La philosophe Marylin Maeso revient sur la rumeur d'un blessé grave lors de l'évacuation du campus parisien, alors qu'aucun élément n'est venu l'accréditer. Ou comment les révolutionnaires dignes héritiers de Lénine malmènent « le bénéfice du doute » pour donner du crédit à une théorie fumeuse.
Le blessé fantôme de Tolbiac n’est plus. L’avis de décès de cette rumeur est désormais placardé dans tous les médias, et jusque dans ceux qui, à l’instar de Reporterre, de Marianne ou de Le Média, avaient relayé de manière précipitée des témoignages dans des articles dont le contenu fluctuait au rythme des palinodies de leurs sources. L’heure n’est plus aux bruits qui courent, mais à la marche lente et laborieuse de la remise en question. La route sera longue. Je n’oublierai pas de sitôt les images de Leïla décrivant, avec force détails et trémolos dans la voix, la tête ensanglantée d’un étudiant entre la vie et la mort, comme un hommage hugolien à cette commune libre universitaire qui réclamait son « Souvenir de la nuit du 4 ».
Lire la suite
________________
________________