On pensait avoir tout vu suite au feuilleton joué par le gouvernement, en s’appuyant partiellement sur le rapport de la Cour des comptes, sur le « dérapage de 8 milliards d’euros », selon les termes du Premier ministre. Pourtant, les dernières annonces fiscales viennent contredire le catastrophisme d’Edouard Philippe.
Ainsi, le même gouvernement qui prétendait découvrir d’extrêmes difficultés budgétaires annonce aujourd’hui des baisses d’impôts à hauteur de 11 milliards d’euros. On pourrait s’en réjouir. On pourrait même saluer le gouvernement qui, lisant enfin l’intégralité du rapport, a constaté l’existence d’une marge de manœuvre que le gouvernement socialiste avait provisionnée sous forme d’une réserve budgétaire de 13 milliards d’euros.
Seulement, la répartition des baisses d’impôt ne peut, elle, pas être saluée. Ainsi, plus d’un quart de la baisse annoncée, soit 3 milliards d’euros, ne bénéficiera qu’à quelques milliers de foyers aisés au travers de la réforme de l’ISF. A cela s’ajoute également la réforme de la fiscalité des revenus du capital, allégeant de 1,5 milliards d’euros l’addition, là encore, des mieux lotis.
Que reste-t-il pour les autres ? Une première tranche de réforme de la taxe d’habitation dont on ne sait ni à qui elle bénéficiera, ni comment elle sera compensée pour les collectivités locales, ainsi que les réductions d’impôts mises en place par François Hollande, notamment sur l’impôt sur les sociétés pour les TPE et PME.
Ces annonces vont à l’encontre des efforts des gouvernements précédents qui s’étaient attachés à réduire, notamment par la réforme de l’ISF mais aussi par l’impôt sur le revenu, les inégalités entre les Français les plus riches et ceux qui sont le plus en difficultés. Le sens de l’action fiscale d’Emmanuel Macron est inverse, il renforce les inégalités comme le note l’OFCE dans sa note consacrée à ces réformes.
Pire, ce mauvais coup fiscal au bénéfice des plus riches va s’accompagner de coupes budgétaires à hauteur de 4,5 milliards d’euros. Qui peut croire un seul instant que de telles économies peuvent se réaliser à périmètre constant, sans peser sur les services rendus aux Français ?
La politique d’Emmanuel Macron et Edouard Philippe apparaît chaque jour plus contradictoire. Le Parti Socialiste appelle à un sursaut et enjoint le gouvernement à favoriser, dans ses prises de décisions, la situation des Français plutôt que les petits calculs comptables.