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Mes trois billets récents, faisant suite à un billet de janvier 2015 et à trois autres en novembre dernier, exprimaient de sérieux doutes et des critiques, mais pas de rejet. Je fais partie de ceux et celles qui ne sont pas prêts à « signer » parce que le contrat est encore flou et les résultats incertains, mais le débat reste ouvert et important. D’ailleurs le site du MFRB (mouvement français pour un revenu de base) a fait preuve lui aussi d’ouverture en relayant mes billets récents.
Parmi les commentaires reçus, plus un entretien téléphonique stimulant avec Baptiste Mylondo (l’un des bons avocats d’un RB de gauche), je retiens quelques objections et suggestions. J’y réponds en commençant par des questions plus techniques où je resterai bref, et en poursuivant par une question politiquement centrale pour moi.
Les questions techniques portent sur les très nombreuses possibilités de financer le RB. Des commentateurs/trices évoquent ainsi la création monétaire, la taxation des transactions financières (TTF), divers impôts, la « flat tax », etc.
Il faut selon moi financer un éventuel RB par l’impôt progressif et peut-être par des cotisations sociales « récupérées » (la majeure partie des exonérations et déductions actuelles sont inefficaces, sans contrepartie et bien trop coûteuses en termes de création d’emploi), et pas avec la création monétaire ni des taxes spéciales dont la TTF. Je m’en explique très sommairement, cela aussi doit faire partie des débats ouverts.
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Dans Des économistes au-dessus de tout soupçon (Albin Michel, 1990), le premier grand ouvrage de Bernard Maris, on lit un intéressant chapitre consacré au travail, intitulé “Perdre sa vie à la gagner”. Extraits.
L’attaque contre le monde du travail :
L’une des plus insidieuses campagnes de dénigrement de ces dernières années fut celle menée contre le travail.
Non tellement contre la quantité de travail, car de temps immémorial le salarié et le domestique furent paresseux. Mais bien contre le travailleur en lui-même, l’être qui offre sa force et « franchit le seuil de l’entreprise en laissant toute espérance » (Marx).
Jamais le travail ne fut tant calomnié au nom du peu de travail, du privilège d’avoir un travail, de la stabilité du travail, de la sécurité du travail, et divers défauts comme le manque de productivité, de mobilité, de flexibilité, de mérite, d’initiative et même d’humilité : l’ « orgueil mégalomaniaque des mutuelles de salariés », oracle-P-DG Alain Minc dixit très justement, car quiconque a croisé des frénétiques du marteau-piqueur n’a pu qu’être frappé par la suffisance de ces gens-là. » (p. 263)
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Résumé : Les socialistes à la recherche d'un programme économique.
Le livre aurait pu s’appeler « De Léon Blum à François Mitterrand, quel programme économique ? ». Car c’est bien de cela qu’il traite, analysant les évolutions parfois tortueuses à travers lesquelles, près de quatre décennies durant, le Parti socialiste (ou la SFIO , avant lui) a cherché son chemin sur un terrain qui lui était en partie étranger. Car, faute de peser d’un poids suffisant pour accéder seul au pouvoir, il lui fallait trouver des alliés. Mais quels alliés ? Sur sa gauche, en composant avec un Parti communiste puissant pour lequel le maître mot est « nationalisations » ? Ou sur sa droite, pour laquelle le maître mot est « marché » ? Tout le problème est donc de trouver, ou d’inventer, une voie médiane sur le terrain économique. Mais, déchirés entre ces deux pôles, en quelque sorte coincés entre Charybde et Scylla, les socialistes ont du mal à trouver des réponses économiques convaincantes, qui puissent les unir, et non les déchirer. Ce tâtonnement, ces hésitations, ces louvoiements nous sont racontés dans ce livre, issu d’une thèse d’histoire et nourri d’un dépouillement attentif des publications et des archives du PS, mais aussi de certains de ses dirigeants et de nombreux entretiens de témoins. Travail considérable, remarquable, et surtout éclairant sur la façon dont les prises de position économique d’un parti sont en quelque sorte surdéterminées par les alliances politiques conclues ou espérées, et sur les difficultés de trouver une voie médiane entre dirigisme et libéralisme d’une part, entre social et économique d’autre part.
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Collège de France.
Chaire Histoire moderne et contemporaine du politique
Pierre Rosanvallon
La majeure partie des droits des femmes n’aurait pu être acquis sans une loi civile émancipée de l’emprise patriarcale sacralisée au nom de dieu
Au sein des débats sur la laïcité en France, sans cesse renouvelés au gré de l’actualité, le lien entre ce principe et l’égalité des sexes ainsi que la liberté des femmes est la source de maintes controverses, même parmi les défenseurs les plus convaincus de la laïcité. Pourquoi et en quoi la laïcité doit-elle être mise en lien avec l’égalité des sexes et les droits des femmes, se demandent certains. Cela ne servirait-il pas qu’à créer des confusions et à déranger l’application de la laïcité ?
Pour d’autres, introduire la question de la liberté des femmes dans l’approche de la laïcité entraverait une articulation harmonieuse entre laïcité et diversité culturelle. Une telle démarche n’imposerait-elle pas une vision occidentale de la liberté sexuelle ?
Dans le débat féministe, les désaccords à ce sujet vont plus loin. Certains courants reprochent aux féministes laïques d’être animées consciemment ou inconsciemment d’affects et d’ambitions colonialistes et impérialistes envers les peuples venant d’ailleurs. Ce positionnement, clairement formulé dans les débats autour de la loi de 2004 (sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école publique et laïque), renouvelle d’anciennes critiques envers le féminisme à visée universaliste, féminisme prétendument blanc et occidental, qui serait aveugle à la diversité de condition des femmes.
Ces interrogations, divergentes dans leurs buts et contenus, interpellent cependant, chacune à leur manière, le rapport entre le religieux, le politique et les rapports sociaux de sexe au regard de la citoyenneté. Une telle réflexion nous permet aussi d’approfondir les termes du débat sur l’universalité ou non des valeurs démocratiques dont font partie l’égalité des sexes et la liberté des femmes.
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Allocutions de Jean-Marie Schaeffer, Loïc Blondiaux,
Philippe Urfalino et Bernard Manin
Les polémiques récentes autour de l'Observatoire de la laïcité s'attachent d'abord à des symboles. Dans un contexte particulièrement tendu autour de ces questions, il est peut-être temps de revenir aux débats de fond.
Mi-janvier, la charge du Premier ministre à l'encontre du président de l'Observatoire de la laïcité a attiré l’attention des médias sur les oppositions qui existent dans le monde laïque. Manuel Valls avait alors mis en cause Jean-Louis Bianco, principalement pour avoir joint sa signature en novembre dernier à un manifeste contre le terrorisme également soutenu par des associations musulmanes controversées. Le texte avait été initié par l'association, Coexister, qui prône le dialogue interreligieux.
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Alain Finkielkraut, né en France en 1949 dans une famille juive d’origine polonaise, écrivain, philosophe et essayiste français bien connu du grand public, auteur de nombreux ouvrages portant sur la culture, la politique ou la littérature, siége désormais Quai de Conti, au fauteuil numéro 21 de Félicien Marceau. Il a été élu le jeudi 10 avril à l’Académie française au premier tour par 16 voix sur 28, et reçu en séance solennelle sous la Coupole le jeudi 28 janvier 2016 par Pierre Nora.
Son élection avait, on s’en souvient, donné lieu à de nombreux débats et même à d’intenses polémiques, non seulement dans les médias mais également au sein de la vénérable institution. Les Immortels s’étaient divisés en raison des prises de position politiques de l’intéressé : Finkielkraut était-il un « anticonformiste » ou un « réactionnaire » ? Si l’intéressé s’est toujours défendu avec véhémence d’être un « réac » ou même un « néo-réac », il ne s’en est pas moins toujours livré à une critique féroce de ce qu’il appelle lui-même le « progressisme ».
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