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Analyses - Page 206

  • Témoignage Chrétien, Nov 2015 - Le vote FN décrypté (3/3)

    Hervé Le Bras, démographe et historien, s’est penché sur le vote Front national. Une enquête passionnante et surprenante, qui bouleverse nombre d’idées reçues. Voici la 3e partie de l'interview.

    TC : Selon les sondages, les Français ont peur…

    Absolument, la France est un pays, avec l’Allemagne, où les gens ont le plus peur de ne pas avoir de retraite et, à la question: «Est-ce que vous pensez que vous pouvez tomber dans la pauvreté ?», ils sont les plus nombreux à répondre par l’affirmative. Ce n’est pas simplement la peur de la descente sociale, c’est la peur de la descente sociale pour les enfants, et pour soi le fait de ne pas progresser. Tout cela se conjugue et nourrit ce qu’on peut appeler le second Front national, celui d’après 2007. Il trouve une nouvelle clientèle, celle des périphéries. Le premier Front national recrutait des gens enracinés qui voyaient le monde se transformer trop vite et qui perdaient le lien avec ce monde. Le second s’adresse aux déracinés, des gens qui vont s’installer dans le périurbain, assez loin, qui n’arrivent pas à faire société, parce qu’ils sont relativement isolés, parce qu’ils ont des horaires contraints et occupés par les trajets journaliers pour aller au boulot. Et ils se tournent vers le Front national pour exprimer leur angoisse. C’est là que se situe le plus fort ressort actuel du FN.

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  • Témoignage Chrétien, Nov 2015 - Hervé Le Bras, Le vote FN décrypté (2/3)

    TC : Donc, au fond, on pourrait dire que les grands changements des années 1970 donnent un sentiment de gain en certains endroits, et de perte, de décomposition ou d’angoisse en d’autres. Et que c’est là que s’enracine le vote FN.

    Oui. Bien sûr, personne ne se dit: «Le problème, c’est le supermarché.» La perte de liens sociaux génère un sentiment d’insécurité. La force de Le Pen, c’est de faire admettre comme cause l’immigré, l’étranger puis l’insécurité. Or, il y avait des étrangers, et en grand nombre depuis très longtemps, dans les régions où il obtient ses meilleurs scores sans que cela génère un vote d’extrême droite. C’est à la fin du XIXe siècle que l’immigration se généralise dans ces régions (Est et Sud-Est). Au recensement de 1931, la proportion d’étrangers en France est plus forte qu’actuellement et on était alors beaucoup plus durs avec eux(1) . Traditionnellement aussi, la criminalité est plus élevée dans les régions de population groupée. Le Front national a façonné une obsession anti-immigration, une xénophobie, une peur et une fixation sur la sécurité alors que ce n’est pas le nouveau problème. Mais ça s’incruste dans l’esprit des gens et, à partir du moment où c’est dans la tête, ça rejoint autre chose qui est lié à la circulation des rumeurs. J’ai toujours une petite méfiance à l’égard des sondages mais, dans l’un d’eux, on voyait que, plus on était dans les campagnes, plus on avait peur pour la sécurité, alors que c’est là qu’il y a en fait le moins de problèmes: pas d’immigrés et une plus faible criminalité.

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  • L'Observatoire des inégalités - Les classes sociales sont de retour !

    7 décembre 2015 - Les classes sociales, enterrées trop vite, continuent de structurer la société française. Refuser de le voir conduit au ras-le-bol social et au vote extrême. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.


    Après le ras-le-bol fiscal, place au ras-le-bol social des classes laborieuses. Les élections régionales ont été le théâtre de l’expression d’une exaspération des milieux populaires. Hausse de la pauvreté, inégalités scolaires, sur-chômage des ouvriers non qualifiés, inégalités d’accès aux soins, etc. A peine leur enterrement terminé, les classes sociales ressuscitent dans le débat public. Sous des appellations parfois différentes, « milieux », « couches » ou « catégories » sociales (voir notre encadré sur la vaine bataille des mots), un ensemble de données montre le poids de l’origine sociale (lire notre article Portrait social des classes). Faute de prendre en compte cette situation, l’action publique attise les tensions.

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  • OFCE - Après l’Accord de Paris, sortir de l’incohérence climatique Par Eloi Laurent

    S’il fallait résumer d’une formule la teneur des 32 pages de l’Accord de Paris (et des décisions afférentes) adopté le 12 décembre 2015 par la COP 21, on pourrait dire que jamais l’ambition n’a été aussi forte mais que jamais la contrainte n’a été aussi faible. C’est l’arbitrage fondamental du texte et sans doute était-ce la condition de son adoption par tous les Etats de la planète. On pensait que l’enjeu, à Paris, serait d’étendre aux pays émergents, à commencer par la Chine et l’Inde, les engagements contraignants acceptés à Kyoto voilà dix-huit ans par les pays développés. C’est exactement l’inverse qui s’est produit : sous l’impulsion du gouvernement américain, qui aura dominé de bout en bout et jusqu’à la dernière minute ce cycle de négociations (dont l’UE a été cruellement absente), tous les pays se trouvent désormais de fait hors de l’Annexe 1 du Protocole de Kyoto, libérés de toute contrainte juridique quant à la nature de leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique, qui se résument à  des contributions volontaires qu’ils déterminent seuls et sans référence à un objectif commun.

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  • La Croix, Hervé Le Bras - Le vote FN décrypté (1/3)

    Hervé Le Bras, démographe et historien, s’est penché sur le vote Front national. Une enquête passionnante et surprenante, qui bouleverse nombre d’idées reçues.

    TC: On lit votre livre un peu comme on déchiffrerait une énigme, le mystère du vote du Front national; et, comme les bons écrivains de thrillers, vous emmenez vos lecteurs sur de fausses pistes ou demi-fausses pistes.

    Hervé Le Bras: Effectivement, au départ, il faut écarter des fausses pistes. Mon projet n’était pas de partir des discours politiques, comme on le fait le plus souvent, mais de chercher pourquoi les électeurs votaient ainsi et le faisaient avec constance. C’est ce que j’ai montré avec les vingt et une cartes qui ouvrent le livre. Cette constance, on ne peut pas l’imputer à du «mécontentement», pas pendant trente ans! Première fausse piste. La deuxième serait d’imputer ce vote à une tradition plus ancienne de vote d’extrême droite. Or, si l’on observe deux moments électoraux particuliers – le vote boulangiste (même si le général Boulanger n’était certainement pas un fasciste) et, plus près de nous, le vote poujadiste –, on ne distingue pas de corrélation. Et pourtant, ce vote Le Pen à plus de 12% surgit comme de nulle part en 1984, alors qu’aux Européennes de 1978, Le Pen était à 0,2%. Voilà donc les termes de l’énigme.

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  • Slate, Fabien Escalona - Les gauches en panne face au nouvel ordre électoral

    Alors que la gauche de gouvernement attend le retour cyclique du beau temps, la gauche alternative est en faillite.

    Les deux tours des élections régionales des 6 et 13 décembre ont délivré quelques enseignements sur le niveau des gauches françaises et l’univers stratégique dans lequel elles vont évoluer jusqu’en 2017, année des prochains scrutins décisifs pour le pouvoir national.

    Rappelons tout d’abord que le total gauche enregistré lors du premier tour était de seulement 35,3%, un plus bas historique, proche des piètres scores cumulés des européennes de 2014 et des départementales de mars dernier. A cet égard, la satisfaction de Stéphane Le Foll de voir que «le total de la gauche en fait le premier parti de France» était mal placée pour deux raisons: parce qu’il ne s’agit justement pas d’un parti, et parce que l’ensemble de ces forces n’avait jamais été aussi faible à un tel scrutin. Les régionales ont ainsi confirmé une des caractéristiques du nouvel ordre électoral qui semble se mettre en place depuis l’élection de François Hollande, à savoir que la gauche y stagne à un étiage historiquement bas sous la Ve République (et même au-delà).  

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  • OFCE - La loi SRU et les quotas de logements sociaux : 15 ans après, quel bilan ?

    14 décembre 2015

    par Sandrine Levasseur

    Le 13 décembre 2015, la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains, dite loi SRU, fête ses 15 ans. Son article le plus connu, l’article 55, est aussi le plus important et le plus ambitieux puisqu’il enjoint les « grandes » communes d’accueillir au moins 20 % de logements sociaux sur leur territoire à l’horizon de 2022. Cet article de loi, plutôt controversé, a fait l’objet de multiples tentatives de détricotage durant les années 2000. Il a finalement été renforcé dans le cadre de la loi ALUR, à la fois dans ses objectifs (les quotas ayant été portés à 25 %  à l’horizon 2025 dans un certain nombre de villes) et dans ses moyens (les communes contrevenantes perdant une partie de leurs prérogatives qui reviennent au préfet). Quinze ans plus tard, quel bilan peut-on tirer de la loi SRU et de ses quotas de logements sociaux ? La Note de l’OFCE (n° 54 du 14 décembre 2015) dresse un bilan mitigé de l’article 55 de la loi SRU.

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  • Observatoire des inégalités - Portrait social des classes

    4 décembre 2015 - Des revenus à l’éducation, en passant par le logement ou la santé, les inégalités entre classes sociales continuent à structurer notre société. Une synthèse des données qui séparent les cadres supérieurs des ouvriers.


    Salaires, niveaux de revenus, pratiques de loisirs, etc. : notre société demeure structurée par les écarts qui existent entre milieux sociaux. La « moyennisation » - mise en exergue dans les années 1990 et 2000 - a fait long feu. Le revenu, le diplôme, la profession ou l’histoire familiale continuent de façonner les pratiques.

    Le premier clivage qui sépare les catégories sociales est le niveau de vie. Avec un salaire mensuel net moyen de 4 072 euros en 2013, les cadres supérieurs touchent 2,4 fois plus que les ouvriers (1 686 euros). On ne mesure pas toujours très clairement l’ampleur d’un tel écart : chaque mois, les premiers peuvent dépenser ou épargner 2 386 euros de plus que les seconds, soit près de deux mois de travail d’un smicard (le Smic mensuel se monte actuellement à 1457.52 euros). Ces inégalités de niveaux de vie se retrouvent, en version amplifiée, en matière de patrimoine. La fortune médiane (la moitié possède plus, l’autre possède moins) d’un cadre supérieur est de 214 500 euros, contre 5 500 euros pour un ouvrier non qualifié. Près de 40 fois moins.

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  • OFCE : Semestre européen : évaluer l’orientation agrégée de la politique budgétaire c’est bien, débattre de son impact économique c’est encore mieux par Raul Sampognaro

    10 décembre 2015

    Le 26 novembre, la Commission européenne a lancé le Semestre Européen avec la publication du Rapport Annuel sur la Croissance (2016 AGS selon son acronyme en anglais) et de la recommandation de politique économique pour l’ensemble de la zone euro. La Commission juge, en raison des externalités générées par la politique budgétaire entre les Etats membres et des contraintes pesant actuellement sur la politique monétaire, qu’il est nécessaire de renforcer l’attention portée sur l’orientation agrégée de la politique budgétaire dans la zone euro. Le jugement porté sur cette orientation doit tenir compte notamment des facteurs cycliques, mettant ainsi en avant le rôle de stabilisation macroéconomique de la politique budgétaire. Les services de la Commission considèrent qu’une politique globalement neutre est appropriée au contexte actuel, en raison des risques qui pèsent sur la reprise et du niveau toujours élevé du taux de chômage.

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  • L'Observatoire des inégalités - Les oubliés du numérique

    30 novembre 2015 - Les inégalités d’accès aux nouvelles technologies diminuent très nettement, notamment entre catégories sociales. Reste que 20 % de la population n’utilise pas Internet et que la moitié ne fréquente pas les réseaux sociaux.


    Entre 1991 et 2015, en France métropolitaine, le taux d’équipement en ordinateur à domicile (un au minimum) est passé de 12 à 80 %, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) [1]. Le téléphone mobile s’est fortement démocratisé ces dix-huit dernières années avec un taux d’équipement de 92 % en 2015 contre 4 % en 1997. Entre 2011 et 2015, le taux de propriétaires de smartphones a été multiplié par trois (de 17 à 58 %). Enfin, en 2015, vingt fois plus de personnes (83 %) se connectent à Internet à domicile qu’en 1998 (4 %).

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  • Libé - Le vote FN, ou l’élaboration d’une contre-société Par François Miquet-Marty, Président de Viavoice et auteur des «Nouvelles Passions françaises», éditions Michalon, 2013

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    La conjoncture, aussi puissante soit-elle, ne saurait masquer les structures silencieuses du vote FN : une société à part entière, faisant sécession au sein même du pays, avec ses propres valeurs, son économie et sa vision du monde.

    Entre ces deux tours des régionales, une forme d’évidence semble s’imposer. Le FN serait le fruit de la crise économique, de la présence des migrants et de l’actualité des attentats. Son score singulièrement élevé serait nourri par l’inefficacité perçue des dirigeants, et par leur manque de vision pour l’avenir de la France. Géographiquement, il serait favorisé au nord par la désindustrialisation, au sud, par l’immigration.

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