Au fil des siècles, l’islam en tant que religion n’a jamais cessé d’être questionné par des penseurs et théologiens musulmans. L’« ijtihad », ou exégèse novatrice des textes coraniques, est un processus déjà entamé mais qui s’inscrit dans le temps long.
De manière régulière, au fil des événements tragiques provoqués par les groupes armés se réclamant de l’islamisme politique resurgit le débat sur une nécessaire adaptation de la religion musulmane au monde moderne. Cet aggiornamento contribuerait ainsi à réduire l’influence d’un islamisme politique rétrograde au profit d’une démocratie apaisée et sécularisée. L’hypothèse est alléchante et elle est reprise à l’envi par quelques personnalités de confession ou de culture musulmanes qui se font les hérauts d’un « islam des Lumières », concept séduisant en apparence mais dont le contenu reste à définir au-delà de la simple formule médiatique destinée à se démarquer de l’intégrisme. Cela signifie qu’au-delà des formules incantatoires, il est nécessaire que des théologiens musulmans s’investissent dans une nouvelle exégèse des textes coraniques et cela passe, comme n’a jamais cessé de le répéter l’islamologue et philosophe Mohammed Arkoun (1928-2010), par le « renouvellement de la pensée islamique » (1).
Lire la suite
_______________________
_______________________