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Réflexions - Page 13

  • Fondation Jean Jaurès - « Contre les Juifs et les Croisés » : l’arrière-fond complotiste de l’islamisme radical par Rudy Reichstadt

    Synthèse

    A l’instar d’autres idéologies extrémistes, l’islamisme radical entretient avec l’imaginaire du complot des rapports étroits. Non seulement les grandes thématiques complotistes contemporaines sont utilisées comme levier de recrutement par les djihadistes, mais le fantasme d’un « complot contre l’islam » ourdi par une « alliance judéo-croisée » constitue le cœur de leur doctrine, si l’on en juge par les déclarations et écrits de certaines des plus influentes figures de l’islamisme radical, de Sayyid Qutb à Abou Bakr al-Baghdadi en passant par l’ayatollah Khomeini et Oussama Ben Laden.

    La vision obsidionale du monde prônée par les djihadistes fournit en effet sa justification intellectuelle au passage à l’acte terroriste. Mais la théorie du « complot contre l’islam » est ambivalente. Pour Rudy Reichstadt, elle remplit la double fonction d’armer la main des djihadistes tout en les exonérant de la responsabilité de leurs actes en vertu d’un sophisme paranoïaque voulant que le terrorisme, parce qu’il nuit à l’image de l’islam dans le monde, soit nécessairement l’œuvre des ennemis de l’islam.

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  • Chasse aux dogmes économiques Posté par Alain Grandjean

    Pourquoi nos économistes pensent que tout va bien et comment peuvent-ils se tromper à ce point ? [1]

    Le dogmatisme en économie

    L’économie se pare des habits de la science, notamment parce qu’elle manipule des chiffres et peut utiliser une formalisation très poussée. Pour autant elle est déchirée par des querelles entre écoles de pensée et bien incapable de faire des prévisions robustes[2]. Plus gravement de nombreux économistes défendent de fait, sans le dire explicitement, des intérêts sectoriels ou catégoriels[3]. Il serait néanmoins vain de se passer du raisonnement macroéconomique : les réalités qu’il permet d’atteindre ne sont pas accessibles au raisonnement microéconomique, celui qui nous fait oublier les arbres et les poissons dans la parabole de l’Ile de Pâques.

    Difficultés de la science économique

    L’économie en tant que discipline intellectuelle n’est pas née d’hier. Aristote s’intéressait à l’économie. On la fait souvent naître avec Adam Smith et son traité sur la richesse des nations (1776). Elle a acquis une reconnaissance plus grande quand elle a commencé à être mathématisée par Léon Walras à la fin du XIX eme siècle. Parallèlement Louis Bachelier, par sa thèse intitulée Théorie de la spéculation en 1900 (un autre français ! ) a commencé à formaliser mathématiquement le comportement des marchés financiers.

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  • Le Monde - Démilitarisons notre lecture des textes sacrés, Jean-Christophe Attias, historien

    Belles âmes laïques, pieux « a-théologiens », vous pouvez toujours ­rêver. Ce n’est pas demain que l’on expurgera la Bible ni qu’on la mettra au ­pilon. Il va falloir faire avec elle et avec ceux qui croient que Dieu y parle. Or la ­Bible, oui, est le grand livre des massacres. La ­Bible est violente. Ni plus ni moins que la vie. Bien sûr, décrire la violence est une chose. La prescrire et l’exalter en est une autre. C’est précisément là que le bât blesse. Le Dieu de la Bible est une brute. Il aime le sang des batailles. Il aime le sang des sacrifices  : celui des animaux, celui d’Isaac aussi (épargné quand même in ­extremis).

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  • L'Humanité - Roland Gori : « Le néolibéralisme détruit les biens communs et le lien social depuis 40 ans »

    Après les attentats de novembre 2015, le psychanalyste et essayiste* revient sur la nature des groupes terroristes et pose les jalons d'une réponse à une crise de civilisation qui suppose de repenser totalement le monde.
     
    HD. De quoi les groupes terroristes qui ont mené notamment les attentats de novembre en France se nourrissent-ils ?
     
    ROLAND GORI. Ils émergent de la niche écologique d’une crise de civilisation qui s’est développée dès lors que les démocraties libérales ont voulu imposer ce que Pierre Bourdieu a appelé un faux universel, c’est-à-dire une raison du monde qui repose essentiellement sur le droit et les affaires. La prétention de rétablir par la tyrannie et la terreur des valeurs intégristes en matière de religion et de famille correspond à ce que la rationalité, que j’appelle « pratico-formelle » – la raison du droit et celle des affaires –, a laissé de côté : les valeurs traditionnelles de la morale et de la religion. Elles constituent le fonds de commerce d’une propagande à même d’appâter les individus les plus « désaffiliés » de notre société. La précarisation, la prolétarisation des vies, associées à une perte des valeurs, permet à ces mouvements de proposer un « sens », une sorte de prothèse à leur existence et d’esthétiser la mort. C’est frappant de voir comment aujourd’hui plus que jamais ces mouvements qui se veulent religieux, donc en révolte et en réaction contre les logiques de marché et de la technique, se sont euxmêmes saisis des armes (Internet, réseaux sociaux, mise en spectacle des meurtres…) des adversaires qui ont participé à leur enfantement. Cela aboutit à une sorte d’accouplement entre le théofascisme et ce que j’ai appelé le technofascisme. On peut dire de ces mouvements ce qu’Hannah Arendt disait des nazis : ils ont emprunté à la mafia américaine leurs méthodes de terreur et à la publicité hollywoodienne leurs techniques de propagande.
     
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  • Bruno Voisin - L’insécurité culturelle de Laurent Bouvet

    Tout se passe comme si, de scrutin en scrutin, nos politiques allaient de surprise en surprise. Et pourtant, depuis des années que la société française est agitée par des débats qui portent sur son malaise, les échecs de nos gouvernants successifs, de nombreux intellectuels ont tenté un diagnostic. A la lucidité dont ils font preuve, aux portraits qu’ils dressent de notre pays, et qui se complètent utilement, répond le plus souvent le mépris.

    Laurent Bouvet, professeur de sciences-politiques n’a pas échappé à la règle : après avoir dressé dans son dernier ouvrage publié voici quelques mois, le constat accablant d’une « insécurité culturelle » qui serait l’un des facteurs explicatifs de la montée du FN, il n’a pas manqué de se voir accuser de faire le jeu de l’extrême droite. Une fois de plus, lorsque la température monte, certains préfèrent critiquer le thermomètre plutôt que de regarder l’origine du mal. Or, en l’espèce, son analyse démontre de manière limpide que la crise économique est insuffisante pour expliquer l’évolution d’une partie de l’électorat.

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  • Non Fiction : La philanthropie remplacera-t-elle l’État-providence ?

    Résumé : Une étude de l'action de la philanthropie sur la société américaine.

    Cet ouvrage a une double ambition. D’une part, il est descriptif dans sa vocation ethnographique de l’exploration d’un terrain mené auprès d’une fondation philanthropique de Boston ; de l’autre, explicatif dans sa tentative de théorisation des implications sociétales de l’action philanthropique dans une société américaine qui est stratifiée et inégalitaire.

    L’exploration des valeurs sociales présentes aux Etats-Unis dans les représentations associées aux pauvres dans le contexte d’un Etat fédéral est ici essentielle pour saisir la dynamique de la question sociale.
    Ainsi, le volontarisme est la valeur dominante : il combine l’individualisme à une importance conférée au groupe. Traduit dans les termes de l’aide sociale, ceci implique que les individus soient responsables d’eux-mêmes et qu’en même temps ils agissent en faveur de la communauté. Cette dernière est étroitement liée à la question urbaine, où la hiérarchie interne et externe en termes de réputation sociale est omniprésente.
    C’est dans cette articulation précise entre individus pauvres, la communauté confrontée à des difficultés économiques et sociales cumulatives (chômage, ségrégation, incarcération) et  un tissu associatif d’aide que se joue la vocation de la « FRA », Fondation pour le Rêve Américain, étudiée par l’auteur.

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  • Le Monde - La sociologie, ce n’est pas la culture de l’excuse ! Par Frédéric Lebaron, Fanny Jedlicki et Laurent Willemez

    Le Premier ministre, Monsieur Manuel Valls, ne devrait pas parler dans la précipitation : il confond deux verbes simples, « excuser » et « expliquer ». C’est en tout cas ce que laissent penser ses mots, répétés la semaine dernière au Sénat et dans les médias : « J’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé [i.e. les attentats du 13 novembre] » (réponse à une question du sénateur Christian Favier, au Sénat, le jeudi 26 novembre).

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  • Jours tranquilles à Vichy, Par Paul Alliès

    Les résultats obtenus dimanche par le Front National ont suscité une avalanche de commentaires politiques et savants. Leur tonalité dominante est qu’il ne faut pas injurier l’électorat du FN, qu’il faut entendre son message, que son expression est logique (ici, innombrables facteurs explicatifs). Et bien, non.

    Pour beaucoup, la « percée » électorale des fans de Marine Le Pen serait du en bonne part au savoir-faire de celle-ci, à une « dédiabolisation » réussie de son parti. Les électeurs seraient comme aspirés par cette entreprise, presque des victimes. Ne sont-ils pas pauvres, démunis, peu diplômés, inquiets de leur déclassement, etc. ? On ne s’attardera pas sur cette sociologie, souvent paresseuse qui depuis bien longtemps affirme que les ouvriers, les chômeurs, les anciens électeurs communistes (etc.)  forment les gros bataillons des Le Pen. (Pour une bonne synthèse de ce qu’il en est, on lira « Les faux-semblants du Front National. Sociologie d’un parti politique »  édité par S. Crépon, A. Dézé, N. Mayer. aux Presses de Science Po. cette année).

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  • Le Monde Diplomatique - Inventivité sociale et logique du partage : Elinor Ostrom ou la réinvention des biens communs par Hervé Le Crosnier, 15 juin 2012

    Première femme à obtenir un Prix Nobel d’économie (en 2009) pour ses développements sur la théorie des communs (1), Elinor Ostrom est décédée ce mardi 12 juin, à l’âge de 78 ans. Chercheuse politique infatigable et pédagogue ayant à cœur de transmettre aux jeunes générations ses observations et analyses, elle avait, malgré sa maladie, continué son cycle de conférences et la rencontre avec les jeunes chercheurs du domaine des communs au Mexique et en Inde. Récemment encore, elle exprimait son sentiment d’urgence à propos de la conférence Rio+20 qui se déroule actuellement (2). Une conférence durant laquelle le terme de « communs » devient un point de ralliement, jusqu’à figurer dans le titre du « Sommet des Peuples pour la justice sociale et environnementale en défense des biens communs ».

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  • Mediapart - Crise de la “science économique” ? (1/2)

    Par Gaël Giraud, économiste en chef de l’Agence Française de Développement (AFD), directeur de la Chaire Energie et Prospérité, et directeur de recherche au CNRS.

    Plusieurs voix “autorisées” se sont récemment exprimées pour en appeler à une révision fondamentale des modèles utilisés en économie. Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, par exemple, estime que lesdits modèles sont radicalement erronés et qu’il faut tout réécrire[1]. Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International (FMI) déclarait en 2013 qu’il convient de “changer de logiciels d’analyse”[2]. Thomas Piketty[3] enfin, reconnaît que l’analyse qui sous-tend son propre livre ---un best-seller mondial--- est largement à revoir : les “lois fondamentales du capitalisme” sur lesquelles l’ouvrage est construit ne sont pas des “lois”, n’ont pas de caractère fondamental et ne caractérisent pas le capitalisme.

    Il est vrai que de nombreux phénomènes contemporains remettent largement en cause les doctrines économiques conventionnelles. Ainsi, selon l’analyse traditionnelle, le déluge monétaire orchestré par presque toutes les Banques centrales de l’hémisphère nord –la quantité de monnaie émise par les Banques centrales double tous les trois ans en moyenne depuis 2007-- aurait dû provoquer de l’inflation. Rien de tel n’a été observé, au contraire. De même, l’explosion de la dette publique des Etats-Unis (supérieure à 125% du PIB américain) aurait dû induire une hausse des taux d’intérêt auxquels cet Etat emprunte sur les marchés : les taux ont baissé. Ou encore : l’augmentation depuis trois décennies de la part des profits dans le PIB de la plupart des pays industrialisés aurait dû provoquer une augmentation de l’investissement : celui-ci est constamment en baisse depuis lors. Enfin, les programmes d’austérité budgétaire dans les pays du sud de l’Europe auraient dû conduire à un assainissement de leurs finances publiques et donc à une reprise de la croissance : on constate, à l’inverse, que les pays qui sont allés le plus loin dans l’austérité (relativement à leur budget) sont exactement ceux dont le PIB a chuté le plus vite depuis 2008. Quant à l’explosion des inégalités de patrimoine dans les pays riches, elle provient essentiellement des bulles liées aux rentes immobilière et financière, et non pas d’une logique tragique, immanente au capitalisme.

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