Le recours au référendum décidé par le gouvernement grec marque la fin d’un cycle de dépolitisation de l’Union Européenne que le projet de « Traité Constitutionnel » avait voulu rendre définitif, nonobstant son rejet populaire.
Je cède pour une fois au vice de l’auto-citation :
« L’Europe réalise la vieille utopie des libéraux les plus radicaux : soustraire la décision économique au pouvoir du législateur ; placer l’économie hors de portée de la responsabilité politique ; diviser le pouvoir en organes fortement indépendants les uns des autres ; rendre difficile et aléatoire le contrôle démocratique des institutions issues du suffrage universel. Sera ainsi achevé le système que saluait déjà Romano Prodi lors de son investiture en décembre 1999 devant le Parlement de Strasbourg : « L’action menée au niveau européen permet d’éviter les pressions directes des cycles électoraux nationaux ». Cet aveu ne fait qu’exprimer la défiance si répandue parmi les « experts » vis-à-vis des gouvernements toujours virtuellement démagogues alors que les comités, agences et règles de l’Union seraient l’expression de la raison et du bien public européen. Y déroger ou les critiquer serait toujours préférer le chaos aux avancées de la construction communautaire. Le plus effarant est qu’il se trouve une « gauche modérée » dont Blair est la figure de proue qui accepte silencieusement cette dépolitisation de l’économie alors que le problème de l’heure est de mettre un terme à la liberté absolue du capital.
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