Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 680 et 1 700 années de smic par an. Et encore, sans tenir compte de tous leurs avantages, ni même des revenus qu’ils tirent de leur patrimoine.
Les cinq patrons les mieux payés en France parmi les 120 plus grandes entreprises cotées en Bourse touchent entre 680 et 1 700 années de smic par an, selon les données 2019 publiées par Proxinvest [1]. Leur rémunération débute à partir de 9,8 millions d’euros par an (l’équivalent de 680 années de smic) pour Jean-Paul Agon, le PDG de L’Oréal. Elle atteint un record de 24,7 millions d’euros pour Bernard Charlès (Dassault Systèmes). Il faudrait à un smicard travailler 1 709 années pour gagner autant.
5,2 millions de personnes vivent au dessus du seuil de richesse de 3 542 euros, selon les estimations de l’Observatoire des inégalités. Nous manquons malheureusement de données sur l’évolution de leur nombre dans le temps.
L’Insee ne calcule pas de seuil de richesse et ne fournit pas de données assez précises pour que l’on puisse répondre avec exactitude à la question « combien compte-t-on de riches en France ? ». Malgré tout, nous avons fait une estimation. Si l’on situe le seuil de richesse à 3 542 euros mensuels (le double du niveau de vie médian), alors on compterait 8,3 % de riches selon nos calculs. En appliquant ce taux à la population des ménages fiscaux qui sert à évaluer les revenus en France (soit au total 63,1 millions de personnes), on dénombrerait donc environ 5,2 millions de riches en 2018.
FINANCE
Clément Carbonnier - Mon ennemi, est-ce vraiment la Finance ?
L’objet de ce billet n’est pas de discuter si le fait de pointer la finance – ou les financiers – comme cause de nos maux est ou non un appel du pied à ceux qui cherchent à stigmatiser des groupes de personnes sous des stéréotypes liés à cette activité. Le fait de pointer la finance est relativement répandu – un ancien président en avait fait un slogan de campagne – même sans arrière-pensée antisémite. D’autant plus que le contexte politico-économique des quatre dernières décennies a vu une forme de convergence des pays industrialisés vers des régulations néolibérales du capitalisme, donnant lieu à ce que certains appellent le capitalisme financiarisé. Mon but ici est d’argumenter que quand on accuse l’hypertrophie de la finance dans notre capitalisme actuel, on confond le symptôme avec la cause. Certes, quand on ne sait pas guérir une maladie, il peut être utile de traiter les symptômes en espérant que cela donne le temps à l’organisme de se guérir lui-même. Il n’en reste pas moins que si on veut se libérer définitivement des symptômes, mieux vaut, si on en a les moyens, s’attaquer directement à leur cause.
BIDEN
Hémisphère Gauche - Série sur les « Bidenomics ». Premier épisode (1/3) : une confiance retrouvée dans la fiscalité
Les mesures économiques prises par l’administration Biden suscitent un vif intérêt en France et en Europe. Plans d’investissement de plusieurs milliers de milliards de dollars, soutien à une hausse du salaire minimal, hausse de l’impôt sur les sociétés et sur les hauts revenus : les « Bidenomics » donnent une nouvelle ambition à la politique économique, dans un pays qui s’était fait le champion du retrait de la puissance publique depuis les années Reagan (1981-1989).
Dans cette série de trois articles consacrés aux « Bidenomics », Hémisphère gauche tente d’identifier les effets de bord de ce changement économique pour le reste du monde. L’engouement suscité par les mesures économiques de J. Biden est-il justifié ? Peut-on et faut-il importer la politique de J. Biden en France et en Europe ? Doit-on soutenir voire amplifier la diffusion des « Bidenomics » ?
HYDROGENE
Cédric Philibert - Faut-il condamner l'hydrogène "bleu"?
Alors que les plans hydrogène allemand et français insistent surtout sur la production d'hydrogène par électrolyse de l'eau à partir d'électricité "bas-carbone" - comprendre, renouvelable en Allemagne, renouvelable et nucléaire en France... - le plan britannique publié au coeur du mois d'août prévoit le développement de l'hydrogène vert et celui de l'hydrogène bleu - obtenu par reformage vapeur du gaz naturel avec capture et stockage souterrain du CO2. Provoquant ainsi la fureur et la démission de Chris Jackson, président de l'Association "hydrogène et piles à combustible" britannique. Tout ceci une semaine après la publication retentissante d’un article de Robert Howarth et Mark Jacobson titré « How green is blue hydrogen ? », ce qu’on pourrait traduire par « l’hydrogène bleu est-il vraiment vert ? » – ou vraiment écolo. Et la démonstration est que non, il n'est pas vert du tout. Seulement, cette démonstration est très discutable.
POPULISME DE GAUCHE
Non Fiction - Entretien avec Manuel Cervera-Marzal sur le populisme de gauche
Certaines des forces politiques nouvelles que l'on a vu émerger en Europe ces dix dernières années pourraient être rangées sous le concept de populisme de gauche, explique Manuel Cervera-Marzal.
Manuel Cervera-Marzal vient de publier Le populisme de gauche. Sociologie de la France insoumise (La Découverte, 2021) qui rend compte de la longue enquête qu'il a menée sur la France insoumise, qu'il analyse selon les différentes dimensions qui définissent un parti politique : la stratégie, l’idéologie, l’électorat, le mode d’organisation et le discours, avant de proposer de lui appliquer, comme à d'autres forces politiques que l'on a vu émerger récemment, le concept de populisme de gauche. M. Cervera-Marzal a aimablement accepté de répondre à quelques questions pour présenter son livre.
CHRISTOPHER LASCH
Le Vent se lève - Faut-il lire Christopher Lasch ?
Réactionnaire ? Visionnaire ? Progressiste authentique critique de la modernité ? Christopher Lasch a suscité les mêmes controverses, aux États-Unis, que Jean-Claude Michéa en France – qui est souvent décrit comme l’un de ses continuateurs. Son oeuvre phare, La révolte des élites, a tour à tour été acclamée comme ayant saisi l’esprit du temps, et décriée comme un pamphlet sans rigueur historique ou sociologique. Alors que le thème de la sécession des élites prend une place croissante dans le monde médiatique, il convient de s’intéresser à l’auteur de la notion.
PARTICIPATION NUMERIQUE
Non Fiction - Promesses et paradoxes de la participation numérique
La participation en ligne : simple illusion ou véritable redistribution du pouvoir ?
Il serait difficile de nier la présence de plus en plus importante, au cours des dernières décennies, de la participation citoyenne dans différents secteurs, du politique à l’économique en passant par le médiatique et la sphère scientifique.
Pensons, par exemple, à la citizen science, au wiki (application web qui permet la création, la modification et l'illustration collaboratives de pages à l'intérieur d'un site web), au crowdsourcing ou aux figures du pro-am (amateur ayant développé des compétences techniques et cognitives semblables aux professionnels) et du prosumer (l’internaute du Web 2.0, au style interactif, à la fois producteur et consommateur). Réalités qui donnent une idée de la reconfiguration en acte dans nos sociétés contemporaines des rôles des professionnels et des non-professionnels dans la production et la médiation de contenus.
ENRIQUE DUSSEL
LVSL - « La vie prévaut sur la liberté absolue » – Entretien avec Enrique Dussel
Enrique Dussel est un intellectuel mexicain majeur de notre époque. Sa pensée, profondément anti-néolibérale, est riche tant elle s’appuie sur des domaines (géographie, histoire, philosophie, théologie) et des auteurs variés. Il est, en particulier, l’un des fondateurs de la philosophie de la Libération et joua un rôle central dans la formation des militants du parti-mouvement mexicain Morena qui a porté l’actuel président Andrés Manuel López Obrador au pouvoir. Dans cet entretien, il revient avec nous sur sa formation intellectuelle, ses différents travaux, notamment ceux portant sur le marxisme, et sur quelques questions contemporaines. Entretien réalisé et transcrit par Alexandra Peralta, Julien Trevisan et Victor Woillet.