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Idées - Page 19

  • L'Aurore - Laurent Bouvet : Vous avez dit idéologie ?

    La chute du Mur de Berlin en 1989 a relancé le débat sur la « fin des idéologies » qui a déjà eu lieu au tournant des années 1950–1960. La fin du communisme dans sa formule originelle, soviétique, et son évolution dans les pays s’en réclamant encore (Chine notamment) a toutefois ouvert un moment nouveau de l’histoire contemporaine qui apparaît à bien des égards comme celui du triomphe d’une seule Weltanschaung (conception du monde), celle d’un capitalisme lié à la démocratie libérale. On aurait pu croire que le caractère lui-même profondément idéologique de cette victoire marquait la fin de « l’ère des idéologies » ainsi que l’a nommée Claude Lefort. Aujourd’hui, face au double défi de l’islamisme et du national-populisme, il n’est pas du tout certain que non seulement nous en ayons fini avec les idéologies mais que ce qui a fait le succès de la démocratie libérale liée au capitalisme soit de nature à pouvoir l’emporter à nouveau.  

    --   L’idéologie est née comme concept philosophique avec le marxisme (en particulier dans les écrits du « jeune Marx » tels que Critique de la philosophie du droit de Hegel, Manuscrits de 1844, L’Idéologie allemande). L’idéologie apparaît alors comme une « pensée théorique qui croit se développer abstraitement sur ses propres données, mais qui est en réalité l’expression de faits sociaux, particulièrement de faits économiques, dont celui qui la construit n’a pas conscience, ou du moins dont il ne se rend pas compte qu’ils déterminent sa pensée. Très usuel en ce sens dans le marxisme » (Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie).

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  • Sélection été : Non Fiction, Le difficile apprentissage du gouvernement des hommes par les hommes (Marcel Gauchet)

     L'avènement de la démocratie est une quadrilogie de Marcel Gauchet, historien et philosophe, directeur d’études à l’EHESS et rédacteur en chef de la revue Le Débat. Elle a la double ambition de constituer, à la fois, une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie. Elle se situe à la suite de son maître livre, intitulé le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion. Dans cet essai, Gauchet relatait le processus de sortie de la religion qui nous conduit à un monde où les hommes ont comme gageure de se gouverner eux-mêmes.

    La création du monde moderne procèderait d’une substitution d’un mode de fondation à un autre : d’une fondation magico-théologique et transcendante à une fondation rationnelle et immanente. Il s’avère, en réalité, que c’est le monde le plus problématique et complexe à maîtriser qui soit. D’où l’enjeu de retracer ce chemin, parsemé d’obstacles et ponctué par des crises. In fine, la modernité se révèle un problème par rapport à elle-même.

    Résumé des épisodes précédents

    Le premier volume du triptyque, La révolution moderne, s’apparente à un prologue. Marcel Gauchet y dessine le contexte ; il synthétise la révolution de l’autonomie qui s’affirme, entre le XVIe siècle et 1880. Mais, il s'emploie, en premier chef, à cerner, depuis une triple perspective politique, juridique et historique, les trois composantes spécifiques du monde désenchanté. De là la singularité de la démocratie qui procède de la combinaison de ces trois éléments, qui s’avèrent, aussi, son problème.

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  • Non Fiction - La liberté au fondement de la philosophie marxienne (Stefano Petrucciani )

    Marx est le plus souvent lu soit comme un stratège de la lutte des classes aux prises avec les événements de son temps, soit comme un économiste essentiellement porté à mettre au jour les rouages du capitalisme, soit comme un héritier dissident de Hegel. A rebours de ces lectures, Stefano Petrucciani interroge les textes de Marx à partir de questions qu’ont examinées des philosophes anglo-saxons, marqués par Rawls, dans le but de lier sa pensée au modèle libéral, à l’éthique ou à la liberté.

    Les apories du modèle libéral

    Stefano Petrucciani expose que le but de son livre est d’« analyser de près, et de manière détaillée, les arguments marxiens contre les thèses "libérales", de les comparer ensuite avec les reconstitutions et les critiques qui en ont été proposées dans le domaine de la marxologie "analytique" anglo-saxonne » pour voir quelles sont les limites de la critique du libéralisme par Marx et quelle en est l’actualité. On peut ainsi distinguer deux apories du libéralisme chez Marx.

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  • Non Fiction - Quelles places publiques pour la démocratie ?

    Le récent « mouvement des places » (Tahrir, Gezi, Maïdan, Puerta del Sol, République, etc.) est étudié par des sociologues. Des historiens se penchent sur le rôle de la configuration des lieux publics au cours des événements. Des spécialistes du baron Hausmann analysent la conception de la place urbaine élaborée par ses équipes pour Paris. Bref, que ce soit en référence à telle ou telle ville, à telle ou telle période, la question des places est désormais centrale alors que sa nouveauté est toute relative.

    La centralité qu’elle occupe de nos jours est liée à l’idée d’un « droit à la ville », qui a fait son chemin dans les esprits. Il était temps que les philosophes s’en mêlent plus directement, surtout à une époque où l’on pense ou projette de « reconstruire la société civile » et « l’action collective » à partir de la notion de places publiques. Au demeurant, la philosophe Joëlle Zask, qui s’en empare ici à son tour, n’est pas dupe de ce qu’elle peut apporter à la réflexion politique : pour cette spécialiste de John Dewey, il est exclu de considérer la place comme une cause déterminante des pratiques des individus qui la fréquentent. Mais la place publique peut être abordée comme un facteur qui dispose aux modes de vie démocratiques.

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  • Non Fiction - Entretien avec Patrick Pharo, à propos du « Capitalisme addictif »

    Patrick Pharo est sociologue, spécialiste de sociologie de la morale, qu’il a étudiée à partir des interactions courantes des sujets sociaux. Il s’est ensuite intéressé à la dépendance à la drogue et aux politiques publiques la concernant, puis, par extension, à d’autres formes de dépendances, amoureuse ou sexuelle notamment. Il élargit désormais sa réflexion aux dérives addictives du capitalisme, en cherchant à renouer avec l’idéal d’émancipation qui avait animé, un temps, nos sociétés. Il a accepté de répondre à nos questions à l'occasion de la sortie de son nouveau livre : Le capitalisme addictif.

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  • Non Fiction - Bruno Latour : une introduction

    Pour ceux qui persistent à croire que va de soi l’idée d’un monde double – avec une face apparente et une face cachée –, qu’existerait donc un arrière-monde placé derrière le décor dans lequel nous nous mouvons, cet ouvrage est à lire avec attention. Il nous conduit à comprendre qu’il nous faut trouver une alternative au cadre intellectuel développé depuis Platon jusqu’à Kant, concernant les conceptions de la science, de la nature, de la politique, de la religion et de la société. Ce qu’on en retient immédiatement, c’est que le philosophe Bruno Latour nous appelle, non pas à percer des apparences, mais à décrire le monde autrement, à apprendre à remanier le rapport entre le dicible et le visible, afin de nous placer différemment dans le monde et par conséquent d’y agir autrement. L’ensemble de cette « introduction » à sa philosophie insiste sur la rupture opérée par Latour avec certaines « traditions », facilitant ainsi l’accès à des travaux qui tiennent à la fois de la philosophie, de l’ethnologie, de l’épistémologie et de la sociologie, et dont la première innovation consiste ainsi à s’affranchir du découpage habituel des savoirs.

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  • Anna L. Tsing : les ruines du capitalisme

    La Grande table reçoit Anna L. Tsing, professeure américaine d’anthropologie. "Nous vivons déjà parmi les ruines, dans la dévastation. Les champignons peuvent nous aider justement parce qu'ils prospèrent dans des lieux dévastés."

  • Xerfi - Foucault et Bourdieu face au néo-libéralisme [Christian Laval]

    Xerfi Canal a reçu Christian Laval, professeur de sociologie à l'Université de Nanterre, dans le cadre de son livre "Foucault, Bourdieu et la question néolibérale".

  • Revue Communications (1968) Roland Barthes L'écriture de l'événement

    Décrire l'événement implique que l'événement a été écrit. Comment un événement peut-il être écrit? Qu'est-ce que cela peut vouloir dire que « l'écriture de l'événement » ?

    L'événement de mai 68 semble avoir été écrit de trois façons, de trois écritures, dont la conjonction poly graphique forme peut-être son originalité historique

    1. La parole.

    Toute secousse nationale produit une floraison brusque de commentaires écrits (presse et livres). Ce n'est pas cela dont on veut parler ici. La parole de mai 68 a eu des aspects originaux, qu'il faut souligner :

    a) La parole radiophonique (celle des postes dits périphériques) a collé à l'événement, au fur et à mesure qu'il se produisait, d'une façon haletante, dramatique, imposant l'idée que la connaissance de l'actualité n'est désormais plus l'affaire de l'imprimé mais de la parole. L'histoire « chaude », en train de se faire, est une histoire auditive l'ouïe redevient ce qu'elle était au moyen âge : non seulement le premier des sens (avant le tact et la vue), mais le sens qui fonde la connaissance (comme pour Luther il fondait la foi du chrétien). Ce n'est pas tout. La parole informative (du reporter) a été si étroitement mêlée à l'événement, à l'opacité même de son présent (il suffit de songer à certaines nuits de barricades), qu'elle était son sens immédiat et consubstantiel, sa façon d'accéder à un intelligible instantané ; cela veut dire que, dans les termes de la culture occidentale, où rien ne peut être perçu privé de sens, elle était l'événement même. La distance millénaire entre l'acte et le discours, l'événement et le témoignage, s'est amincie : une nouvelle dimension de l'histoire, liée désormais immédiatement à son discours, est apparue, alors que toute la « science » historique avait au contraire pour tâche de reconnaître cette distance, afin de la contrôler. Non seulement la parole radiophonique renseignait les participants sur le prolongement même de leur action (à quelques mètres d'eux), en, sorte que le transistor devenait l'appendice corporel, la prothèse auditive, le nouvel....

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  • Le Comptoir - Denis Collin : « Marx a peu de choses à voir avec cette doctrine politique qu’a été le marxisme »

    Il est des jours en apparence anodins qui marquent l’histoire. C’est le cas du 5 mai 1818, où Karl Heinrich Marx voit le jour à Trèves. Ce fils d’avocat juif ashkénaze converti au protestantisme, connaît un destin fabuleux. Il est docteur de la faculté de Philosophie de l’université d’Iéna avant son 23e anniversaire. À sa mort, quarante-deux ans plus tard, Karl Marx aura peut-être plus bouleversé le monde qu’il ne l’espérait lui-même. Figure majeure du communisme et du socialisme, il devient un penseur incontournable en économie politique et en philosophie. Sa pensée irriguera tout le XXe siècle, parfois pour le meilleur et, malheureusement pour lui, souvent pour le pire. Il n’en demeure pas moins un auteur essentiel aujourd’hui. Pour célébrer ses 200 ans, nous nous sommes entretenus avec Denis Collin. Docteur et agrégé en philosophie, ce dernier enseigne la philosophie dans un lycée d’Évreux et en classes CPGE économiques à Rouen. Marxiste, critique de l’orthodoxie, et républicain, il préside l’université populaire d’Évreux et co-anime le site La Sociale. Il vient en outre de publier « Introduction à la pensée de Marx », chez Seuil, un excellent ouvrage pour se remettre à jour sur les idées développées par le philosophe allemand.

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  • Le Comptoir - Le socialisme autogestionnaire, l’héritage oublié de 1968 ? Par Romain Masson

    Les premiers perçoivent mai 68 comme une révolution culturelle, à l’origine d’une libération des mœurs, qui aurait permis le triomphe du néolibéralisme dans la décennie qui suit. Les seconds préfèrent voir dans les événements la plus grande grève générale qui a débouché, dans la continuité de 1936, sur des conquêtes sociales pour les travailleurs. Les uns comme les autres semblent pourtant oublier que le « moment 68 » fut également celui d’une critique radicale du capitalisme en rupture avec le marxisme officiel de l’époque.

    Bien loin de la faculté de Nanterre, c’est à l’université de Strasbourg qu’une réelle mise en cause du capitalisme voit le jour dès 1966. Sous l’influence de l’Internationale Situationniste (IS) fondée neuf ans plus tôt par Guy Debord, se développe un courant socialiste libertaire anti-étatique dit conseilliste car il considère les conseils ouvriers comme la base de l’insurrection et de la société post-capitaliste. La branche locale de l’UNEF fait publier une brochure intitulée « De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économiques, politiques, psychologiques, sexuels et notamment intellectuels et de quelques moyens pour y remédier » qui constitue une critique radicale du capitalisme et de toute forme de bureaucratie. En 1968 cette critique anti-autoritaire du capitalisme se fera dans le langage de l’autogestion.

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