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Analyses - Page 76

  • Institut Rousseau - Dette publique : qui gardera les gardiens ?

    Ils n’ont pas rongé leur frein bien longtemps, les gardiens obsessionnels de la dette publique. Et ils ne sont pas prêts à accepter que le bel édifice de la dette patiemment bâti et consolidé depuis près de cinquante ans s’effondre d’un coup à cause d’un virus. Rappelons qu’aujourd’hui, 40 % de notre dette publique correspondent au seul remboursement des intérêts que nous acquittons aux marchés financiers. Si nous avions conservé le circuit du Trésor, légué notamment par François Bloch-Lainé, et qui a permis de reconstruire la France d’après-guerre en une génération, au lieu d’inscrire dans le marbre du Traité de Maastricht (qu’il faudra réviser tôt ou tard) l’assujettissement de la souveraineté d’un État aux caprices irrationnels des « marchés », nous n’aurions pas ou peu d’intérêts à payer sur notre dette. Celle-ci pourrait aujourd’hui s’élever à environ 72 % du PIB, au lieu des 120 % qu’elle va franchir en 2020. Ce ratio n’a, certes, aucun sens économique puisqu’il superpose un stock (la dette) sur un flux (le PIB) mais, depuis des décennies, il sert d’alibi à l’idée fausse que nous dépensons trop et qu’il est temps de vivre à la hauteur de nos (modestes) moyens.

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  • Telos - La guerre des identités, Olivier Galland

    La dérive identitaire d’une partie des sciences humaines, d’une partie de la gauche et d’une partie des médias aux États-Unis commence à être dénoncée par une série d’intellectuels et d’essayistes. Le livre de Mark Lilla sur La Gauche identitaire, l’Amérique en miettes, sorti en 2018, avait déjà connu un large écho. Tout récemment un autre ouvrage, La Grande Déraison, vient d’être traduit et publié sur cette question de la politique des identités aux Etats-Unis principalement. Son auteur, Douglas Murray, serait certainement vu de côté-ci de la Manche (il est britannique) comme quelqu’un d’assez sulfureux (il est défini comme proche d’une ligne néoconservatrice par Wikipédia, et il est favorable au Brexit), mais son analyse est très documentée. Ce qu’il dit rejoint d’ailleurs largement ce que dit Mark Lilla, une personnalité de gauche américaine, professeur à Columbia.

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  • Paul Alliès - Choses vues

    Arnaud Montebourg vient de publier un « récit intime et édifiant du pouvoir » qu’il a exercé comme Ministre de l’Economie, du redressement productif et du numérique, durant un peu plus de deux ans.

    Deux ans (du 16 mai 2012 au 25 août 2014), c’est à la fois court et suffisant pour passer au scanner, à la fois l’administration des choses et les institutions de la République. Surtout quand ce regard se porte depuis Bercy, un des ministères réputés parmi les plus puissants des gouvernements de la V° République. Un régime sur lequel Montebourg a établi, il y a déjà vingt ans, un diagnostic de fin de vie démocratique (La machine à trahir : Rapport sur le délabrement de nos institutions. Denoël, 2000).

    Ce faisant, on dispose là d’un document précieux, un peu et toutes choses égales par ailleurs, comme ces « souvenirs, journaux, cahiers » de Victor Hugo rassemblés sous le titre de Choses vues (1830-1885. Quarto, Gallimard, 2001). Dans les deux cas, c’est l’écriture, précise et alerte, d’un double mouvement par lequel on échappe au secret et on y pénètre.

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  • Observatoire des inégalités - Éducation : il faut donner priorité aux vaincus

    Points de vue 19 novembre 2020

    L’accès à l’enseignement supérieur s’est massifié, mais l’emprise des diplômes s’est renforcée. L’élitisme social du système scolaire humilie les élèves en difficulté et crée un fossé culturel et politique entre classes sociales. Le point de vue de François Dubet et Marie Duru-Bellat, sociologues.

    Comme la plupart des pays comparables, la France a connu soixante années de massification scolaire. Le changement est considérable : le nombre de lycéens et d’étudiants a été multiplié par huit et le bilan est largement positif si l’on considère l’accroissement de l’accès aux études. Même si nous sommes loin d’une égalité parfaite, les enfants des classes populaires accèdent désormais aux études longues dont ils étaient très largement exclus encore au milieu du XXe siècle.

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  • La Vie des idées - Une lutte sans classes

    À propos de Frédéric Viguier, La cause des pauvres en France, Presses de Sciences Po

    Comment la cause des pauvres s’est-elle substituée à la cause du peuple ? Ancrée dans le catholicisme social, la critique de la Sécurité sociale a abouti, à la faveur de la crise économique, à la création d’un ensemble d’institutions (RMI-RSA) gérant la pauvreté.

    Depuis le début des années 2000, les discours politiques envers les « assistés », tout comme l’injonction à leur responsabilisation par les dispositifs d’insertion, n’ont fait que se durcir. Pourtant, dans le même temps, les politiques sociales continuent à afficher l’aide aux « exclus » comme une priorité. Ce contexte paradoxal constitue le point de départ de l’ouvrage de Frédéric Viguier. L’auteur cherche à expliquer cette ambivalence par la transformation des représentations des classes populaires et de leur encadrement depuis quatre décennies.

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  • Non Fiction - Quel modèle économique pour l'après Covid ?

    La crise sanitaire sera-t-elle l’occasion de changer de modèle et d’effectuer le tournant écologique et social qui s’impose ?

    La récession qui s’annonce met en évidence les déséquilibres d’une croissance économique qui s’est caractérisée par toutes sortes d’excès au cours des dernières décennies. Les inégalités sociales ont explosé, la finance est devenue toute puissante et en même temps terriblement instable et les dégâts écologiques menacent les conditions de vie sur notre planète.

    Henri Sterdyniak et Stéphanie Villers développent ensemble puis séparément - en fin de chapitres et en conclusion - une analyse de la situation économique et sociale actuelle. Ils tentent d’évaluer les réponses apportées par les gouvernements à la crise sanitaire. Les deux auteurs poursuivent le décryptage des menaces qui pèsent sur nos économies mais s’attachent également à proposer des pistes et des solutions à explorer. Les réponses sont parfois différentes car les auteurs ne sont pas issus des mêmes courants de pensée. C’est tout l’intérêt que d’avoir essayé de conduire ces réflexions croisées, même si l’exposé de leurs différences laisse parfois le lecteur un peu perdu. 

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  • La Vie des idées - Le rodéo des milliardaires

    À propos de : Justin Farrell, Billionaire Wilderness : The Ultra-Wealthy and the Remaking of the American West, Princeton University Press, 2020, 378 p.

    Le county de Teton, dans le Wyoming, connait la plus grande concentration de richesse de tous les États-Unis. Les grandes fortunes qui s’y sont installées y affichent un engagement pro-environnementaliste et revendiquent un rapport authentique à la nature. Mais...

    Billionaire Wilderness plonge le lecteur dans un monde où la spatialisation des groupes sociaux est marquée par la croissance des inégalités, la multirésidence, la valeur de l’environnement et le télétravail. L’auteur enquête sur le county de Teton qu’il présente comme le county le plus fortuné du pays le plus fortuné, les États-Unis. Il s’agit également du county le plus inégalitaire, agrégeant toujours plus de super riches. Ce terrain est un véritable laboratoire produisant un effet de loupe sur les inégalités. Les millionnaires sont ici dominés par les milliardaires. Les avocats et les médecins se retrouvent rangés dans une classe moyenne atrophiée. Les classes populaires sont majoritairement composées de migrants mexicains présents pour servir ces super-riches. Et cet espace social localisé ne se situe ni à Monaco, ni en Suisse, ni dans les quartiers chics d’une métropole mondialisée, mais dans le Wyoming. Cet État très rural accueille cette richesse en offrant ses qualités environnementales et un imaginaire populaire de l’Ouest américain à des personnes qui tentent de trouver un sens à leur vie fortunée.

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  • Observatoire des inégalités - Toutes les inégalités se valent-elles ?

    Questions clés 12 novembre 2020

    Doit-on s’alarmer des inégalités en France, alors qu’elles semblent très réduites lorsqu’elles sont observées dans une perspective mondiale ? Toutes les inégalités ne se valent pas. Mais établir des hiérarchies est loin d’être simple. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

    Il est bien plus grave de ne pas pouvoir manger à sa faim que de ne pas pouvoir partir en vacances. Mais au-delà de ces grandes évidences, comment établir une hiérarchie entre les inégalités ? Il faut bien le faire car, si on met toutes les formes d’inégalités sur le même plan, on brouille les pistes : on camoufle celles qui ont une place centrale derrière d’autres plus « secondaires ». La tâche est compliquée tant il est difficile de savoir quelles sont les inégalités qui sont justes ou injustes et, encore plus, quelles sont, parmi les inégalités injustes, celles qui méritent le plus que l’on se batte contre elles.

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  • Fondation Jean Jaurès - Dénutrition : la maladie invisible de la Covid, Jérôme Guedj

    À l’occasion de la première semaine nationale de la dénutrition du 12 au 19 novembre 2020, le Collectif de lutte contre la dénutrition a souhaité mesurer, à travers une enquête conduite en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop, la perception par les Français des enjeux de la dénutrition, maladie trop méconnue. Jérôme Guedj, directeur de l’Observatoire des politiques sociales de la Fondation, en livre les résultats dans le contexte de la Covid-19 et analyse les enjeux que pose cette maladie au système de santé et plus largement à l’ensemble de la société.

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  • Reporterre - Rénovation énergétique : une décennie de perdue

    ENQUÊTE 1/4 ­— Le secteur du bâtiment est un très gros émetteur de gaz à effet de serre, essentiellement du fait des besoins de chauffage des logements. Le Grenelle de l’environnement, en 2008, avait pris la mesure de l’indispensable isolation thermique des habitations, sans se donner les moyens de ses ambitions. Les politiques qui ont suivi n’ont pas mieux fait.

    En 2008, le Grenelle de l’environnement fixait un objectif inédit et ambitieux : réduire de 38 % les émissions de gaz à effet de serre liées au bâtiment d’ici 2020. Douze ans plus tard, force est de constater son échec : non seulement le secteur compte pour plus d’un quart de nos émissions — et 44 % de notre consommation énergétique — mais les émissions du secteur ne montrent aucun signe d’affaiblissement. Elles étaient supérieures de 22 % en 2017 au budget fixé dans la première Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

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  • Le Vent se lève - David Djaiz : « La guerre civile n’aura pas lieu »

    David Djaiz est essayiste et haut fonctionnaire. En 2017, il publiait La guerre civile n’aura pas lieu, ouvrage qui portait sur la montée des discours de guerre civile liés à l’islamisme. À la suite des dernières attaques et de la décapitation de Samuel Paty, et en cet anniversaire des attentats du Bataclan, nous avons voulu l’interroger sur l’actualité de ce phénomène et sur les douloureux débats qui traversent la société française.

    LVSL – La France sort de plusieurs semaines d’intenses débats sur l’islam, les caricatures et la laïcité. La séquence semble comparable à celle de Charlie Hebdo en 2015. À l’époque, contre les thuriféraires de l’affrontement, vous aviez publié La guerre civile n’aura pas lieu. La situation a-t-elle changé ?

    ..... Il y a eu très peu d’actes antimusulmans en rétorsion. En 2019, par exemple, on a recensé 154 faits à caractère antimusulman. Un chiffre préoccupant, mais qu’il faut rapprocher des 1 052 faits à caractère antichrétien et des 687 faits à caractère antisémite. Des associations militantes et des entrepreneurs politiques surfent sur une prétendue islamophobie montante de la société française et contribuent à alimenter un climat anxiogène. La réalité c’est que ces actes se maintiennent à un niveau relativement bas et que nos compatriotes de confession musulmane continuent à vivre paisiblement en France.

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