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Idées - Page 2

  • La Vie des Iées - Jerry Cohen, défenseur radical de l’égalité

    On doit à Gerald Allan Cohen d’avoir reposé le marxisme sur d’autres bases philosophiques, guidé comme il a toujours été par le souci de lutter contre tous les arguments anti-égalitaristes.

    Né à Montréal en 1941, Gerald A. Cohen – il se faisait appeler Jerry – est brutalement décédé d’un AVC le 5 août 2009, laissant derrière lui une œuvre inachevée, tant furent nombreux les champs de réflexion qu’il a ouverts. Professeur à Oxford, critique sans concession de ses interlocuteurs, fidèle à ses convictions égalitaristes issues de sa jeunesse, il était à la fois radical, nuancé et plein d’humour. Il a grandi dans un milieu populaire imprégné de marxisme. Sa mère, originaire d’Ukraine – elle a fui le stalinisme à l’âge de 18 ans – était ouvrière, elle fut longtemps militante au Parti communiste du Québec. Son père, canadien, doté d’un « pedigree prolétarien irréprochable... sans aucun enseignement secondaire », était lié à l’Ordre du peuple Juif uni, une organisation prosoviétique, antisioniste et antireligieuse, qui gérait l’école Morris Winchewsky, dans laquelle le jeune Cohen reçut son éducation primaire, jusqu’en 1952 lorsque cet établissement fut réprimé par la Brigade anti-subversive de la police provinciale du Québec. Il poursuivit sa scolarité dans une école publique protestante, avant d’intégrer l’Université McGill, à Montréal, en 1958, puis l’Université d’Oxford, en Angleterre, où il étudia la philosophie analytique (notamment sous la direction de Gilbert Ryle et d’Isaiah Berlin) de 1961 à 1963.

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  • La Vie des Idées - Le spleen du voyageur À propos de : Juliette Morice, Renoncer aux voyages. Une enquête philosophique, Puf

    Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Mais au fait, pourquoi voyager ? Et peut-on habiter le monde tout en le parcourant ?

    Voyage-t-on jamais pour de bonnes raisons ? Dans Renoncer aux voyages, Juliette Morice, spécialiste de l’histoire des voyages aux XVIe-XVIIIe siècles, nous invite à mettre en perspective les discours qui nous intiment de ne plus voyager – en avion notamment – pour sauver la planète, en les rapportant aux controverses qui, dès la Renaissance, interrogent l’utilité des voyages. Si les manuels sur « l’art de voyager utilement » (p. 12) se multiplient entre les XVIe et XVIIe siècles, les doutes quant au sens et au but des voyages perdurent au sein des Lumières européennes jusqu’à l’avènement du romantisme, pour ressurgir avec virulence face au développement du tourisme de masse. Déclinant les paradoxes et les déceptions du voyage, effectué en imagination autant qu’à l’épreuve de la poussière, de la sueur et des aléas, la philosophe n’en conclut pas pour autant à la futilité, et encore moins à la nocivité, de l’acte de voyager. À travers la lecture des réflexions d’auteurs-voyageurs aussi divers que Montaigne, Chesterton ou Michaux, elle suggère au contraire que le voyage doit se comprendre comme une modalité de l’habiter : on désire voyager pour habiter le monde d’une certaine façon, en s’y mouvant transitoirement, sans s’y enraciner ni – quoique cela soit moins sûr – se l’approprier.

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  • Le Grand Continent - « Je veux parler des lieux où sont nés l’écriture, la littérature, les mythes et les dieux d’Occident », Grand Tour avec Pierre Michon

    Pour son Grand Tour, l’auteur de Vies minuscules a voulu évoquer la Mésopotamie — ou plus exactement, nous a-t-il dit, « les terres que recouvrent les Écritures ».

    Loin de la Creuse, entre quelques souvenirs du désert, il nous embarque dans une épopée de géo-histoire livresque. Nous rencontrons Hannibal. On croise Faulkner bien sûr, et Saint Augustin. Mais aussi les Évangiles, Homère et « l’exquis Bougainville ». 

    Au moment de choisir l’endroit sur lequel porterait cet entretien, vous avez employé l’expression « les terres que recouvrent les Écritures ». Quel rapport entretenez-vous avec ces dernières dans votre travail ? Est-ce un rapport de causalité dans votre écriture, de finalité, un esprit global qui vous accompagne et inspire ?

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  • Le Grand Continent - « La découverte d’Oran, c’est celle d’un labyrinthe », Grand Tour avec Kamel Daoud

    Kamel Daoud — « La lutte pour le pouvoir politique se fait à Alger. Mais la lutte pour le sens de l’algérianité, l’enjeu vital de l’Algérie, il est à Oran : si Troie tombe, qu’Oran devient une ville aseptisée, dévitalisée, alors c’est toute une culture et une façon de vivre qui auront disparu. »

    Dans ce nouvel épisode de Grand Tour, Kamel Daoud nous plonge dans les strates historiques qui servent de cadre à son nouveau roman, Houris (à paraître le 15 août chez Gallimard), un « monument littéraire » sur la guerre civile algérienne. 

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  • Le Grand Continent - Les intellectuels russes entre les deux Occidents

    En Russie, des intellectuels conservateurs non inféodés à Poutine débattent de l’hypothèse d’une Europe « effrontée » qui pourrait rechercher l’alliance avec Moscou. En opposant une « Europe de Popper » à une « Europe de Spengler », ils donnent à voir la controverse qui tiraille les tenants d’une Russie-civilisation contre ceux qui veulent croire à « l’Occident d’après ».

    La question de l’identité russe et de son rapport à l’Europe a toujours été au cœur des interrogations des intellectuels et hommes politiques russes depuis au moins le XVIIIe siècle.

    Au fil des années, le régime russe contemporain est passé de l’idée de la Russie comme partie intégrante de la civilisation européenne — avec certes des particularités en termes spatiaux, puisque le territoire russe s’étend jusqu’à l’Asie-Pacifique et que Moscou a toujours insisté sur cette vocation asiatique ou eurasiatique — pour finalement lui préférer la la notion de Russie comme un État-civilisation. Cette évolution du positionnement civilisationnel est bien évidemment le résultat des relations de plus en plus tendues avec l’Occident et la recherche progressive d’une « voie particulière » russe qui justifie la rupture progressive des liens avec les Occidentaux.

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  • La Vie des Idées - Le capitalisme d’enclaves et la fin de la démocratie

    À propos de : Quinn Slobodian, Crack-Up Capitalism. Market Radicals and the Dream of a World Without Democracy, Metropolitan Books

    À bas bruit, le capitalisme a construit son utopie : un monde débarrassé de la démocratie, de la citoyenneté et de l’État, disséminé sur une multitude de petits territoires reliés par la mobilité du capital et des élites.

    Le monde manque d’utopies, regrette-t-on parfois. En réalité, certaines utopies adviennent sous nos yeux, sans que nous y prenions garde. Dans son dernier livre, l’historien canadien Quinn Slobodian invite ses lecteurs à voyager dans le monde rêvé par un groupe d’intellectuels et d’entrepreneurs néolibéraux, celui d’un capitalisme débarrassé de la démocratie et de la puissance publique. La particularité de ce projet est de ne pas s’incarner en un seul lieu, par exemple un État garant d’un modèle spécifique et protégé par des frontières, mais dans une multitude de micro-territoires reliés les uns aux autres par la mobilité du capital et des élites, unies par un commun rejet de l’État et de la démocratie.

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  • La Vie des Idées - Murray Bookchin : à bas la hiérarchie !

    Écologiste anarchiste, penseur des causes sociales de l’affrontement destructeur entre nos sociétés et la nature, et théoricien d’un municipalisme libertaire à construire dès aujourd’hui, Murray Bookchin est une figure essentielle de l’écologie politique.

    Réchauffement climatique, étalement urbain, réduction de la biodiversité, autoritarisme d’État, impasse du « capitalisme vert », lutte contre le racisme et le patriarcat, dépassement du dualisme nature-société, stratégies de lutte écologistes et sociales, démocratie directe, éco-technologie, besoin de nouvelles sensibilités… Murray Bookchin, ouvrier chez General Motors et penseur autodidacte, aurait-il déjà posé toutes les questions qui agitent l’écologie politique et les mouvements sociaux contemporains ? Encore trop méconnue en France, cette figure incontournable de l’écosocialisme tendance anarchiste, membre actif de la Nouvelle Gauche et du mouvement écologiste américain, connaît un regain d’intérêt, et n’a cessé d’être lue dans le monde anglophone. Son écologie s’attaque en effet directement aux causes sociales des catastrophes environnementales, sa confiance dans les capacités créatrices et rationnelles de l’humanité est un antidote au pessimisme, et son municipalisme libertaire propose une façon radicalement différente d’envisager la politique. Bookchin ne craint ni l’utopie, qui nourrit de nouveaux imaginaires, ni les grands récits de l’histoire humaine, tant qu’ils ouvrent l’horizon sans déterminisme, et c’est ce qui en fait un penseur précieux pour notre temps.

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  • LVSL - Johann Chapoutot, Sophie Wahnich : totalitarisme, limites d’un concept

    Trois décennies après la fin de la Guerre froide, la popularité du concept de totalitarisme n’a pas faibli. Au cœur des programmes scolaires, et fréquemment employée dans le débat public, la notion est pourtant ignorée voire rejetée par une grande partie des historiens actuels. Ils reprochent au
    « totalitarisme » d’être une abstraction ne décrivant que superficiellement le nazisme, le stalinisme ou la Révolution française – dont une historiographie très diffusée en a fait la matrice du totalitarisme.

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  • LVSL - CONFÉRENCE – JAURÈS ET LA SOCIALE, UNE THÉORIE SOCIALISTE ET ÉMANCIPATRICE DE L’ÉTAT

    De la gauche à l’extrême-droite, l’héritage de Jean Jaurès, père du socialisme français, est fréquemment revendiqué. Galvaudée, sa figure est alors érigée en autorité, celle de l’apôtre de la paix ou d’une gauche qui savait encore être patriote. Mais derrière ces images convenues, peu se réfèrent directement à son œuvre théorique, masquée par l’ombre portée de son action politique et par l’aura du martyr. Ainsi, la littérature sur la conception philosophique de l’État jaurésien est abondante, mais en général mal connue au-delà des cercles universitaires. C’est l’ambition de cette table-ronde que de rendre accessible à un public élargi la pensée de Jaurès sur une institution qui fait débat à gauche, l’État. 

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  • Non Fiction - L'examen scientifique de l'islam, rempart contre le fondamentalisme ?

    Les quatre conférences inaugurales de l'Institut français d'islamologie dessinent la voie d'une approche objective et renouvelée des sources musulmanes, dans une perspective scientifique.

    Si les études critiques et scientifiques sur les textes musulmans n’ont cessé de se développer depuis le XIXe siècle, ce n’est véritablement qu’au début des années 70 que les travaux sur le Coran et les origines de l’islam vont acter la nécessité d’intégrer, de manière critique, des sources non musulmanes dans l’étude du texte sacré. Dans le prolongement de cette dynamique et pour répondre également à « un risque de décrochage de l’islamologie française »   a été créé en février 2022, à l’initiative du Président de la République, l’Institut français d’islamologie (IFI), établissement public   chargé de publier les grands textes de l’islamologie.

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  • Non Fiction - Sommes-nous de plus en plus intolérants à l’ambiguïté ?

    Le déclin de la diversité sous toutes ses formes s’explique par notre aversion croissante pour l’ambiguïté, selon Thomas Bauer.

    Le Courage de la nuance du journaliste Jean Birnbaum a connu un certain écho lors de sa publication en 2021, à l’heure où les oppositions sont de plus en plus tranchées dans le domaine politique. Mais qu’en est-il plus globalement ? Vers un monde univoque apporte quelques réponses à cette question. Cet essai a rencontré un grand succès outre-Rhin. Son auteur, Thomas Bauer, a reçu plusieurs prix importants pour son œuvre, comme pour ce livre traduit en français avec élégance par Christophe Lucchese et préfacé de manière éclairante par Christopher Pollmann, professeur de droit et auteur du récent Le totalitarisme informatique (Le Bord de l’Eau, 2024). Professeur d’études arabes et islamiques à l’université de Münster, Thomas Bauer a également publié « La Culture de l’ambiguïté » (inédit en français) et Pourquoi il n’y a pas eu de Moyen Âge islamique (Editions Fenêtres, 2023).

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