Les services publics concernés par cette série de billets « pédago » ou « grand public » ne sont pas tous les services publics, ni tout le secteur public, ni toutes les administrations publiques. C'est un sous-ensemble que j'ai isolé parce que, depuis le milieu des années 1980, les controverses en France et en Europe ont porté principalement sur lui : les "services publics marchands de réseau national ». Des qualificatifs (publics, marchands, de réseau national) que je précise rapidement.
Jean Gadrey - Brève histoire des services publics de réseau (2) : depuis les années 1980, la dérégulation et ses justifications
Les années 1980 voient le retour en force du thème du désengagement de l'État, en faveur de l'ouverture à la concurrence (c'est la dérégulation), et plus radicalement de la privatisation des services publics de réseau. Ce retournement majeur n'est pas un simple changement d'idéologie. C'est toute la structure institutionnelle et financière d'un nouveau capitalisme d'actionnaires et de fonds de pensions qui se met en place, en commençant par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à l'époque des gouvernements de Ronald Reagan (président de 1981 à 1989) et de Margaret Thatcher (premier ministre de 1979 à 1990). Cette « révolution conservatrice » a atteint l'Europe continentale, en particulier le capitalisme allemand et le capitalisme français, quelques années plus tard.
INEGALITES
Jean Gadrey - Lettre au Président de la République : Bernard Arnault doit monter sur le podium de Forbes l’an prochain, vous pouvez le faire gagner !
Comme beaucoup de nos concitoyen.ne.s, j’espérais que le classement Forbes 2018 des plus riches du monde consacrerait la France en marche, en faisant monter sur le podium le premier de nos premiers de cordée, le plus brillant de nos champions nationaux : votre ami, notre ami, Bernard Arnault.
Sa place de quatrième est certes remarquable, et surtout sa progression en un an a été fulgurante. Je ne doute pas que vous l’ayez appelé pour le féliciter, vous qui avez son 06 perso. Comme l’a expliqué notre télé favorite BFM Business, « dans le classement annuel… que Forbes vient de dévoiler … le patron de LVMH est passé de la 11ème à la 4ème place. Son patrimoine, estimé par Forbes à plus de 72 milliards de dollars (60 milliards d'euros), a enregistré un gain record de 71,5% sur l'année écoulée… Ce bond de 30 milliards en un an représente en fait un gain de 3,5 millions de dollars toutes les heures… Bernard Arnault n'est plus dépassé que par trois Américains : Jeff Bezos, Bill Gates et Warren Buffett… »
Non Fiction - Un monde politique de l'entre-soi
Le livre de Mathilde Larrère et Aude Lorriaux, Des intrus en politique, femmes et minorités : dominations et résistance, présente une étude fouillée concernant la situation des femmes dans le monde politique français. Publié aux Editions du Détour, cet ouvrage est le résultat d’une enquête approfondie et livre les témoignages directs d’une trentaine de femmes politiques appartenant à des partis différents.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, arrêtons-nous sur un point de sémantique : comment le dictionnaire définit-il le terme « intrus » ? Est intrus celui ou celle qui s’est « invité dans un groupe sans avoir qualité pour y être admis ». Majoritaires dans le corps social, les femmes ne sont pas les seules à être discriminées, la couleur de peau, l’origine sociale ou culturelle pouvant également constituer des obstacles dans le monde politique.
ANDRE GORZ
Non Fiction - Dans l'intimité d'André Gorz
La Lettre à D. d’André Gorz, parue en 2006 un an avant son suicide avec son épouse Dorine atteinte d’une maladie incurable, a ému la France et donné à la littérature amoureuse l’une de ses plus belles œuvres. Avec sa Lettre à G. Christophe Fourel, ami et propagateur des idées d’André Gorz, nous offre un témoignage poignant sur l’un des principaux théoriciens socialistes de la fin du XXe siècle à l’occasion des dix ans de sa disparition.
Alternant récit de leur amitié, interrogations philosophiques et commentaire de son œuvre, il adresse cette lettre à André Gorz lui-même, comme un pont dressé entre les vivants et les morts. Ce qui pourrait apparaître à un lecteur pressé comme un travail de deuil est plus sûrement un essai visant à faire vivre la pensée de Gorz par-delà son enveloppe charnelle.
PROPORTIONNELLE
Terra Nova - Une "dose de proportionnelle" : pourquoi ? comment ? laquelle ?
Le président de la République a souhaité introduire une « dose de proportionnelle » dans le scrutin législatif. Mais laquelle ? Les auteurs de ce rapport estiment que cette dose devrait se situer entre 25% et 50% des sièges de l’Hémicycle pour espérer atteindre l'objectif de la réforme : améliorer la représentativité de l'Assemblée nationale. En-dessous de 25%, la réforme n'aurait sans doute que des effets symboliques ; au-delà de 50%, elle sortirait du cadre qui lui est assigné. La question du nombre de sièges distribués à la proportionnelle est cependant loin d’épuiser le sujet : il faut encore se mettre d’accord sur le mode de calcul présidant à la répartition de ces sièges. Veut-on un système « additif » qui atténuerait l’effet proportionnel du scrutin, ou bien un système « compensatoire » qui l’amplifierait ? L'organisation du scrutin est également déterminante : les élus à la proportionnelle doivent-ils être choisis sur des listes bloquées fixées par les partis ? Et, si oui, à quelle échelle (nationale, régionale…) ? Etc. C'est l'ensemble de ces paramètres qui fixera l'équilibre du scrutin mixte que l'on s'apprête à mettre sur pied. Les auteurs ne se contentent pas d'exprimer leurs préférences : à partir d'un important travail de simulation, ils examinent les conséquences concrètes des différentes solutions envisageables sur la composition de l'Assemblée nationale à partir des rapports de force constatés en 2007, 2012 et 2017.
ALLEMAGNE
L'Arène Nue - Alexis Dirakis : « L'UE oeuvre à la transposition du modèle politique, monétaire et économique allemand à l'échelle continentale ».
Alexis Dirakis est sociologue et philosophe. Il est membre du centre franco-allemand de recherches en sciences sociales de Berlin. Après avoir publié un article roboratif sur « Les ressorts du consensus allemand sur l'Europe » dans la revue Le Débat, il revient pour L'arène nue sur ledit consensus, sur le "couple" franco-allemand et les innombrables incompréhensions qui le traversent, sur la trajectoire historique particulière de la nation allemande et sur les perspectives possible pour l'avenir de l'Europe.
Dans votre dernier article paru dans Le Débat et intitulé , vous expliquez que la vocation européenne de l'Allemagne ne s'y discute pas, et que tout le monde, outre-Rhin, est d'accord sur le fait que « l'Europe importe plus que l'Allemagne ». N'y a-t-il pas là un paradoxe alors que les dernières élections législatives (24/09) ont vu monter des partis « souverainistes » (AfD et, dans une certaine mesure, FDP), et que la crise politique actuelle dans le pays est précisément liée à cela ?
ECONOMIE COLLABORATIVE
Terra Nova - Economie collaborative : comment encadrer et encourager le pouvoir de la "multitude" ?
Fondée sur le partage, sur la mise en commun d’actifs de toutes sortes et de nouvelles formes d’organisation du travail, l'économie collaborative se développe en remettant en cause les modèles traditionnels. Cette « nouvelle économie », qui prend appui sur la transformation digitale et les mécanismes de « pair à pair », permet de proposer de façon ergonomique et à moindre coût des services dans de nombreux domaines : transport, hébergement, services à la personne, bricolage… Elle permet d’augmenter l’utilisation d’actifs souvent sous-employés (logement, voiture, outils…) et donne à de nombreuses personnes la possibilité de percevoir des revenus de complément. Néanmoins, si ses retombées positives sont indéniables, l’économie collaborative présente des aspects plus contestables : précarisation du travail, concurrence déloyale vis-à-vis des acteurs installés, manque à gagner fiscal pour l’État. Comme dans d’autres domaines gagnés par les outils digitaux et l’économie de plateforme, notre système juridique, construit par et pour une société de type industriel, s’avère souvent inadapté. Le présent rapport explore des réponses aux principaux problèmes générés par cette « nouvelle économie » et dégage une série de propositions pour permettre à la société de profiter pleinement de ces innovations organisationnelles tout en préservant les droits fondamentaux de celles et ceux qui y contribuent.
PS
L'Obs - Le PS a essayé de redescendre dans la rue, et ça a tourné au fiasco
Olivier Faure, futur premier secrétaire du Parti socialiste, a manifesté à Paris. Avant d’être obligé de quitter le cortège. Récit.
La journée s’annonçait belle. Devant le marché Saint-Quentin, un peu en dehors du parcours de la manifestation des cheminots, à des dizaines de mètres de la gare de l’Est, quelques drapeaux ornés du poing et la rose signent le retour du Parti socialiste dans la rue. Des militants parisiens installent une banderole en attendant l’arrivée de leurs chefs. Emmanuel Maurel, leader de l’aile gauche et candidat malheureux au poste de premier secrétaire, arrive le premier : "C’est une journée très importante pour les Français qui sont là pour montrer leur attachement aux services publics. Ce qui est important, c’est que le PS soit dans la rue, clairement dans l’opposition." Le député européen a l’habitude des manifestations, il ne les a jamais désertées.
Libé - PS dans le cortège: «Ils s’attendaient à être accueillis avec des roses?»
Olivier Faure et un aréopage de socialistes a été pris à partie par les manifestants. Le futur premier secrétaire a dû plier les gaules.
Le passé dure longtemps. Jeudi, en tout début d’après-midi, une délégation du Parti socialiste se pointe aux alentours de la gare de l’Est pour soutenir les cheminots. Le prochain chef du parti, Olivier Faure, est accompagné de toutes les tendances de la maison. De Patrick Kanner à Emmanuel Maurel en passant par Luc Carvounas. Un retour dans la rue pour la direction du PS après un quinquennat au pouvoir. Ils n’ont pas fait long feu dans les rangs.
Public Sénat - Un air de printemps pour le PS ?
Avec une élection interne sans bavure et une victoire nette à la législative partielle de Haute-Garonne, le PS connait-il un léger redoux ? Certains veulent y croire mais d’autres, plus prudents, estiment que le parti est encore « en convalescence ».
« Penser printemps » se plaît à répéter le président de la République, empruntant ainsi la formule du philosophe Alain. Mais l’incantation de l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande ne trouve visiblement que peu d’échos chez ses éphémères collègues socialistes. « Au mois de mai, juin dernier, nous étions plutôt en soins intensifs, nous sommes dans une phase de réanimation et je pense que nous commençons à avoir peut-être la convalescence mais la convalescence ce n’est pas la totale guérison, ce n’est qu’une étape », examine le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner.
Slate - Législatives partielles: les déçus du macronisme ne sont pas tous revenus au bercail socialiste
Les macronistes perdent des voix sur leur gauche aux législatives partielles, et le PS a retrouvé le 18 mars son unique siège de député en Haute-Garonne. Mais attention aux conclusions hâtives....
Dans cette circonscription rurale, les électeurs –ou en tout cas ceux qui se sont déplacés–ont incontestablement sanctionné le pouvoir. Il est probable que les deux mesures les plus contestées par les oppositions, la hausse de la CSG pour une partie des retraités et limitation de la vitesse à 80km/h sur les routes départementales, ont pesé lourd dans la balance.
Les électeurs de la très socialiste Haute-Garonne ont certes montré que le PS peut relever la tête, ce qui n'est pas tout à fait indifférent sur le plan psychologique pour le futur patron du parti, mais les deux premiers tour de législatives partielles à Mayotte et dans le Loiret, le même jour, se sont passés de manière bien différente.
Libé - Eric Plumer, l’armoire au placard
L’été commençait à peine. Certes, Benoît Hamon venait de se prendre la dérouillée du siècle mais Jean-Christophe Cambadélis était encore premier secrétaire du Parti socialiste (PS), et Eric Plumer, l’incontournable - au sens figuré comme au sens propre - chef du service d’ordre (SO) du Parti. L’air doux et l’apéro aidant, les deux historiques du PS laissaient remonter leurs souvenirs à la surface. Comme ce premier face à face de 2012 entre un «Camba» enfin parvenu à la tête du PS et les membres du SO, un Etat dans l’Etat socialiste, qui donnent du «Jaurès» à leur boss.
Le Parisien - Ils ont licencié «Jaurès» : Eric Plumer, une vie au service du PS
Exsangue, le Parti socialiste a dû licencier à tour de bras, allant jusqu’à remercier sa mascotte, Eric Plumer, dit «Jaurès», 17 ans à la tête du service d’ordre. Tout un symbole.
La dernière fois qu’il a vu Solférino, c’était lors d’une froide nuit de décembre. Le siège du PS, assoupi, était désert. Chef du service d’ordre (« SO ») du parti pendant près de 20 ans - et tout juste licencié dans le cadre du plan social - Eric Plumer voulait juste retourner y chercher quelques affaires. Mais surtout n’y croiser personne. « Trop dur », trop lourd. Telle une ombre. Lui qui a pourtant fait régner sa silhouette massive - 1m92 et 135 kg - sur les manifs et les campagnes socialistes depuis Jospin à Royal en passant par Hollande.
MJS
Le Vent se lève - « Le Parti Socialiste a sacrifié les ouvriers sur l’autel du libéralisme »
Élue à la tête du Mouvement des Jeunes Socialistes, Roxane Aksas Lundy revient avec nous sur ses ambitions pour la jeunesse socialiste et les rapports qu’elle entend entretenir avec le PS, Génération.s et la France Insoumise. Revendiquant le terme « gauche », elle trace les perspectives de reconquête d’une majorité populaire pour ce camp politique qu’elle ne croit pas mort avec le vieux monde.