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Réflexions - Page 23

  • Jean Gadrey - Que pourrait-on faire, en théorie, en instaurant un revenu maximum après impôts de 4.680 euros pour un couple ?

    Cette question m’a été posée, sous une forme voisine, par un ami qui aime pousser les raisonnements assez loin. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle est parfaitement utopique dans le contexte actuel. Parmi les avocats d’un RMA (revenu maximum admissible) presque personne n’envisage un maximum « aussi bas » (bien qu’en son temps Platon ait recommandé un écart de revenu maximum de un à quatre…). Mais l’exercice intellectuel n’est pas dénué d’intérêt pour prendre conscience de l’énormité des enjeux de la répartition des revenus et de ce qu’on pourrait faire, au moins sur le papier, sans avoir besoin d’évoquer la croissance.

    J’ai fait le choix de raisonner en « niveaux de vie », c’est-à-dire sur la base non pas des revenus par individu mais en tenant compte de la composition des « ménages ». Techniquement, l’Insee considère qu’une personne seule vivant avec 1000 euros par mois a le même niveau de vie que deux personnes vivant en couple avec 1.500 euros, ou qu’une famille de deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans vivant avec 2.100 euros. Cette convention des « unités de compte » (UC) se discute, mais les autres aussi. Elle me semble acceptable pour cet exercice, et d’ailleurs je n’ai pas vraiment le choix vu les données disponibles.

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  • La Vie des Idées - Aux urnes, financiers !

    Ce que la crise a révélé, dit W. Streeck, c’est le divorce consommé de longue main entre la démocratie et le capitalisme. Ce dernier s’est tourné depuis les années 1980 vers les marchés financiers et l’endettement n’a fait que masquer le plus longtemps possible la rupture. Seule issue, selon l’auteur de ce noir diagnostic : la sortie de l’euro.

    Recensé : Wolfgang Streeck, Du temps acheté. La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, Paris, Gallimard, traduit de l’allemand par Frédéric Joly, 2014 [2013], 400 p., 29 €.

    Qui décide en démocratie ? Le peuple, aimerait-on croire. Les marchés, se désespèrent les adversaires des politiques d’austérité. C’est à l’aune de cette opposition qu’a souvent été lue, dans la presse, l’élection récente de Syriza en Grèce, comme un test grandeur nature du conflit politique qui divise l’Europe depuis 2010, avant les prochaines élections à venir en Espagne à l’automne 2015. Soit la démocratie l’emportera, soit le règne des marchés triomphera. Aussi tranchée et caricaturale soit-elle, cette analyse résume assez bien l’ambiance du moment, faite de résignation politique et de révolte qui gronde. Pour le sociologue allemand Wolfgang Streeck, auteur de nombreux ouvrages sur le capitalisme et les institutions, cette confrontation est le résultat logique et sans surprise d’une crise commencée dans les années 1970, lorsque capitalisme et démocratie ont cessé de faire route ensemble. Le choc de 2008 est donc moins un point de départ que le révélateur d’un déséquilibre structurel entre les revendications démocratiques et les impératifs des marchés. Pendant trente ans, divers subterfuges ont artificiellement fait croire à leur possible union, jusqu’à ce que les masques tombent : capitalisme et démocratie sont parvenus à un tel point de contradiction que tout espoir de les concilier serait désormais vain.

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  • Marianne, Joseph Macé-Scaron - Emmanuel Todd, intellectuel zombie

    Le livre d'Emmanuel Todd, sous le paravent fallacieux de la critique du "néorépublicanisme" et de ce qu'il nomme le "laïcisme radical", est une tentative assez inédite de délégitimer, de flétrir et de diffamer le 11 janvier 2015, ce sursaut citoyen et populaire. On a hâte de connaître le nom de son fournisseur..

    S'il est vrai que l'on a les intellectuels que l'on mérite, la France de 2015 a de quoi s'inquiéter. Le péan entonné par la médiasphère à la gloire du nouveau libelle* d'Emmanuel Todd en est la preuve. Le grand chelem médiatique a été offert à ce « savant » qui nous explique, chiffres, courbes, diagrammes et cartes à l'appui, que défendre la République, c'est, somme toute, être raciste et n'avoir pour toute référence que les Maurras, Déroulède et Xavier Vallat du nationalisme intégral.

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  • La Vie des Idées - Pourquoi considérer le décrochage scolaire comme un problème ? par Pierre-Yves Bernard

    Le décrochage scolaire est une notion d’autant plus utilisée qu’il est difficile de lui donner un contenu. Le sociologue Pierre-Yves Bernard rappelle le contexte et les origines de cette notion. Il rappelle également comment les pouvoirs politiques ont souhaité traiter cette question.

    Poser aujourd’hui cette question pourrait être considéré comme une provocation. En effet, le décrochage scolaire est devenu en quelques années seulement la principale désignation des problèmes du système éducatif en France. Il semble résumer l’ensemble des manquements de l’école à ses missions. Médias et responsables politiques utilisent de plus en plus le terme « décrocheurs » pour désigner tout à la fois des victimes de l’échec scolaire, des jeunes désocialisés, de futurs chômeurs ou délinquants, voire de possibles terroristes. Pourtant, si on considère le décrochage scolaire comme l’inachèvement d’une scolarité secondaire complète, force est de considérer que le problème ainsi identifié a connu une ampleur bien plus importante par le passé et qu’il diminue tendanciellement dans le temps. En 1980, 39 % des jeunes sortaient de l’école sans diplôme ou avec le seul brevet. Ils sont 16 % en 2009, ce qui est certes beaucoup, mais vraisemblablement amené à diminuer encore, comme l’indiquent les dernières données statistiques sur la question (Le Rhun & Dubois, 2013). Pourquoi le décrochage scolaire n’était-il pas un problème dans les années 1980 en France ? En quoi est-il aujourd’hui un problème ? Que doit-on attendre d’une action publique dans ce domaine ?

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  • Jean Gadrey - Le groupe d’experts de la commission européenne chargé de l’évasion fiscale est trusté par… HSBC, Barclays et KPMG, champions de l’évasion !

    Ils sont trop forts à la Commission. Imaginez un groupe d’experts chargé de lutter contre l’argent sale qui serait trusté par la maffia. On doit à l’excellent « Corporate Europe Observatory » (visitez leur site, mais c’est en anglais) une analyse de la composition du groupe d’experts récemment mis en place par la Commission afin de la conseiller en matière de « politique fiscale », y compris, au moins dans l’affichage, pour freiner l’évasion fiscale, notamment par la transmission automatique de données. Affichage louable, mais la suite prouve que c’est juste du « tax washing ».

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  • Fondation Jean Jaurès - Janvier 2015 : le catalyseur par Jérôme Fourquet, Alain Mergier

    Quel est l’impact des attentats de janvier 2015 sur les milieux populaires ? Ont-ils modifié leur attrait pour le Front national ? Une enquête approfondie donne des résultats politiquement inquiétants : nous sommes à un moment historique de formalisation de l’idéologie populiste, incarnée par le FN.

    Synthèse :

    Dans cet essai, Jérôme Fourquet et Alain Mergier cherchent à analyser les conséquences des événements survenus début janvier 2015 sur l’opinion des milieux populaires. Sur le coup, deux hypothèses ont été formulées par différents commentateurs. La première consiste à penser que les attentats ont profité au Front national en rendant ce parti plus attrayant encore. La seconde hypothèse réfute la première en mettant en avant le fait que les grandes marches républicaines du 10 et 11 janvier dernier sont la preuve d’une unité nationale qui refuse de se laisser tenter par les extrêmes. L’étude, à la fois qualitative et quantitative, démontre qu’aucun de ces scénarios ne correspond à ce qui s’est réellement produit.

    Ce travail a été réalisé à partir d’entretiens qualitatifs, réalisés auprès de personnes appartenant aux milieux populaires ayant déjà voté pour le FN ou envisageant de le faire, et de données quantitatives issues de sondages d’opinion.

    En apparence, l’opinion publique demeure relativement stable après les attentats sur différentes thématiques : les Français ne sont pas plus bellicistes qu’avant, leur perception de la communauté musulmane et de l’immigration reste inchangée. Cependant, l’opinion demeure très sévère vis-à-vis de l’Islam. Par ailleurs, force est de constater que les marches républicaines, bien que très impressionnantes, n’ont pas fait consensus. En effet, la mobilisation varie fortement d’une région à l’autre. Celle-ci a été beaucoup moins forte dans les régions où le vote FN s’avère conséquent et dans celles où en 2005 le vote contre le projet de traité constitutionnel européen était majoritaire.

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  • Mediapart - Michel Bauwens : «Vers une économie post-capitaliste»


    Michel Bauwens : «Vers une économie post... par Mediapart

  • Jean Gadrey - Piketty/Lordon : un débat d’une exceptionnelle qualité

    Je viens de visionner ce débat télévisé du 17 avril (lien) et, bien qu’il dure 1h30, je le recommande très vivement. Il y est question du capital, du capitalisme et de sa « correction », régulation ou dépassement. Il mériterait une retranscription. Je me contenterai de premières impressions de spectateur.

    J’ai eu dans le passé plusieurs occasions de rencontres et de débats en direct avec l’un et l’autre des deux protagonistes, y compris, il y a longtemps, dans un séminaire académique, comme « discutant » du gros pavé antérieur de Piketty, « Les hauts revenus en France au 20ème siècle », publié en 2001. Une œuvre impressionnante dont j’avais rendu compte dans un article publié par Le Monde le 21 septembre 2001 sous le titre « Piketty, la gauche et l’impôt ». Vous pouvez le lire… sur le site de Thomas Piketty, via ce lien. En voici la conclusion, qui me semble toujours d’actualité : « Laurent Fabius pensait que la gauche risquait de perdre les élections [celles de 2002] à cause de l’impôt. En un sens, il avait raison. Elle court le risque de les perdre à cause des réductions d’impôts et de la réduction corrélative des marges de l’action publique en faveur des véritables classes moyennes et des ménages pauvres et modestes : 50 % des foyers vivent avec des revenus mensuels inférieurs à 8 200 francs, et ce sont eux qui ont le plus besoin de l’intervention publique, de politiques de l’emploi, de protection sociale et de services publics correcteurs d’inégalités ». Je n’ai pas besoin de vous rappeler le résultat des élections de 2002, qui risque, les mêmes causes (en pire) produisant les mêmes effets, de se reproduire (en pire) dans deux ans.

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  • Telos - L’économie collaborative ou la confiance à tous les étages, Monique Dagnaud

    Rachel Bostman, égérie de l’économie collaborative, affirme à son propos : « La confiance sera la nouvelle monnaie de XXIe siècle ». Ce faisant, elle désigne une singularité des sociétés occidentales. Alors que celles-ci sont confrontées à une défiance majeure à l’égard des institutions et des entreprises, alors que les individus inclinent à n’accorder leur confiance qu’à des proches, un nombre croissant d’entre eux donne tout crédit à de parfaits inconnus rencontrés sur des plateformes numériques. En 2014, selon une enquête de 60 millions de consommateurs, 41% des Français ont recours, souvent ou assez souvent, à de la consommation collaborative : par exemple 41% connaissent le site Blablacar et 14% l’ont déjà pratiqué. Ce modèle économique a le vent en poupe. Quel sens donner à cet engouement?

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  • Libé - Le choix d'un collège plus juste Patrick BLOCHE Président de la Commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale

    La nouvelle organisation du collège, proposée par la ministre de l'Education nationale, élargit l’accès à des dispositifs actuellement réservés à une minorité.

     

     

    Au fronton de toutes les écoles françaises, la devise de la République – Liberté, Egalité, Fraternité – s’affiche fièrement. Mais à chaque tentative de faire évoluer les politiques publiques vers plus d’égalité, les défenseurs acharnés d’un immobilisme qui ne protège que ceux qui profitent du système montent au créneau et manifestent bruyamment pour la défense des avantages de quelques-uns.

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  • Jean Gadrey - Le « Nobel » et les licenciements : un argument d’autorité pour défendre quelle cause ? (billet invité)

    Ce texte m’a été envoyé par Nicolas Bouleau, professeur d’histoire des sciences à l’université Paris-Est, qui tient lui aussi un blog plus « épistémologique ». Je le remercie et j’apprécie beaucoup. Voici le texte.

    Je suis assez choqué par l’usage médiatique que fait Jean Tirole de son « Nobel ». Particulièrement dans cet article (Pour un Jobs Act à la française écrit avec une quinzaine de collègues dans Les Echos de lundi dernier.

    Bien enveloppée de respectabilité économique, la thèse est que pour atteindre l’objectif de faire descendre le chômage de 10% à 7%, « il faut une réforme profonde du marché du travail qui favorise les créations d’emplois en sécurisant les conditions de rupture du contrat de travail », et pour cela ces messieurs préconisent notamment d’« accélérer la baisse du coût du travail au niveau des bas salaires », etc.

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