques.
« Benchmarker, c’est la santé », disait Laurence Parisot, comme le rappellent Isabelle Bruno et Emmanuel Didier dans les premières lignes de leur introduction (p. 8). Benchmarker c’est pratiquer une évaluation systématique des processus, décisions, choix et stratégies, en assujettissant ce qui est produit, décidé, choisi ou envisagé à des mesures quantitatives. C’est également scruter les méthodes et les résultats de la concurrence pour s’en inspirer et chercher à faire mieux : le benchmarkeur décèle les « meilleures pratiques de la concurrence » afin d’améliorer sa propre performance. Cette pratique du management et de la gestion est née dans le monde de l’industrie nord-américaine dans les années 1980, avant de se diffuser dans la plupart des organisations sociales : commerce, industrie, associations, services publics ou parapublics, administrations d’État, collectivités territoriales... jusqu’au plus haut sommet de l’État.
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