Le durcissement du régime turc ne date pas du coup d’Etat raté du 15 juillet 2016. C’est ce que démontre Aydin Cingi, directeur de la SODEV (Fondation pour la social-démocratie, Turquie), qui analyse l’évolution de la situation politique du pays depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 de l’AKP et de Recep Tayyip Erdogan.
Analyses - Page 183
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Fondation Jean Jaurès - L’évolution de la démocratie en Turquie depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan en 2002
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Jean Gadrey - S’intéresser aux coûts économiques des inégalités : un piège politique et éthique ?
C’est en tout cas ce que laissent entendre le titre (« Discriminations : le piège du calcul économique ») et la conclusion de l’article de Marc Chevalier, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives économiques, sur l’excellent site AlterEcoPlus. La conclusion s’appuie sur les jugements sévères de deux personnes dont j’apprécie beaucoup les travaux, Hélène Périvier (économiste à l’OFCE) et Réjane Sénac, avec qui j’ai déjà eu une controverse non polémique sur le même sujet : voir cet article sur le site de l’Observatoire des inégalités.
Il est vrai que l’article de Marc Chevalier est principalement dédié au récent rapport de France Stratégie sur le « coût économique des discriminations » éducatives et professionnelles. On y trouve des résultats assez spectaculaires, surtout en ce qui concerne l’impact négatif des discriminations professionnelles entre les femmes et les hommes sur le PIB et sur les comptes publics. Or ce rapport, sur lequel je reviendrai, est à la fois digne d’intérêt et digne de critiques. Un seul exemple : considérer que les moins bons résultats scolaires des garçons par rapport aux filles relèvent d’une discrimination dont ces pauvres garçons seraient victimes est pour le moins original et inédit ! Je n’ose imaginer les bonds que ferait, s’il apprenait cette nouvelle, mon vieil ami Christian Baudelot, auteur avec Roger Establet du livre « Allez les filles » en 1992…
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Le grand mythe de la baisse massive du nombre de fonctionnaires Par Olivier Passet - Directeur des synthèses, Xerfi
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Altereco - RTT : quand la politique se cache derrière la science Guy Démarest et Michel Montigné
« Réduire le temps de travail ne crée pas d’emplois, c’est scientifiquement prouvé. » Cette affirmation de Pierre Cahuc et André Zylberberg est reprise en boucle par certains médias, et ceux qui la contestent sont traités de « négationnistes » (le magazine Challenges publie une liste de ces hérétiques, tous de gauche ou centre gauche, mais leurs accusateurs ne font pas de politique…).
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Revue Projet, Nonna Meyer - Les constantes du vote Front national
L’électorat du Front national progresse, mais évolue peu : très à droite au plan idéologique, il recrute davantage dans les milieux populaires et peu instruits. Phénomène nouveau, il perce aussi dans la fonction publique, chez les catholiques, dans les tranches d’âge intermédiaires, et tend à se féminiser.
Depuis que Marine Le Pen est à sa tête, le Front national (FN) a connu une progression électorale spectaculaire, frôlant 28 % des suffrages exprimés au premier tour des régionales de 2015 et rassemblant 6,8 millions de voix au second. Et il a fidélisé son électorat[1]. Mais ce dernier n’est pas fondamentalement différent de celui que mobilisait son père, malgré la stratégie de « dédiabolisation » mise en œuvre par sa présidente et sa volonté affichée de diversifier ses soutiens[2]. La comparaison du profil idéologique (tableau I) et sociodémographique (tableau II) des électeurs du FN aux régionales de 2015 avec celui des électeurs de Jean-Marie Le Pen puis de sa fille aux scrutins présidentiels depuis 1988 est à cet égard éclairante.
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La Vie des Idées - La gloire de nos pères À propos de : Louis Chauvel, La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Seuil. par Christian Baudelot
La France en général, et ses classes moyennes en particulier, sont touchées par un phénomène de déclassement systémique. Dans un essai tonique, Louis Chauvel contribue à l’analyse des inégalités en y intégrant la prise en compte de la fracture générationnelle.
Recensé : Louis Chauvel, La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Seuil, Paris, 2016, 147 p., 16 €.La société française subit depuis une quarantaine d’années des transformations en profondeur, dont la persistance d’un niveau élevé de chômage n’est que l’un des signes. Aucun pays sur la planète n’échappe à cette lame de fond dont les retentissements se font sentir dans la vie quotidienne de tous les citoyens. Le monde, à l’évidence, est entré dans une nouvelle phase à laquelle chaque État fait face à sa manière. Il est donc urgent pour les sciences sociales d’identifier et d’analyser en profondeur ces transformations et de tenter d’en comprendre les causes, les logiques et les conséquences. Les travaux de Thomas Piketty [1] apportent déjà une pierre substantielle à l’édifice explicatif en montrant que, dans la conjoncture actuelle, une croissance faible et des rendements du capital supérieurs au taux de croissance tendent à déséquilibrer les sources et le partage de la richesse. Le capital accumulé dans le passé reprend peu à peu la place et le rôle hégémonique qu’il avait conquis au cours des siècles antérieurs à la seconde moitié du XXe siècle. Avec toutes les conséquences de ce retour au passé sur la composition de la société française._______________________
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Attac - Revenu d’existence, une nouvelle piste pour les politiques néolibérales par Stéphanie Treillet
Le « revenu d’existence » (RE), ou « allocation universelle », semble avoir le vent en poupe. Une vague de rapports, tribunes, et projets d’expériences locales dans différents pays contribue à installer l’idée qu’il faudrait voir là la solution à l’échec patent des politiques de l’emploi et à l’extension du chômage et de la précarité. Pourtant nombre de questions, théoriques, politiques et pratiques, soulevées par ces propositions, restent obstinément sans réponse, ou appellent des réponses inquiétantes.
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Quelles priorités pour une fiscalité juste ? 27 septembre 2016
Comment rendre l’impôt plus juste ? D’abord en s’attaquant à l’évasion et aux niches fiscales. Ensuite, en reconstruisant un vrai impôt progressif. Par Jean Gadrey, économiste, professeur honoraire à l’université Lille 1.
La fiscalité est souvent citée comme le principal outil public capable d’améliorer l’égalité des ressources économiques des citoyennes et des citoyens. Elle n’en est que l’une des composantes, mais elle a l’avantage, par rapport à d’autres politiques (de logement ou de santé par exemple), d’avoir des effets rapides. Avant d’en venir à ce que pourraient être les priorités d’une fiscalité juste, quelques rappels s’imposent.
Une fiscalité plus juste
En premier lieu, la fiscalité consiste à prélever des montants d’argent à certains (recettes fiscales) pour ensuite les dépenser (dépenses publiques). Ces deux volets influent sur les inégalités. D’abord, les « prélèvements » sont-ils justes, tiennent-ils compte des « capacités contributives », prélève-t-on proportionnellement plus sur les plus riches (c’est ce qu’on appelle alors la progressivité), suffisamment sur les entreprises par rapport aux ménages, etc. ? Ensuite, les dépenses publiques ont-elles ou non un effet de réduction des inégalités, qu’il s’agisse des services publics (qui ont joué dans le passé un rôle positif majeur) ou des dépenses sociales (minima sociaux, allocations diverses, dépenses pour le chômage, etc.) ? On ne traitera ici que de la première question : celle de la justice sous l’angle des recettes fiscales.
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Observatoire des inégalités - « L’école française ne fait pas assez pour réduire les inégalités sociales ». Entretien avec Marie Duru-Bellat
4 octobre 2016 - L’école française n’est pas le pire modèle qui soit. Mais elle est loin de faire tout ce qu’elle peut pour garantir des chances équitables aux enfants de milieux sociaux inégaux. Entretien avec Marie Duru-Bellat, professeure émérite de sociologie.
Peut-on dire, comme l’affirme un récent rapport du Cnesco [1], que l’école « amplifie les inégalités » ?
Marie Duru-Bellat : Pour répondre à cette question, il suffit d’imaginer ce que serait la situation sans système scolaire. Les inégalités sociales seraient bien plus fortes, évidemment. De plus, l’école n’est pas imperméable aux évolutions économiques et sociales, la montée du chômage n’arrange rien.
Cela dit, à partir du secondaire, les inégalités s’accroissent entre élèves en fonction des milieux sociaux. Si elle ne peut pas tout, on voit bien que l’école française ne fait pas assez comme le rappelle bien ce rapport. Elle ne compense pas les écarts et, au fond, dès les petites classes : les inégalités s’accumulent. Celles que l’on mesure dans l’enseignement supérieur se forgent au lycée, qui dépend de ce qui se passe au collège, qui est lui-même en partie la conséquence du parcours de l’élève au primaire... Bref, au minimum, l’école laisse faire.Lire la suite
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Libé - Consternation Hollande, chut libre
Vu l’eau qui s’engouffre depuis mercredi dans le navire présidentiel, la métaphore marine s’est imposée chez les socialistes. Le dernier livre en date consacré aux confidences de François Hollande (Un président ne devrait pas dire ça…) et son cortège de petites phrases sur les magistrats, les joueurs de foot, le Parti socialiste, les ministres ou sa vie privée, c’est un «naufrage de communication politique» pour les uns, un «sabordage de candidature» présidentielle, disent les autres. «On était déjà au fond de la mer et je ne pensais pas qu’on pouvait tomber plus bas, se désole un ténor de la majorité. Mais là le Titanic on ne le retrouvera jamais. On est perdus dans la fosse des Mariannes», la faille océanique la plus profonde du globe, en plein océan Pacifique.
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Fondation Jean Jaurès - La situation politique en Turquie après le coup d’Etat raté
Suite au coup d’Etat raté du 15 juillet 2016, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accentué et accéléré le durcissement du régime. Aydin Cingi, directeur de la SODEV (Fondation pour la social-démocratie, Turquie), décrit et analyse l’évolution de la situation politique du pays et ses conséquences sur le fonctionnement démocratique de la Turquie