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  • Jean-Marie Harribey - Un revenu minimum décent

    La Fondation Terra Nova a présenté le 30 novembre 2016 un rapport « Pour un minimum décent, Contribution à la réforme des minima sociaux », qui vise à fusionner la dizaine de minima sociaux et les remplacer actuels par un revenu minimum décent.

    Le rapport commence par rappeler brièvement l’histoire de la mise en place progressive de ces minima en France, dont la légitimité n’a pas disparu, mais dont la complexité, le manque de lisibilité et l’importance du non-recours appellent une réforme de grande ampleur, sinon le risque de montée de l’hostilité de l’opinion publique à l’égard de l’aide aux plus pauvres grandirait. Le rapport propose ensuite un montant de ce minimum décent et une méthode pour son application.

    Disons-le sans retenue : Terra Nova nous avait pas habitués jusqu’ici à des propositions plus proches du social-libéralisme que du progressisme ; ici, on peut voir une vraie recherche pour une réforme qui, sans plonger dans la radicalité, représenterait néanmoins un pas en avant. L’enjeu est d’autant plus important que le rapport rejette sans hésitation la proposition de revenu d’existence, qualifiée de « trompeuse simplicité ».

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  • Jean-Marie Harribey - Livres pour l’été (5) : sur le travail productif

    Un correspondant sur ce blog avait attiré mon attention sur un livre paru ce printemps dans lequel l’auteur « retournait comme un gant » ma thèse sur le travail productif dans la sphère non marchande. Intrigué, j’ai acheté et lu ce livre de Christophe Darmageat, « Le profit déchiffré, Trois essais d’économie marxiste » (Éditions La ville brûle, Collection « Mouvement réel ». C’est un ouvrage de bonne facture, dans la tradition marxiste très classique. L’auteur consacre une annexe détaillée dans laquelle il critique ma thèse, et qui a été publiée sur le site de Contretemps. Les animateurs de Contretemps ont accepté de publier ma réponse « Les deux espaces de valorisation en tension, Réponse à Christophe Darmangeat ». Le débat n’est donc pas clos pour ébranler les dogmes les mieux établis.

  • Jean-Marie Harribey - Livres pour l’été (4) : l’économiste post-keynésien Hyman Minsky

    L’économiste Hyman Misnky (1919-1996) fait partie du courant de pensée hétérodoxe appelé post-keynésien. L’un de ses principaux ouvrages « Stabiliser une économie instable », datant de 1986, vient d’être traduit très opportunément par l’Institut Veblen-Les Petits matins. J’en ai donné une présentation dans l’article « Minsky au milieu du gué ? » (dans le n° 10 de la revue Les Possibles, Été 2016). C’est un ouvrage théorique, mais sa densité ni sa longueur ne doivent pas rebuter, car il fait partie des rares ouvrages ayant cherché à comprendre le caractère instable intrinsèque de la finance capitaliste, écrit bien avant que n’éclate la crise de 2007-2008.
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    Minsky au milieu du gué ?

    mardi 28 juin 2016, par Jean-Marie Harribey
     
    Hyman Minsky (1919-1996) est l’un des économistes les plus importants du courant que l’on appelle « postkeynésien ». C’est un courant qui entend retrouver l’essentiel de la pensée de Keynes, parce que celle-ci fut dénaturée par les théoriciens néoclassiques d’après-guerre, tels Hicks, Samuelson ou Solow, qui avaient conçu un projet de « synthèse » impossible entre leur propre corpus et ce qu’ils pensaient assimilable de l’enseignement de Keynes. Les post-keynésiens ne doivent pas être confondus avec les néo-keynésiens – les plus connus sont Krugman et Stiglitz – qui sont critiques vis-à-vis des désastres occasionnés par les politiques néolibérales, mais qui n’ont pas entrepris une refonte théorique comme les postkenésiens. C’est à cette entreprise que s’attaque l’ouvrage déjà ancien de Minsky (1986), enfin traduit en français. Pourquoi, alors, laisse-t-il un goût d’inachevé ?
     
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  • Jean-Marie Harribey - Livres pour l’été (6) : sur l’allocation universelle

    Dans l’immensité des publications portant maintenant sur l’allocation universelle, ou revenu d’existence, ou revenu de base inconditionnel, pour la plupart favorables à cette proposition, qu’elle soit exprimée par des théoriciens se classant à gauche ou par ceux se revendiquant du libéralisme, voire du libéralisme libertarien, il y a un petit livre qui, malgré son format de 85 pages, tranche à la fois par l’étendue de la couverture du débat qu’il propose et par son caractère critique. C’est celui de Mateo Alaluf, L’allocation universelle, nouveau label de précarité (Bruxelles-Mons, Couleur livres, 2014). Mateo Alaluf est un sociologue, professeur à la Faculté de philosophie et de sciences sociales de l’Université libre de Bruxelles.

    Du capitalisme au capitalisme

    L’auteur présente d’abord l’origine de l’idée d’un revenu d’existence, qui se situe moins selon lui chez les penseurs sociaux du XIXe siècle que dans le Collectif Charles Fourier qui, dans les années 1980, conçoit l’allocation universelle comme alternative à la régulation keynésienne. Dès le départ apparaît l’opposition entre revenu inconditionnel et minima sociaux.

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  • Jean-Marie Harribey - Livres pour l’été (3) : la dette pour mettre la société en ordre, c’est-à-dire au pas

    Le sociologue Benjamin Lemoine a publié ce printemps L’ordre de la dette, Enquête sur les infortunes de l’État et la prospérité du marché (La Découverte, 2016), un livre qu’aurait dû écrire n’importe quel économiste un peu rigoureux. Hélas pour la profession des économistes, c’est un sociologue qui l’a fait, et c’est tant mieux pour tout le monde. Car il montre à quel point la compréhension de l’économie doit aux autres sciences sociales quand elles sont mobilisées et qu’on ne laisse pas à l’économiste standard le monopole du discours. Il nous propose un livre d’histoire de la financiarisation de l’État français, un livre de sociologie des très hauts fonctionnaires du Trésor public et des banquiers, et un livre d’épistémologie par la défétichisation des comptes publics.

    Benjamin Lemoine commence par raconter comment l’État français est passé d’un financement maîtrisé de ses déficits par le biais du « circuit du Trésor » à un financement obligé sur les marchés financiers. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’État mène la reconstruction. La principale institution au service de celle-ci est le Trésor public. On pense généralement que le Trésor public est une sorte de caissier de l’État qui enregistre ses recettes et ses dépenses. Mais la particularité de l’après-guerre est que l’État a mis en place un « circuit » du Trésor pour être « l’investisseur et le banquier de l’économie nationale » (p. 48). Concrètement, l’État oblige les banques à déposer leur trésorerie sur le compte du Trésor public que celui-ci a à la Banque de France. Ainsi, les banques sont des « correspondants du Trésor » et se voient également contraintes de souscrire aux bons du Trésor en proportion d’un plancher de leurs propres dépôts recueillis auprès de leurs clients. La mise à disposition de ressources pour l’État évolue donc en fonction de la masse monétaire de l’économie nationale.

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  • Jean-Marie Harribey - L’hélicoptère pour un capitalisme hors-sol

    Il fut un temps où la recette keynésienne d’une politique budgétaire couplée avec une politique monétaire en cohérence donnait des résultats dont profitait le capitalisme en lui évitant des soubresauts trop violents. C’était l’époque où les gains de productivité du travail étaient élevés et où les mouvements des capitaux étaient assez strictement encadrés. Le néolibéralisme a fait éclater ce mode de fonctionnement.

    La politique économique d’Ubu

    L’économiste monétariste Milton Friedman, tout en menant son travail de sape contre l’action de l’État, avait cependant compris qu’il fallait éviter la déflation. D’où sa métaphore de la monnaie lâchée par hélicoptère sur les individus qui bénéficieraient ainsi d’une sorte d’impôt négatif, variante de l’allocation universelle. L’idée fut reprise en 2002 par le président de la Réserve fédérale (FED), Ben Bernanke. Puisqu’elle consiste à injecter de la monnaie nouvelle  dans l’économie, l’idée a quelque parenté avec le quantitative easing (assouplissement monétaire) pratiqué depuis la crise de 2007-2008 par la FED, puis par les autres banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE). Sauf que l’hélicoptère actuel des banques centrales est dirigé vers les banques ordinaires et non vers les individus ou les budgets publics. Plutôt que de permettre une impulsion budgétaire honnie, les libéraux, tout en affichant une orthodoxie en matière de politique monétaire, envoient dans les airs l’hélicoptère monétaire.

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  • Jean-Marie Harribey - Bernard Maris et l’écologie : la nature, le travail, la monnaie, la valeur et la richesse

    Une Journée d’études « Hommage à Bernard Maris » a eu lieu à l’Université Paris 8 le 19 mai 2015. Au cour d’une table ronde consacrée à « Bernard Maris, économiste et lecteur de John Maynard Keynes », j’ai présenté la contribution ci-dessous.

    Bernard Maris parle souvent de Keynes comme « le plus grand des économistes »[1], titre qu’il décerne aussi de temps en temps à Marx. Ce n’est pas sans raisons car, notamment, il approuve Keynes quand celui-ci, dans une brève page de la Théorie générale, dit son inclination pour considérer le travail comme le seul facteur de production au sens propre. Pourtant, B. Maris marque quelques hésitations vis-à-vis de la théorie de la valeur-travail, au motif essentiel que l’écologie échapperait à celle-ci. Qu’en est-il ? Autrement dit, comment B. Maris articule-t-il nature, travail monnaie et valeur ?

    Il écrit dans Keynes ou l’économiste citoyen : « S’il fallait choisir trois noms dans l’histoire de la pensée économique, indiscutablement ce seraient Marx pour sa vision du processus d’accumulation et de crise, Walras pour avoir révélé les concepts d’interdépendance des actions et d’équilibre, Keynes pour avoir introduit le déséquilibre, la monnaie et le temps en économie (et leur corollaire : l’incertain). »

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  • Alternatives Economiques, Jean-Marie Harribey - Supprimer 5 jours fériés catholiques et les remplacer par une sixième semaine de congés payés

    La complainte patronale se ravive chaque année au début du mois de mai. Ce mois où les jours fériés sont presque aussi nombreux que les jours pluvieux. Pluvieux pour l’économie. Le Medef, dont les calculettes sont moins performantes que les bouliers d’autrefois, prétend que les deux jours fériés qu’il veut supprimer, rapporteraient 1 milliard de plus au PIB français, soit 100 000 emplois, dixit Thibault Lanxade, vice-président du Medef.

    Chacun voit qu’un tel calcul n’a aucun sens, car il n’inclut pas l’activité qui est générée par les congés supplémentaires, et bien malin est celui qui calculerait le solde des activités et des emplois « perdus » et « gagnés ». D’autant que, si la proposition du Medef était adoptée, on peut supposer que les jours travaillés ne seraient pas rémunérés en plus, donc sans aucun intérêt pour la consommation, c’est-à-dire pour les affaires des entreprises. D’ailleurs, l’INSEE et l’OFCE estiment l’impact des jours fériés bien moindre : environ 0,06 % de PIB pour un jour, soit environ 1,250 milliard d’euros.

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  • Jean-Marie Harribey - Amortir le capital vite, c’est bien ; amortir plus que le capital, c’est encore mieux !

    Il fallait y penser. L’imagination des spécialistes de la défiscalisation des profits des entreprises, toujours prêts à devancer les désirs du Medef, n’a d’égale que celle des financiers inventant tous les jours de nouveaux produits sur les marchés. Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé le 8 avril 2015 la mise en place d’un dispositif d’aide à l’investissement des entreprises, qui devrait être inséré dans une deuxième loi Macron cet été ou dans la loi de finances 2016. Il prévoit d’accorder un nouvel avantage fiscal au titre des investissements qui seraient réalisés entre le 15 avril 2015 et le 15 avril 2016. Cet avantage consisterait à permettre d’amortir les investissements de 40 % de plus que leur valeur.

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  • Jean-Marie Harribey - L’hétérodoxie économique dans tous ses états (2) Le découplage absolu entre production et consommation de ressources est impossible

    En fin d’année 2014 et au début 2015, plusieurs ouvrages ont apporté leur contribution à l’analyse de la crise, à la fois dans sa dimension écologique et dans la capacité hypothétique du capitalisme à relancer une croissance économique durable.

     

    Le livre de Thierry Caminel, Philippe Frémeaux, Gaël Giraud, Aurore Lalucq et Philippe Roman, Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage ? (Les Petits matins, Institut Veblen, 2014), présente l’état des connaissances sur la liaison entre la croissance de la production et celle de l’utilisation de ressources (énergie, matières premières) ainsi que celle des émissions de polluants. Le constat connu est confirmé par les auteurs. Il y a au mieux un petit découplage relatif, sur lequel on aurait tort de trop miser pour l’avenir.

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  • Jean-Marie Harribey - L’hétérodoxie économique dans tous ses états (1) La dette enfle et la finance engloutit la nature

     

     

    Je commence une série de comptes rendus de visionnages et de lectures. Crise de la dette et crise écologique sont au programme. Les présenter en suivant se justifie car, outre le fait que beaucoup de problèmes sont liés entre eux, leurs auteurs se prévalent d’une vision critique. Leur travail n’en revêt que plus d’importance. Mais ils méritent eux aussi d’être discutés. J’aborde d’abord deux documentaires qu’Arte a diffusés récemment et qui méritaient d’être regardés. « La dette, une spirale infernale » de Laure Dessalle, et « Nature, nouvel eldorado de la finance » de Sandrine Feydel et Denis Delestrac donnent à voir un paysage différent de celui qui nous est quotidiennement présenté par des médias ressassant la litanie des marchés financiers. De ces films, on attend beaucoup, mais on ressort dubitatif sur la profondeur de l’hétérodoxie revendiquée par les réalisateurs. Pourquoi ?

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