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Analyses - Page 203

  • Non Fiction - Philanthropie : la solidarité à l'ère néolibérale

    Résumé : Une lecture critique de l’enquête de Nicolas Duvoux sur les effets sociaux de la philanthropie.

    C’est à l’occasion d’un séjour aux États-Unis dans le cadre d’une invitation à l’université d’Harvard que Nicolas Duvoux a entrepris de mener un travail d’observation ethnographique et sociologique dans plusieurs quartiers parmi les plus défavorisés de Boston en se centrant sur l’action qu’y développe une fondation philanthropique auprès de certaines couches de la population africaine-américaine et latino-américaine.

    S’engager dans ce travail a correspondu chez l’auteur à des motivations extrêmement diverses. Il s’agit bien entendu d’abord d’un projet intellectuel. Nous tenterons d’en restituer ici les points forts. Mais ce projet a aussi représenté pour le chercheur une véritable aventure. Certainement plus qu’à l’université, aussi prestigieuse que soit Harvard, c’est dans ses pérégrinations dans les quartiers de Dorchester, Roxbury et Mattapan que Nicolas Duvoux aura véritablement découvert l’Amérique. Cette pénétration en profondeur d’un tel terrain sociologique mérite d’être d’autant plus saluée que l’univers de ces quartiers, miné par l’extrême pauvreté et un niveau de délinquance et de criminalité très élevé, a fort peu à offrir  de prime abord au promeneur solitaire. Or, nous apprend l’auteur, c’est sans véhicule personnel qu’il est parti à la découverte de ces espaces. Voilà une conduite qui, venant d’un homme blanc universitaire à Harvard, a dû être perçue par ses interlocuteurs blancs ou noirs comme étant assez proche de la démence .

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  • Qui sont les pauvres en France ?

    18 décembre 2015 - En France, la population pauvre est d’abord jeune et peu qualifiée. Le risque de pauvreté est très inégal selon les populations.


    Qui sont les 4,8 millions de personnes pauvres au seuil à 50 % du niveau de vie médian ? Si on ausculte la plupart du temps les chiffres de la pauvreté sous l’angle des taux, on oublie le plus souvent de décrire la composition sociale de cette population démunie, finalement mal connue.

    • La moitié des pauvres ont moins de 30 ans

    La pauvreté touche en premier lieu les enfants, les adolescents et les jeunes adultes (20-29 ans) dont plus d’un sur dix est pauvre. Parmi les 4,8 millions de pauvres au seuil à 50 % du niveau de vie médian, 1,7 million (plus du tiers du total) sont des enfants et des adolescents. Mais le concept « d’enfants pauvres » cache la pauvreté des parents : les enfants sont pauvres parce que leurs parents disposent de revenus insuffisants, notamment du fait du chômage, des bas salaires et du morcellement des temps de travail. Les plus de 60 ans sont moins souvent concernés. 3,6 % d’entre eux sont pauvres, et ils représentent 10,7 % des personnes pauvres. Leur situation n’en est pas moins grave : une partie de ces personnes, notamment en milieu rural, survivent avec de très bas revenus. Les plus âgés sont dans une situation particulière qu’il faut prendre en compte : il est très peu probable que leur situation évolue, alors que les plus jeunes peuvent toujours espérer un avenir meilleur.

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  • La Vie des Idées - Espagne : de l’indignation à l’organisation par Jeanne Moisand , le 20 mars

    Le mouvement espagnol Podemos émane-t-il vraiment des Indignés ? Construit en tension sur deux modèles de démocratie (participative et plébiscitaire), Podemos dépend de la confluence d’une multitude de mouvements participatifs locaux et de leurs succès électoraux au cours des mois qui viennent.

    Focalisées sur le personnage de Pablo Iglesias, les analyses du mouvement espagnol Podemos dénoncent souvent son « populisme » [1]. La success story de Podemos tient indubitablement aux capacités médiatiques de son leader, qui revendique de fait un populisme positif imprégné de références sud-américaines. Mais ce succès doit aussi être replacé dans son propre contexte : celui de l’intense mobilisation sociale qui a suivi le mouvement des Indignés en Espagne. Cristallisée autour de « marées sociales », cette mobilisation s’est ensuite institutionnalisée sous la forme d’une multitude de processus participatifs à des échelles diverses : celle des quartiers où ont continué à se réunir les assemblées indignées et où sont apparues de nouvelles formes d’activisme local ; celle des municipalités et celle des régions où s’élaborent des listes participatives pour les prochaines élections, basées sur des assemblées locales intégrées pour certaines – mais pas toutes – à Podemos ; et enfin, l’échelle étatique. Cette effervescence politique ne peut être résumée au succès individuel de Pablo Iglesias, et ce dernier pourra plus difficilement maintenir sa position dans les sondages (au coude à coude avec le PP et le PSOE) en cas de recul des mobilisations sur le terrain : les élections municipales et la plupart des régionales auront lieu entre fin mars et mai prochain (en septembre pour les élections très sensibles du parlement catalan) et seront autant de tests avant les législatives de décembre.

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  • OFCE - Des faubourgs de Londres à l’embrasement mondial : une brève histoire des émissions Par Aurélien Saussay

    16 décembre 2015

    Une nouvelle carte interactive des émissions mondiales de CO2 de 1750 à 2010 permet de mieux comprendre les responsabilités historiques des différentes régions du globe dans la crise climatique.

    La COP 21 s’est conclue le 12 décembre 2015 sur un accord historique. Alors que 195 pays viennent de s’accorder sur la nécessité de limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés à la fin du siècle, c’est le moment de revenir en arrière sur l’histoire des émissions de CO2 depuis le début de la révolution industrielle. Jusqu’à la fin des négociations, la question de la responsabilité historique des différents pays est restée l’un des principaux obstacles sur le chemin d’un accord mondial sur le climat. Les pays émergents, d’industrialisation récente, et les pays en voie de développement qui entament tout juste leur décollage économique refusent avec raison de fournir des efforts comparables aux pays développés.

    Ce sentiment est validé par une nouvelle carte interactive retraçant 260 années d’émissions de CO2 issues de la combustion d’énergie fossile et de la production de ciment à la surface de la planète[1]. Cette carte permet d’explorer les émissions de chaque pays et leur répartition dans l’espace au cours des deux derniers siècles de façon interactive, tant dans leur totalité que par habitant. Elle permet également de suivre l’évolution des émissions mondiales et la consommation progressive du budget carbone permettant de limiter le réchauffement en deçà de 2 degrés.

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  • Observatoire des inégalités - Encore un Noël au goût amer pour les catégories populaires

    19 décembre 2015 - Noël sera l’occasion d’un immense déballage. Les plus aisés ne connaissent pas la crise, alors qu’une partie de la population décroche. Un contraste de plus en plus saisissant. Le point de vue de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.


    Les fêtes de fin d’année seront l’occasion d’un immense déballage. Téléphones et tablettes seront des invités de marque. Dès novembre, les catalogues de jouets ont ouvert le bal. Début décembre, les rues se sont illuminées, les « marchés » de Noël se sont installés et la chasse aux cadeaux a commencé.
    Comment une telle frénésie de consommation est-elle possible dans un pays frappé de plein fouet par une crise d’une ampleur inégalée, où le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de deux millions depuis 2008 selon Pôle Emploi ?

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  • OFCE - Plan Juncker : donnez-moi un levier et je soulèverai le monde par Aurélien Saussay

    16 décembre 2015

    Dans son récent rapport annuel sur la croissance en Europe, l’Annual Growth Survey 2016, la Commission européenne se félicite des avancées réalisées au cours de l’année écoulée dans la mise en place du Plan Juncker. Lancé au premier semestre 2015, ce plan vise à mobiliser 315 milliards d’euros de 2015 à 2017 afin de compenser le déficit d’investissements privés comme publics dont souffre l’Union européenne depuis la crise de 2008. Le plan Juncker est le troisième pilier de la stratégie européenne (avec les réformes structurelles et la discipline budgétaire), et l’atout maître de la « commission de la dernière chance » selon l’expression du Président Juncker.

    Les premières annonces avaient suscité l’espoir que les projets financés dans le cadre du Plan pourraient faire exception à la discipline budgétaire européenne – discipline en partie responsable de l’effondrement de l’investissement en Europe depuis la crise des dettes souveraines. Il n’en est rien : ces investissements ne découleront pas de l’application d’une règle d’or des finances publiques dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance appelée par beaucoup. En réalité, seuls 21 milliards sont mobilisés conjointement par le budget européen – donc les pays membres – et la Banque européenne d’investissements (BEI). C’est l’effet de levier qui doit ensuite venir multiplier cette mise de départ pour remplir les objectifs du Plan. D’après les projections de la Commission, les 21 milliards initiaux donneront lieu à 63 milliards de prêts (x 3), qui devraient à leur tour entraîner le secteur privé à réaliser les 315 milliards d’investissements annoncés (x 5, soit au total x 15).

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  • Slate - Podemos, ou la stratégie trop politique d’un parti en panne de fraîcheur, Fabien Escalona

    La stratégie hégémonique de Podemos semble avoir marqué le pas. Même si son score sera sans doute important, son discours a perdu en originalité et s’est coupé des mobilisations concrètes auxquelles il offrait un débouché.

    À quelques jours des élections générales en Espagne, qui ont lieu le 20 décembre, les sondages témoignent d’une ascension de Podemos, qui apparaît comme un rattrapage après une spirale assez négative depuis plusieurs mois. Début novembre, une enquête du Centro de Investigaciones Sociologicas (CIS) avait même enregistré le point bas de ce reflux, en accordant seulement 10,8% au parti de Pablo Iglesias. Ce chiffre était certes proche des résultats réels obtenus par Podemos lors de sa percée aux européennes de 2014 et des scrutins régionaux et locaux tenus entre temps. Il était cependant loin (tout comme les derniers sondages) des pointes à 25% enregistrées en début d’année, et surtout en dessous des espérances formulées par Iglesias lui-même, qui prétendait un temps conquérir le pouvoir par ses propres forces.

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  • OFCE - Que nous apprennent les données macro-sectorielles sur les premiers effets du CICE ? Evaluation pour la période 2014-2015t2 Par Bruno Ducoudré, Eric Heyer et Mathieu Plane

    A la suite de la remise du Rapport Gallois sur le Pacte de compétitivité pour l’industrie française, le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) a été instauré par la loi du 29 décembre 2012. Il s’agit d’un crédit d’impôt qui permet à une entreprise de déduire de son impôt sur les bénéfices une somme égale à 6 % des salaires bruts (hors cotisations sociales patronales) versés aux salariés dont la rémunération est inférieure ou égale à 2,5 fois le SMIC.

    Dans une étude que nous venons de publier (Document de travail OFCE, n° 2015-29), nous utilisons l’information contenue dans les comptes nationaux trimestriels jusqu’au deuxième trimestre 2015 pour 16 branches de l’économie française afin d’obtenir une première analyse des effets du CICE sur l’économie.

    Les premiers résultats indiquent que le CICE contribuerait depuis sa mise en place à deux effets significatifs concernant les salaires et l’emploi. Les branches ayant reçu le plus de CICE ont vu une augmentation relative de leurs salaires et davantage de créations ou de sauvegardes d’emplois. Nous trouvons également un effet relatif négatif sur les prix de valeur ajoutée (effet compétitivité-coût) mais cet effet nous semble plus fragile à ce stade, car il nécessite pour être significatif d’exclure trois branches de l’estimation (secteur non marchand, services à la personne, services immobiliers).

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  • Témoignage Chrétien, Nov 2015 - Le vote FN décrypté (3/3)

    Hervé Le Bras, démographe et historien, s’est penché sur le vote Front national. Une enquête passionnante et surprenante, qui bouleverse nombre d’idées reçues. Voici la 3e partie de l'interview.

    TC : Selon les sondages, les Français ont peur…

    Absolument, la France est un pays, avec l’Allemagne, où les gens ont le plus peur de ne pas avoir de retraite et, à la question: «Est-ce que vous pensez que vous pouvez tomber dans la pauvreté ?», ils sont les plus nombreux à répondre par l’affirmative. Ce n’est pas simplement la peur de la descente sociale, c’est la peur de la descente sociale pour les enfants, et pour soi le fait de ne pas progresser. Tout cela se conjugue et nourrit ce qu’on peut appeler le second Front national, celui d’après 2007. Il trouve une nouvelle clientèle, celle des périphéries. Le premier Front national recrutait des gens enracinés qui voyaient le monde se transformer trop vite et qui perdaient le lien avec ce monde. Le second s’adresse aux déracinés, des gens qui vont s’installer dans le périurbain, assez loin, qui n’arrivent pas à faire société, parce qu’ils sont relativement isolés, parce qu’ils ont des horaires contraints et occupés par les trajets journaliers pour aller au boulot. Et ils se tournent vers le Front national pour exprimer leur angoisse. C’est là que se situe le plus fort ressort actuel du FN.

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  • Témoignage Chrétien, Nov 2015 - Hervé Le Bras, Le vote FN décrypté (2/3)

    TC : Donc, au fond, on pourrait dire que les grands changements des années 1970 donnent un sentiment de gain en certains endroits, et de perte, de décomposition ou d’angoisse en d’autres. Et que c’est là que s’enracine le vote FN.

    Oui. Bien sûr, personne ne se dit: «Le problème, c’est le supermarché.» La perte de liens sociaux génère un sentiment d’insécurité. La force de Le Pen, c’est de faire admettre comme cause l’immigré, l’étranger puis l’insécurité. Or, il y avait des étrangers, et en grand nombre depuis très longtemps, dans les régions où il obtient ses meilleurs scores sans que cela génère un vote d’extrême droite. C’est à la fin du XIXe siècle que l’immigration se généralise dans ces régions (Est et Sud-Est). Au recensement de 1931, la proportion d’étrangers en France est plus forte qu’actuellement et on était alors beaucoup plus durs avec eux(1) . Traditionnellement aussi, la criminalité est plus élevée dans les régions de population groupée. Le Front national a façonné une obsession anti-immigration, une xénophobie, une peur et une fixation sur la sécurité alors que ce n’est pas le nouveau problème. Mais ça s’incruste dans l’esprit des gens et, à partir du moment où c’est dans la tête, ça rejoint autre chose qui est lié à la circulation des rumeurs. J’ai toujours une petite méfiance à l’égard des sondages mais, dans l’un d’eux, on voyait que, plus on était dans les campagnes, plus on avait peur pour la sécurité, alors que c’est là qu’il y a en fait le moins de problèmes: pas d’immigrés et une plus faible criminalité.

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  • L'Observatoire des inégalités - Les classes sociales sont de retour !

    7 décembre 2015 - Les classes sociales, enterrées trop vite, continuent de structurer la société française. Refuser de le voir conduit au ras-le-bol social et au vote extrême. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.


    Après le ras-le-bol fiscal, place au ras-le-bol social des classes laborieuses. Les élections régionales ont été le théâtre de l’expression d’une exaspération des milieux populaires. Hausse de la pauvreté, inégalités scolaires, sur-chômage des ouvriers non qualifiés, inégalités d’accès aux soins, etc. A peine leur enterrement terminé, les classes sociales ressuscitent dans le débat public. Sous des appellations parfois différentes, « milieux », « couches » ou « catégories » sociales (voir notre encadré sur la vaine bataille des mots), un ensemble de données montre le poids de l’origine sociale (lire notre article Portrait social des classes). Faute de prendre en compte cette situation, l’action publique attise les tensions.

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