Philippe Askenazy a accepté de répondre à quelques questions pour Nonfiction à propos de son dernier livre, Tous rentiers ! Pour une autre répartition des richesses (Odile Jacob, 224p., 2016).
Nonfiction.fr : Pour réduire les inégalités, faut-il renouer avec la lutte des classes et votre livre ne cherche-t-il pas à donner à celle-ci un nouveau fondement ?
Mon propos est plutôt de mettre en évidence que le discours naturaliste sur la productivité de chacun et la rémunération la reflétant ne sert qu'à cacher la réalité crue d'un capitalisme où domine la course à la rente. Et dans cette course, le capital a su tirer son épingle du jeu à travers le renforcement du droit de la propriété dans les trois dernières décennies, et notamment son extension à la connaissance (brevetabilité du vivant...). À l'inverse, au nom de la « modernité », le travail a été affaibli.
Pour qu'il y ait lutte des classes faut-il encore qu'il existe des consciences de classes. Or seules les élites économiques se voient aujourd'hui comme une classe. Nous sommes loin de pouvoir réaliser un rêve marxiste de lutte des classes ou encore moins d'euthanasier les rentiers. D'où mon titre : autant permettre au travail de retrouver sa « rente ouvrière » , pour reprendre une terminologie néo-classique.
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