Les experts se déchirent afin de comprendre les phénomènes de radicalisation. Entre les thèses de Gilles Kepel et celles d’Olivier Roy, l’anthropologue Alain Bertho ouvre une troisième voie, évoquant passion religieuse, épuisement du politique et révolte.
L’hypothèse d’une «islamisation de la radicalité», telle qu’elle a été défendue par Olivier Roy fait polémique. Ayant été le premier à proposer cette analyse, dès le mois de mai 2015, à l’occasion d’un entretien accordé à la revue Regards, publié ensuite sur Mediapart (1), je ne me ferai pas le défenseur acharné de cette formulation. Elle se voulait plus pédagogique que conceptuelle, énonçant un problème plus qu’elle ne le résout. Les querelles de mots peuvent être sans fin. On peut s’y épuiser sans jamais vaincre ni convaincre. Ces querelles signalent d’abord notre difficulté à penser avec des mots anciens la complexité du drame auquel nous faisons face. «Il n’y a pas de mots pour dire…» est le constat récurrent de la sidération devant l’horreur. C’est de ce point qu’il nous faut partir ensemble.
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