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Réflexions - Page 36

  • Slate - Les zombies de l’Elysée ne sauveront pas la gauche, Militants socialistes de l'ENS

    Une tribune des militants socialistes de la section de l'Ecole normale supérieure.

    Le pronostic vital serait engagé, et les médecins se pressent au chevet du mourant. On se lamente, on claque des dents. Les plus pessimistes réclament l’extrême-onction; d’autres, expéditifs, portent déjà le deuil. Quant aux malins, sans trop y croire ils jouent à (se) faire peur.

    En réalité, ce kitsch morbide, que l’on affectionne dans les cénacles et les salons, et jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, est hors-sujet. La vérité est bien moins ragoûtante: le Parti socialiste est aujourd’hui un parti zombie, tout droit venu des années 1980.

    Que le monde, en trente ans, se soit transformé comme jamais ne trouble en rien le sommeil de ses chefs.

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  • Non Fiction - Jean Tirole ou penser la complexité des marchés

    Comme l’a remarqué non sans ironie l’économiste et bloggeur Tyler Cowen, beaucoup des articles de Jean Tirole montrent que la question qu’il étudie « est bien compliquée. » Pour un journaliste, un bloggeur, ou un politique, c’est assez embêtant : pas de conclusion simple, intuitive, et claire, peu de prescriptions évidentes, et rarement de solution clé en mains au problème posé. Mais si les leçons à tirer de ses travaux sont plus subtiles, certaines sont également très profondes. Plusieurs travaux de Tirole et de ses co-auteurs ont profondément changé la manière dont les économistes réfléchissent à l’organisation de la production, à ses formes de régulation, et aux outils disponibles pour l’améliorer. Et l’influence de ces travaux s’est étendue, au-delà des cercles académiques, aux organes de régulation de nombreux secteurs d’activité.

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  • La Vie des Idées - Les ouvriers, pionniers de la malbouffe ?

    Comment les classes laborieuses ont-elles vécu le passage de l’alimentation rurale à l’alimentation de l’ère industrielle ? Plutôt qu’une mutation dommageable, Kathleen L. Turner met en avant la variété de stratégies adoptées par les individus pour faire face à la place prise par l’industrie dans leur alimentation et de leurs existences.

    Recensé : Katherine Leonard Turner, How the Other Half Ate : A History of Working Class Meals at the Turn of the Century, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2014, 201 p.

    Au delà des effets de mode intellectuelle, l’effervescence des Food Studies est révélatrice de profondes inquiétudes en Amérique du Nord et en Europe [1]. Comme souvent en temps de crise, l’alimentation devient un objet de cristallisation des peurs sociales et le livre de Katherine Leonard Turner, issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2008 à l’université du Delaware, est un bon témoignage de l’évolution qui a conduit la question alimentaire des milieux militants aux cercles universitaires en passant par une large diffusion dans la société [2]. Travailler sur « les repas de la classe laborieuse au tournant du siècle » permet à l’auteur de revenir sur un moment sensible de l’histoire des États-Unis, celui de l’industrialisation, de la fin de la Frontière et de la naissance d’une nation, mais surtout d’éclairer ce qu’elle considère comme un moment clé de basculement vers les excès du présent. Ce livre, écrit dans une langue simple et agréable, destiné à sortir des cercles académiques, ne cesse de prendre son lecteur à témoin, de manière parfois naïve, pour qu’il mesure les distances parcourues et les échos d’une période révolue. Katherine Turner entend faire la preuve que la question alimentaire n’est pas triviale et qu’elle est révélatrice, comme les anthropologues et les sociologues l’ont montré depuis longtemps, des structures et des contradictions d’une société (Claude Lévi-Strauss), des hiérarchies et des rapports de classe (Jack Goody) et, plus largement, des logiques sociales de distinction (Pierre Bourdieu), de domination et de résistance, de coopération et d’affrontement, ce qui mérite évidemment examen dans notre monde actuel

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  • Terra Nova - Diviser par deux les consommations d’énergie d’ici 2050, c’est possible et nécessaire ! Note Par Antoine Guillou, Esther Jourdan, Pierre Musseau.

    Plusieurs organisations, dont l'IFRAP, ont récemment répété qu’une baisse des consommations d’énergie est incompatible avec la croissance économique. Cette note démontre que, portée par l'efficacité énergétique, elle est au contraire un moteur pour la compétitivité d'une économie, en plus d'être un impératif social et une condition du respect des engagements environnementaux.

    Synthèse

    Le projet de loi sur la transition énergétique fixe un objectif de division des consommations d’énergie par deux d’ici 2050. Lors de la lecture à l’assemblée nationale, les députés y ont adjoint un objectif intermédiaire de baisse de 20% d’ici à 2030 par rapport à l’année 2012. Mais en commission, les sénateurs ont déjà supprimé ce deuxième objectif, ce qui remet en cause sans le dire l’objectif à 2050 : si des efforts substantiels pour baisser les consommations d’énergie ne sont pas réalisés dans la prochaine décennie, il sera quasiment impossible d’atteindre un objectif plus ambitieux d’ici le milieu du siècle

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  • Observatoire des inégalités - Le taux de chômage selon le diplôme

    30 janvier 2015 -Le taux de chômage des non diplômés est trois fois supérieur à celui des diplômés d’études supérieures. Le diplôme est plus que jamais un atout pour accéder à l’emploi.


    Le taux de chômage des non diplômés est trois fois plus élevé que celui des personnes qui disposent d’un diplôme niveau bac + 2 en 2013. On compte 6 % de chômeurs chez les détenteurs d’un diplôme supérieur à bac + 2, contre 16,8 % chez les non diplômés. Le diplôme demeure une arme essentielle dans l’univers professionnel, que ce soit pour entrer sur le marché du travail ou progresser ensuite. La situation est très difficile pour ceux qui sortent du système scolaire sans qualification dans un système qui sur-valorise le diplôme par rapport à l’expérience personnelle.

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  • La Vie des Idées - Quelles sont les limites de la liberté d’expression ? par Jean-Fabien Spitz

    le 10 février

    Le philosophe américain J. Waldron voudrait que les propos haineux soient réprimés aux États-Unis, parce qu’ils constituent un tort indéniable. Il faut donc selon lui restreindre la liberté d’expression. Mais est-ce la bonne manière d’établir fermement nos idéaux d’égale dignité et de laïcité ?

    À propos de : Jeremy Waldron, The Harm of Hate Speech, Cambridge, Harvard University Press, 2012, 304 p., $26, 95.
     
    Seuls parmi les grands pays de tradition démocratique, les États-Unis accordent à la liberté d’expression et de la presse une extension qui va jusqu’au point où son exercice présente un danger clair et imminent de violence pour les personnes ou de trouble à l’ordre public [1]. La jurisprudence contemporaine – même s’il y a quelques précédents en sens contraire – conduit en effet la Cour suprême a interpréter le premier amendement de la constitution (« Le congrès ne fera aucune loi… pour limiter la liberté d’expression, ou de la presse ») comme accordant à la liberté de parole et de presse une protection qui inclut les propos haineux (hate speech) à l’égard de minorités ethniques ou religieuses. Il est donc permis d’insulter ou de manifester son mépris – par la parole ou par l’image – à l’égard de ces minorités aussi longtemps que cette manifestation ne comporte pas le risque immédiat de déboucher sur des violences réelles ou des actes effectifs de discrimination
     
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  • La Vie des Idées - Deux communautés, un destin par Abdellali Hajjat & Nonna Mayer

    le 9 février

    Le livre de Maud Mandel sur les juifs et musulmans en France montre la nécessité d’aborder antisémitisme et islamophobie comme des phénomènes liés l’un à l’autre dans notre société depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Abdellali Hajjat et Nonna Mayer en proposent une lecture croisée.

    Maud S. Mandel, Muslims and Jews in France. History of a Conflict, Princeton, PUP, 2014, 272 p.

    Abdellali Hajjat :

    La grande originalité du livre du Maud S. Mandel est de proposer, contrairement à ce que laisse penser le sous-titre, une histoire relationnelle des musulmans et juifs en France sur une période assez longue (années 1940 – années 1990), à la fois en métropole et dans les (ex-) colonies françaises. Ce défi, largement réussi, oblige à réaliser une analyse, à la fois locale et nationale, diachronique et synchronique, des relations entre différents types d’acteurs sociaux aux intérêts différenciés : organisations « juives » et « musulmanes », populations « musulmanes » et « juives », autorités politiques françaises nationales et locales (notamment marseillaises) et acteurs internationaux (mouvements sionistes, mouvements palestiniens, États nouvellement indépendants). Ce livre se situe ainsi à la croisée de l’histoire des juifs et des musulmans en France, de l’histoire coloniale et post-coloniale et de l’histoire politique française.

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  • OFCE - Politiques redistributives et demande d’équité par Gilles Le Garrec

    11 février 2015

    Six ans après le début de la Grande Récession, le bilan économique de la France reste bien morose : la croissance est atone, le nombre chômeurs s’établit à près de 3,5 millions en métropole et la dette publique s’approche de la barre des 100% du PIB (95,4 % au sens de Maastricht en 2014 selon l’OFCE). Au rang des satisfactions, on peut citer la capacité du système de protection sociale à atténuer l’augmentation des inégalités de revenu. L’indice de Gini[1] calculé sur la population active (âgée de 18 à 65 ans) montre ainsi qu’entre 2008 et 2011, l’augmentation des inégalités de revenu marchand a été de 2,9 points de pourcentage tandis que celle des inégalités de revenu disponible n’a été que de 1,8 point. Pour ce faire, les dépenses sociales ont augmenté de 0,8 point, les portant à 19 % du PIB hors branche Vieillesse[2]. Pourtant, l’une des peurs associées à la crise (sa durée, son ampleur) est celle que la France ne puisse plus continuer à garantir aux individus un aussi haut niveau de protection sociale. Cette peur est-elle justifiée ? Pas forcément.

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  • Observatoire des inégalités - La pauvreté dans les pays riches

    16 janvier 2015 -De 13 % au Danemark à 24 % aux Etats-Unis, le niveau de pauvreté varie de façon considérable entre les pays riches et selon si l’on considère le cœur de la pauvreté ou la pauvreté élargie.


    En considérant le cœur de la pauvreté (au seuil à 50 % du revenu médian) après transferts sociaux, les Etats-Unis se classent au premier rang avec 17,1 % de personnes pauvres en 2011 selon l’OCDE, suivis de la Grèce (15,2 %) et de l’Espagne (15,1 %). Avec un taux de 6 %, le Danemark est le pays riche le mieux classé. On y compte près de trois fois moins de pauvres qu’aux Etats-Unis. La France, avec 8 % de pauvres, est à peu près au même niveau que l’Allemagne (8,7 %), mais se classe devant le Royaume-Uni (9,5 %), et même la Suède (9,7 %). Entre 2005 et 2011, c’est en Grèce que le taux de pauvreté au seuil à 50 % a le plus augmenté : + 2,5 points sur la période (de 12,7 à 15,2 %), contre, à l’opposé, une baisse de près de deux points en Irlande (de 11,5 à 9,7 %).

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  • OFCE - La dette grecque, une histoire européenne… par Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak

    6 février 2015

    Fin 2014, la dette grecque représentait 317 milliards d’euros, soit 176 % du PIB, contre 103 % en 2007 et ce malgré un allègement de 107 milliards en 2012[1]. Cette dette résulte d’un triple aveuglement : celui des marchés financiers, qui ont prêté à la Grèce jusqu’en 2009, sans tenir compte du niveau insoutenable de ses déficits public (6,7 % du PIB en 2007) et extérieur (10,4 % du PIB en 2007) ; celui des gouvernements et des classes dirigeantes grecs qui ont, grâce au bas niveau des taux d’intérêt, par l’appartenance à la zone euro, laissé se développer une croissance déséquilibrée, basée sur les bulles financières et immobilières, la corruption, la mauvaise gouvernance, la fraude et l’évasion fiscale ; celui des institutions européennes qui, après le laxisme des années 2001-2007, ont imposé à la Grèce des programmes d’austérité, écrasants et humiliants, pilotés par la troïka, un étrange attelage comprenant le FMI, la BCE et la Commission européenne. Les programmes d’austérité étaient, selon la troïka, nécessaires pour réduire le déficit et la dette publics, et remettre l’économie grecque sur chemin de la croissance. Les programmes ont certes permis de réduire le déficit public (qui n’est plus que de l’ordre de 2,5 % du PIB en 2014, soit un excédent hors charges d’intérêt de l’ordre de 0,5 % du PIB), mais ils ont fait augmenter le ratio dette/PIB, en raison de la chute du PIB : le PIB grec est aujourd’hui 25 % en dessous de son niveau de 2008. L’austérité a surtout plongé la Grèce dans la détresse économique et sociale, dont le taux de chômage supérieur à 25% et le taux de pauvreté de 36 % sont de tristes illustrations.

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