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Idées - Page 20

  • Revue Communications (1968) Roland Barthes L'écriture de l'événement

    Décrire l'événement implique que l'événement a été écrit. Comment un événement peut-il être écrit? Qu'est-ce que cela peut vouloir dire que « l'écriture de l'événement » ?

    L'événement de mai 68 semble avoir été écrit de trois façons, de trois écritures, dont la conjonction poly graphique forme peut-être son originalité historique

    1. La parole.

    Toute secousse nationale produit une floraison brusque de commentaires écrits (presse et livres). Ce n'est pas cela dont on veut parler ici. La parole de mai 68 a eu des aspects originaux, qu'il faut souligner :

    a) La parole radiophonique (celle des postes dits périphériques) a collé à l'événement, au fur et à mesure qu'il se produisait, d'une façon haletante, dramatique, imposant l'idée que la connaissance de l'actualité n'est désormais plus l'affaire de l'imprimé mais de la parole. L'histoire « chaude », en train de se faire, est une histoire auditive l'ouïe redevient ce qu'elle était au moyen âge : non seulement le premier des sens (avant le tact et la vue), mais le sens qui fonde la connaissance (comme pour Luther il fondait la foi du chrétien). Ce n'est pas tout. La parole informative (du reporter) a été si étroitement mêlée à l'événement, à l'opacité même de son présent (il suffit de songer à certaines nuits de barricades), qu'elle était son sens immédiat et consubstantiel, sa façon d'accéder à un intelligible instantané ; cela veut dire que, dans les termes de la culture occidentale, où rien ne peut être perçu privé de sens, elle était l'événement même. La distance millénaire entre l'acte et le discours, l'événement et le témoignage, s'est amincie : une nouvelle dimension de l'histoire, liée désormais immédiatement à son discours, est apparue, alors que toute la « science » historique avait au contraire pour tâche de reconnaître cette distance, afin de la contrôler. Non seulement la parole radiophonique renseignait les participants sur le prolongement même de leur action (à quelques mètres d'eux), en, sorte que le transistor devenait l'appendice corporel, la prothèse auditive, le nouvel....

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  • Le Comptoir - Denis Collin : « Marx a peu de choses à voir avec cette doctrine politique qu’a été le marxisme »

    Il est des jours en apparence anodins qui marquent l’histoire. C’est le cas du 5 mai 1818, où Karl Heinrich Marx voit le jour à Trèves. Ce fils d’avocat juif ashkénaze converti au protestantisme, connaît un destin fabuleux. Il est docteur de la faculté de Philosophie de l’université d’Iéna avant son 23e anniversaire. À sa mort, quarante-deux ans plus tard, Karl Marx aura peut-être plus bouleversé le monde qu’il ne l’espérait lui-même. Figure majeure du communisme et du socialisme, il devient un penseur incontournable en économie politique et en philosophie. Sa pensée irriguera tout le XXe siècle, parfois pour le meilleur et, malheureusement pour lui, souvent pour le pire. Il n’en demeure pas moins un auteur essentiel aujourd’hui. Pour célébrer ses 200 ans, nous nous sommes entretenus avec Denis Collin. Docteur et agrégé en philosophie, ce dernier enseigne la philosophie dans un lycée d’Évreux et en classes CPGE économiques à Rouen. Marxiste, critique de l’orthodoxie, et républicain, il préside l’université populaire d’Évreux et co-anime le site La Sociale. Il vient en outre de publier « Introduction à la pensée de Marx », chez Seuil, un excellent ouvrage pour se remettre à jour sur les idées développées par le philosophe allemand.

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  • Le Comptoir - Le socialisme autogestionnaire, l’héritage oublié de 1968 ? Par Romain Masson

    Les premiers perçoivent mai 68 comme une révolution culturelle, à l’origine d’une libération des mœurs, qui aurait permis le triomphe du néolibéralisme dans la décennie qui suit. Les seconds préfèrent voir dans les événements la plus grande grève générale qui a débouché, dans la continuité de 1936, sur des conquêtes sociales pour les travailleurs. Les uns comme les autres semblent pourtant oublier que le « moment 68 » fut également celui d’une critique radicale du capitalisme en rupture avec le marxisme officiel de l’époque.

    Bien loin de la faculté de Nanterre, c’est à l’université de Strasbourg qu’une réelle mise en cause du capitalisme voit le jour dès 1966. Sous l’influence de l’Internationale Situationniste (IS) fondée neuf ans plus tôt par Guy Debord, se développe un courant socialiste libertaire anti-étatique dit conseilliste car il considère les conseils ouvriers comme la base de l’insurrection et de la société post-capitaliste. La branche locale de l’UNEF fait publier une brochure intitulée « De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économiques, politiques, psychologiques, sexuels et notamment intellectuels et de quelques moyens pour y remédier » qui constitue une critique radicale du capitalisme et de toute forme de bureaucratie. En 1968 cette critique anti-autoritaire du capitalisme se fera dans le langage de l’autogestion.

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  • Jean-Marie Harribey - Bicentenaire de Marx et du capitalisme : 5 mai 2018

    Karl Marx n’y croirait pas. Partout, on souffle ses deux cents bougies. Cent-trente-cinq ans après sa disparition, pendant lesquels l’académie, le Landernau économique, et les bateleurs médiatiques n’avaient cessé de clamer que son analyse ne valait rien, même pas pour figurer dans l’histoire des idées, on se pince car Marx aurait eu raison : « Marx, l’incontournable » (Alternatives économiques), « Marx, l’irréductible » (Le Monde), « Marx, le coup de jeune » (L’Humanité), « Marx, et ça repart » (Le Un), « Marx, le visionnaire » (Arte), etc.

    Quelle était la raison de la condamnation antérieure ? Il s’était trompé. Sur quoi ? Sur tout. Aucune circonstance atténuante. Mais…

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  • Le Figaro - La sécession des « élites » ou comment la démocratie est en train d'être abolie, par Coralie Delaume

    Coralie Delaume analyse les raisons de la fracture qu'elle observe entre les «élites», une classe minoritaire de privilégiés, et la masse qui n'a pas accès aux études prestigieuses ou qui n'a pas son mot à dire dans les orientations économiques de l'Union européenne.

    La Révolte des élites et la trahison de la démocratie est le titre d'un livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié à titre posthume en 1995. Bien sûr, l'ouvrage analysait l'Amérique de son temps. Pourtant, il s'applique parfaitement à la France et à l'Europe d'aujourd'hui, dont il semble avoir anticipé l'évolution des classes favorisées avec une acuité visionnaire.

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  • La Vie des Idées - Pour ou contre le revenu universel ? par Guillaume Allegre & Philippe Van Parijs

    Expérimentations, inclusion dans les plateformes électorales : l’idée d’un revenu versé à tous de manière individuelle et inconditionnelle est de plus en plus débattue. Cet ouvrage de la collection VDI-Puf revient sur ce débat avec des contributions contrastées, les unes en faveur du revenu universel, les autres plus réservées.

    Guillaume Allègre, Philippe Van Parijs, Pour ou contre le revenu universel ? Vie des idées/ Puf, parution le 2 mai 2018. 103 p., 9 €.
     
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  • Non Fiction - Mai 68, ou l'expérience du refus des événements et des commémorations

    Contrairement à une idée reçue, les acteurs d’un moment historique tel que Mai 68 ne se contentent pas de barricades et des manifestations et l’histoire ne passe pas nécessairement derrière leur dos. Dans ces journées de révolte ou de révolution, ils ne font souvent l’histoire qu’en s’interrogeant sur l’histoire qu’ils font, fut-ce en se trompant. Et ils alimentent le mouvement de leurs discussions sur les modes du refus, sur la tournure des événements et sur la stratégie du mouvement, passant d’autant plus en revue les slogans, les tracts ou les communiqués qu’ils s’écrivent sous la menace de la répression. Ils portent eux-mêmes le danger sur la scène politique et, comme l’écrit Maurice Blanchot : « passent avec le passant qui les transmet, les perd ou les oublie ».

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  • Le Nouveau Magazine Littéraire - Enzo Traverso : « Là où la gauche propose un réel projet de société, l’extrême droite décline »

    Selon l'historien des idées italien, l'idéologie néolibérale, marquée par le présentisme et l'individualisme possessif, court-circuite toute velléité de changement à gauche. Mais il ne désespère pas : les indignations, elles, s’accumulent et déboucheront tôt ou tard sur de nouvelles utopies.

    Enseignant aux États-Unis, Enzo Traverso n'en reste pas moins un observateur averti de l'actualité européenne et française - il a été professeur de sciences politiques à l’Université de Picardie Jules Verne. Reconnu pour sa réflexion sur le XXe siècle et l'histoire des gauches, il revient sur la bérézina des forces progressistes en ce début de XXIe siècle. entre poussée des populismes xénophobes et crise de la social-démocratie. Pas de quoi être pessimiste, estime cependant le philosophe, qui rappelle que la gauche s'est toujours constituée dans la défaite.

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  • Non Fiction - Entretien avec Emmanuel Dockès, à propos de son Voyage en misarchie

    Avec son Voyage en misarchie, le juriste Emmanuel Dockès adopte la forme du roman, plutôt que de l’essai de philosophie politique, pour nous présenter les utopies auxquelles il croit ou qu’il nous soumet pour nous faire réfléchir. Le style en est très didactique. Son personnage débarque, contraint et forcé, en Arcanie, où il découvre les institutions du pays, censées réduire au maximum la domination, en se les faisant expliquer et parfois en payant de sa personne.

    L’association volontaire y tient une large place, ainsi que l’autogouvernement, encadrés simplement par quelques principes fondamentaux ou supplétifs. La monnaie fiduciaire y a été remplacée par la monnaie électronique, gérée par une banque unique – ce qui rend, soit dit au passage, toutes les transactions contrôlables par des fonctionnaires mandatés pour cela.

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  • Le Vent se lève - La « troisième voie » européenne ? Sur la conférence prononcée par Elizabeth Roudinesco à l’ENS

    Sur la conférence prononcée par Elisabeth Roudinesco le 22 mars à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, dans le cadre du cycle « Une certaine idée de l’Europe », proposé par le Groupe d’études géopolitiques.


    « Un bonheur tragique » – c’est par cette formule, à trop aisément qualifier d’oxymore, qu’Elisabeth Roudinesco résumait son « idée de l’Europe » le 22 mars à l’ENS. Lors de la deuxième conférence du cycle « Une certaine idée de l’Europe », l’historienne de la psychanalyse tenta d’extraire l’essence d’un inconscient européen, par lequel bien des choses ont enfanté leur contraire. A propos, elle parla de bonheur et de tragédie. Le bonheur comme révolution de l’intime, phénomène urbain du 19ème siècle européen. La tragédie comme art et comme pulsion, de destruction et de mort. Deux « états » qui, liés fatalement, inscrivent une continuité dans l’histoire récente du continent. Comme si la recherche d’un bonheur collectif européen était chaque fois vouée à l’hubris.

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