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Réflexions - Page 20

  • La Vie des Idées : Les cloisons de l’ascenseur social

    À travers une enquête sur la réussite scolaire des jeunes de classes populaires, Paul Pasquali offre une réflexion sur l’ascension sociale. Au delà de la diversité des parcours de celles et ceux qui ont rompus avec leur milieu, il propose une critique d’un enseignement supérieur cloisonné, si ce n’est fermé.

    Recensé : Paul Pasquali, Passer les frontières sociales, Comment les filières d’élite ouvrent leurs portes, Fayard, 2014. 464 p., 24 €.

    L’introduction de l’ouvrage de Paul Pasquali [1] accroche le lecteur avec une notice du dictionnaire autobiographique du sémiologue et critique littéraire Gérard Genette, intitulée « Boursier » [2]. Elle donne bien la visée et tonalité de l’ouvrage : saisir au plus près les expériences ambivalentes des hommes et des femmes issus de familles populaires qui ont changé de milieu social en accédant aux « filières de l’élite ».

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  • Le Monde - Un accord sur le climat utile à Paris, mais sans les théoriciens Par Dominique Finon (Directeur de recherche CNRS émérite)

    « La théorie a dit » qu’il faut un prix du carbone qui soit mondial pour faire des choix rationnels et efficaces. « La théorie a dit » que la solution la plus efficiente pour cela repose sur un système d’engagements contraignants et de quotas d’émissions échangeables entre pays, dans lequel tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, doivent s’engager.

    Voilà ce que viennent de laisser entendre deux économistes de très grande renommée dans une tribune récente du Monde, et dans un manifeste « pour un accord ambitieux et crédible à Paris » qu’ils cherchent à faire signer à plusieurs par de nombreux économistes (« Pour un accord efficace sur le climat », par Christian Gollier et Jean Tirole).

    Bien sûr leur proposition est plus large : le prix mondial ne serait possible que s’il est assorti de compensations, sous forme d’allocation de quotas gratuits aux pays en développement pour organiser des flux financiers vers eux, et rendre l’accord acceptable. Mais ces auteurs laissent courageusement les politiques définir le niveau des quotas par pays et des allocations gratuites, ce qui, somme toute, permet de présenter une solution élégante qui ne tient aucun compte de l’échec des vingt dernières années des engagements du protocole de Kyoto.

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  • Non Fiction : Libérer l'égalité du marché

    Résumé : Un livre important que doivent lire tous ceux que les conditions de l’égalité préoccupent.

    Cet ouvrage, fruit de nombreuses années de réflexion, est rigoureusement indispensable pour ceux que les questions de genre, de diversité, et, plus généralement, celles des conditions de l’égalité, préoccupent. Réjane Sénac défend, avec conviction et un immense savoir, des thèses fortes qui doivent être attentivement examinées.

    Ruse de la raison néolibérale

    Si l’égalité est une valeur républicaine, consacrée par le droit, la réalité empirique est bien différente. L’auteure dévoile, derrière les bonnes intentions apparentes, ce qu’elle nomme opportunément la ruse de la raison néolibérale. Ainsi la promotion de la parité et de la diversité est analysée comme un processus de marchandisation de l’égalité. En d’autres termes, ce qui est valorisé c’est, comme l’écrit l’auteure, une « égalité sous conditions de performance de la différence ». Les politiques d’inclusion au nom de la richesse des différences ne remettent donc pas en cause le rôle central que joue la complémentarité sexuée et racialisée dans l’ordre politique. On comprend aisément la radicalité de cette approche.

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  • Non Fiction : Le sport au-delà des illusions

    Résumé : Patrick Vassort lève le voile sur la face sombre du sport et se penche sur l’impact physique et psychique de sa pratique intensive, sans oublier celui des institutions sportives, lourdement incriminées.

    Dès le titre, Patrick Vassort plante le décor sombre qui encadrera le cheminement d’un récit levant le voile sur un thème globalement omis du discours des institutions sportives, souffrant de l’absence cruelle d’étude approfondie sur le sujet et – malgré les notes de bas de page faisant référence à quelques titres de presse, sportifs ou non – trop peu traité par les médias. L’intitulé du livre est d’ailleurs inspiré d’Erich Fromm qui publiait en 1975, La passion de détruire. Anatomie de la destructivité humaine, dans lequel le psychanalyste articulait une réflexion autour de la cruauté et le désir de destructivité qui habitent l’être humain. Dans la même veine que les travaux de Jean-Pierre de Mondenard, Marc Perelman, Jean-Marie Brohm, Pierre Ballester  ou de ses précédents ouvrages tels que CIO, FIFA : le sport mortifèreSexe, drogue et mafias. Sociologie de la violence sportive et Le sport contre la société, Patrick Vassort poursuit sa démarche entreprise en 1999 avec la première édition de Football et politique, sociologie historique d’une domination. Dans Le sport ou la passion de détruire, l'auteur dénonce l’influence, la surpuissance et l’immunité des institutions sportives. La preuve en est, il aura fallu attendre le témoignage d’une taupe pour mettre à mal l’hégémonie de la FIFA, institution soupçonnée de corruption depuis des décennies. Patrick Vassort, maître de conférences à l’université de Caen, explore ici les obscures coulisses du sport qui regorgent d’histoires tragiques, de faits divers et de destins précocement détruits.

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  • Fiscalité des ménages et des entreprises : quels débats pour quels choix politiques ? par Henri Sterdyniak et Vincent Touzé

    La forte augmentation de la fiscalité entre 2010 et 2013 (hausse de 3 points du taux de prélèvements obligatoires) a fait que la France occupe aujourd’hui le deuxième rang mondial en termes de taux de prélèvements obligatoires derrière le Danemark, après avoir occupé la quatrième place. Un tel niveau d’imposition doit être économiquement soutenable et socialement accepté : les dépenses publiques doivent être efficaces ; la fiscalité doit être juste et transparente. Reste que ce niveau de prélèvements est difficile à maintenir dans  une économie ouverte où la tentation et les possibilités d’exil fiscal sont importantes pour les ménages les plus riches comme pour les grandes entreprises.

    Cette hausse de la pression fiscale a rapproché la fiscalité des revenus du capital de celle des revenus du travail ; elle a permis la suppression de nombreuses niches fiscales ou sociales injustifiés. Elle n’en a pas moins provoqué de nombreux mouvements de protestation, tant pour réagir à la taxation des dirigeants d’entreprises (le mouvement « Les pigeons ») qu’à la mise en place d’une fiscalité plus verte (actions contre l’écotaxe).

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  • Paul Alliès - Grèce : la mise en échec du théorème de Prodi

     

    Le recours au référendum décidé par le gouvernement grec marque la fin d’un cycle de dépolitisation de l’Union Européenne que le projet de « Traité Constitutionnel » avait voulu rendre définitif, nonobstant son rejet populaire.

    Je cède pour une fois au vice de l’auto-citation :

    « L’Europe réalise la vieille utopie des libéraux les plus radicaux : soustraire la décision économique au pouvoir du législateur ; placer l’économie hors de portée de la responsabilité politique ; diviser le pouvoir en organes fortement indépendants les uns des autres ; rendre difficile et aléatoire le contrôle démocratique des institutions issues du suffrage universel. Sera ainsi achevé le système que saluait déjà Romano Prodi lors de son investiture en décembre 1999 devant le Parlement de Strasbourg : « L’action menée au niveau européen permet d’éviter les pressions directes des cycles électoraux nationaux ». Cet aveu ne fait qu’exprimer la défiance si répandue parmi les « experts » vis-à-vis des gouvernements toujours virtuellement démagogues alors que les comités, agences et règles de l’Union seraient l’expression de la raison et du bien public européen. Y déroger ou les critiquer serait toujours préférer le chaos aux avancées de la construction communautaire. Le plus effarant est qu’il se trouve une « gauche modérée » dont Blair est la figure de proue qui accepte silencieusement cette dépolitisation de l’économie alors que le problème de l’heure est de mettre un terme à la liberté absolue du capital.

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  • OFCE : L’éternel débat sur le « modèle » allemand

    19 juin 2015

    par Christophe Blot, Odile Chagny et Sabine Le Bayon

     Le modèle économique et social allemand suscite bien souvent les passions dans le débat économique français. Les regards portés sur notre voisin oscillent entre une vision panégyrique et la critique d’un modèle supposé mercantiliste qui conduirait l’Europe à l’abîme. Mais qu’est-ce qu’un modèle économique et social ? Il s’agit d’une notion complexe qui ne peut se réduire à quelques chiffres ou quelques décisions de politiques économiques. Un modèle est la résultante d’institutions, d’une histoire économique et sociale. Dans un ouvrage paru récemment, nous proposons une analyse des évolutions récentes et des transformations qu’a connues l’Allemagne au cours des dernières décennies. Comprendre la situation présente et les positions allemandes dans le débat de politique économique nécessite un examen de l’histoire économique et sociale récente, des contraintes auxquelles le pays a fait face et des défis qui émergent pour demain. Notre objectif est d’améliorer notre compréhension du modèle allemand en insistant notamment sur les similitudes et les différences de ce modèle avec celui de la France. Et puisque notre voisin tient une place importante dans le débat public, il nous semble nécessaire non pas de réfléchir à la transposition de telle ou telle réforme, de reproduire telle ou telle caractéristique, mais d’expliciter l’inhérente complexité d’un pays. C’est la condition indispensable pour éclairer le débat politique, économique et social.

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  • Non Fiction - L’avenir de l’homme est-il automatique ? (Bernard Stiegler)

    Résumé : Une analyse philosophique de l’automatisation des sociétés modernes et des enjeux d’un changement économique, politique et culturel radical.

    Tandis que les politiques ne cessent de promettre, en la recherchant dans l’avenir proche, une baisse du chômage afin de retrouver le plein emploi, Bernard Stiegler dénonce cette perverse illusion. C’est sur ce paradoxe flagrant et pourtant occulté dans les discours politiques, que le philosophe français débute le premier tome de son dernier ouvrage, explicitement intitulé La société automatique ; L’Avenir du travail. Car en effet, comment peut-on promettre le retour du plein emploi dans une société dont l’automatisation totalisante conduit inévitablement à la suppression d’un nombre conséquent d’emplois à l’avenir ? Reprenant la déclaration de Bill Gates à Washington le 13 mars 2014, Stiegler semble confirmer « qu’avec la software substitution, c’est-à-dire avec la généralisation des robots logiques et algorithmiques pilotant des robots physiques […], l’emploi allait drastiquement diminuer au cours des vingt prochaines années, au point de devenir une situation exceptionnelle » .

    Certains auraient pu feinter d’ignorer cette théorie si celle-ci n’était parvenue en France via de multiples analyses et relais médiatiques, notamment à travers Le Journal du dimanche, qui en octobre 2014, suite à une étude établie par le cabinet Roland Berger, prédisait «  la destruction d’ici à 2025 de trois millions d’emplois touchant tout autant les classes moyennes, les emplois d’encadrement et les professions libérales que les métiers manuels ».

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  • Non Fiction : Gardien d'immeuble en cité HLM

    Résumé : Jean-François Laé conduit une enquête sous forme de conversations et d’observations glanées lors de rencontres avec les gardiens d’une cité de banlieue parisienne : que voient-ils et qu’acceptent-ils de dire de la vie en cité ? 

    En toile de fond, une intrigue sociale en 10 chapitres courts : les discours sur la rénovation urbaine voileraient une réalité plus sombre. Jean-François Laé formule ses hypothèses « sur la route » d’un texte simple, sans vocabulaire technique ni référence théorique ostentatoire. A ses côtés, le lecteur chemine et expérimente une manière d’enquêter, s’étonne des matériaux possibles à mobiliser. Pas de dictaphone, d’entretiens programmés : rien d’encombrant entre lui et les enquêtés. En racontant les gardiens, c’est aussi une conception de la recherche que raconte l’auteur.

    Décembre 2013. Banlieue parisienne, Stains, cité Albert. Une cité HLM comme les autres : dans les années 1960 elle devait durer le temps de la transition vers la résidence en pavillons. Qu’en est-il 60 ans plus tard ? Au mieux, elle est réhabilitée, rénovée. Comme analyseur de ces cités, l’auteur s’attache au travail des gardiens et attend de leurs pratiques qu’elles éclairent le lecteur. Des gardiens qui ne cessent de mettre en ordre, là où d’autres désordonnent. Enquêter, trouver les coupables, les moraliser : les locataires dégraderaient-ils leur propre cité ? Conjointement, le gardien se fait représentant des nouveaux logements HLM afin d’attirer de nouveaux occupants. Pour changer l’image extérieure de la cité, les problèmes d’incivilité s’effacent du discours au profit de l’amélioration du cadre de vie. Les gardiens proviennent eux-mêmes pour la plupart de la banque, des assurances… Recrutés à bac +2, souvent après une période de chômage, les HLM alimentent leur enthousiasme ; logement de fonction, horaires de travail. Laé précise tout de même que si la cité est « bénie par ceux qui ont une paie à la fin du mois, elle est maudite par ceux qui sont attachés à l’Etat social ». Pour lui, la rénovation n’est pas une réponse à la désindustrialisation : dans la cité embellie, les pauvres restent pauvres.

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  • Libé - Thomas Piketty: «On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond. Pas de cette improvisation permanente»

    C'EST QUOI UNE ÉCONOMIE DE GAUCHE ? (1/7)

    L'économiste lance notre série d'interview et débats sur la politique économique.

    Avec son livre le Capital au XXIe siècle (le Seuil, 2013) vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde, Thomas Piketty est devenu une star planétaire de l’économie (1). Classé à gauche, il a conseillé des candidats socialistes à la présidentielle, donne un coup de main à Podemos… Dans son petit bureau de Normale supérieure situé aux portes de Paris, il affirme qu’il existe bien, quoi qu’on en dise, une alternative à la politique menée par François Hollande. A «l’improvisation» actuelle du gouvernement, il oppose deux niveaux de réforme : la fin de l’austérité, dit-il, passe par une zone euro rénovée, au fonctionnement plus démocratique. Puis, fidèle à sa marotte théorique, qu’il défend depuis des années, il rappelle qu’une réforme fiscale en profondeur permettra de financer notre modèle social.

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  • Le Monde - Une humanité qui avance à Paris vers une nouvelle voie de développement Par Pierre Radanne

    Depuis hier est lancée la préparation du texte d’accord pour la conférence sur le climat de décembre à Paris. Bien que les effets négatifs du réchauffement climatique soient devenus évidents, un pessimisme s’est insinué quant aux chances d’aboutir, par crainte de répéter l’échec de la conférence de Copenhague en 2009.

    Mais les 195 pays du monde sont maintenant unanimes à vouloir contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Car au-delà, le déficit de pluie et la chute de production agricole engendreront une crise alimentaire insupportable surtout en zone tropicale. Cela frappe déjà la moitié nord de l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

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