Jérôme Fenoglio
Directeur du Monde
Christian Chavagneux
Docteur en économie
Editorialiste au mensuel Alternatives économiques
Les Matins /Le journalisme : une arme efficace... par franceculture
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Jérôme Fenoglio
Directeur du Monde
Christian Chavagneux
Docteur en économie
Editorialiste au mensuel Alternatives économiques
Les Matins /Le journalisme : une arme efficace... par franceculture
L’ami Guillaume Duval a publié hier 31 mars dans Alterecoplus un article dont le titre m’a fait bondir : « Les hommes, principales victimes de la crise ». Une partie de son diagnostic est évidente et vérifiable. Mais globalement c’est incomplet et inexact, parce que reposant unilatéralement sur les chiffres officiels du chômage, calés sur la définition (très restrictive) du BIT.
Ces chiffres montrent en effet que le taux de chômage des femmes est aujourd’hui environ inférieur d’un point à celui des hommes (graphique ci-dessous). Mais en rester là, avec un seul critère, déforme la vision des choses. Voici pourquoi.
LES CHIFFRES OFFICIELS D’ABORD
C’est récemment, depuis 2012, que le taux de chômage (officiel, au sens du BIT, calculé par l’Insee) des femmes est devenu inférieur à celui des hommes (graphique sur la période 1975-2015). Et c’est seulement avec la « grande crise », depuis 2008, que les taux ont commencé à se rapprocher puis à se croiser alors qu’ils étaient très nettement plus élevés pour les femmes avant 2008. Jusque là, Guillaume Duval a raison. Cliquer sur le graphique pour l’agrandir.
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Initialement prévue le mercredi 6 avril, la présentation du projet de loi égalité et citoyenneté en conseil des ministres a été reportée d’une semaine par le gouvernement. Inspiré des comités interministériels lancés par Manuel Valls après les attentats de janvier 2015, il est présenté comme une réponse à « l’apartheid territorial, social et ethnique » évoqué par le premier ministre le 20 janvier lors de ses vœux à la presse.
Organisés en mars et octobre 2015, les comités interministériels ont donné naissance à 65 mesures destinées à répondre aux malaises de la société française mis en évidence par les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Les domaines concernés : l’école, le logement, l’emploi, la laïcité, la lutte contre les discriminations, la citoyenneté ou encore la mixité. Vaste programme, qui comprend des mesures plus ou moins précises, et à l’avancement plus ou moins engagé, allant de la réserve citoyenne à la prévention de la radicalisation en passant par la lutte contre le décrochage scolaire.
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Le revenu annuel d’un grand patron représente de 600 à 1 120 années de Smic, selon les données 2014 publiées par Proxinvest dans son 17e rapport « La Rémunération des Dirigeants des sociétés du SBF 120 » (septembre 2015) [1]. De 8,1 millions d’euros (équivalents à 598 années de Smic) pour Jean-Paul Agon (L’Oréal) à 15,2 millions d’euros (1 122 années de Smic) pour Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan.
Les revenus pris en compte dans cette étude totalisent les salaires fixes, variables et/ou exceptionnels, les stock-options [2] et les actions gratuites. Ils ne comprennent pas, par contre, certains autres avantages comme ceux en nature (voitures, logements de fonction par exemple), les compléments de retraite sur-complémentaires alloués à certains dirigeants de grandes entreprises notamment.
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29 mars 2016 - Comment mesurer la pauvreté et la précarité ? Petit panorama des différents instruments de mesure et résumé des grandes transformations des visages de la pauvreté depuis les Trente Glorieuses, par Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. Article extrait des Cahiers français, n°390.
Qui et combien sont les pauvres et les précaires ? Tout dépend des définitions. Sous un déluge de données et d’approches toujours plus sophistiquées, il est difficile de se faire, aisément, une idée. Et différentes thèses peuvent être valablement soutenues, à partir des mêmes sources d’information. Un peu de pédagogie s’impose pour tenter d’y voir clair. On proposera, d’abord, un tableau synthétique des approches de la pauvreté et de la précarité. On s’arrêtera, ensuite, sur les trois possibilités de suivi des phénomènes : indicateur unique, indice composite ou tableau de bord aux diverses dimensions. Enfin on soulignera les principales transformations des phénomènes ainsi nommés. Même si les deux notions de pauvreté et de précarité présentent leurs spécificités, elles seront généralement abordées conjointement dans la mesure où les multiples dimensions des problèmes qu’elles désignent gomment les singularités terminologiques.
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29 mars 2016 - La France compte entre 4,9 et 8,5 millions de pauvres selon la définition adoptée. Entre 2004 et 2013, le nombre de personnes concernées a augmenté d’un million au seuil à 50 % du revenu médian, principalement sous l’effet de la progression du chômage.
La France compte 4,9 millions de pauvres au seuil à 50 % du revenu médian [1] et 8,5 millions à celui de 60 %, selon les données 2013 de l’Insee. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 7,7 %, dans le second de 13,7 %. La pauvreté a fortement progressé à partir de 2008, avec l’accentuation des difficultés économiques liées à la crise financière. Entre 2008 et 2012, le nombre de pauvres, au seuil à 50 % comme à 60 %, a augmenté de 800 000. Le taux à 50 % s’est élevé de 7 à 8 %, le taux à 60 % de 13 à 14 % sur la même période. Depuis 2012, ce taux stagne selon les dernières estimations de l’Insee [2]. En 2014, le taux estimé serait de 14,2 % au seuil à 60 % [3].
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Résumé : Tentative de développer une définition unificatrice du concept à succès de « bobos » par une enquête sociologique.
Derrière le « phénomène bobo » se cache une réalité sociologique qu’Anaïs Collet s’attache à décrypter dans un ouvrage paru en février 2015 aux éditions La Découverte. Dans Rester bourgeois, cette jeune maître de conférences en sociologie se pose la question suivante : au-delà d’un certain « rapport aux lieux » ou en tout cas un ancrage singulier dans l’espace urbain, qu’est-ce qui est commun à ceux que le langage ordinaire désigne sous le nom, non dénué parfois de mépris, de « bourgeois-bohêmes » ? Selon l’auteure, c’est l’appartenance à un même groupe social situé quelque part entre la bourgeoisie possédante et les franges basses de la classe moyenne. L’objet de son ouvrage est d’en proposer une définition unificatrice qui soit capable de tenir compte de sa diversité. Même si la méthodologie, alliant approche pragmatique et grille de lecture structuraliste, est parfois acrobatique, ses résultats et les fils d’analyse qu’elle en tire convainquent aisément le lecteur.
Anaïs Collet fait coïncider le « phénomène bobo » avec l’installation dans les années 1970 de jeunes gens issus des « nouvelles classes moyennes » dans les vieux quartiers populaires de centre-ville ou dans les anciens faubourgs ouvriers. Ceux qu’elle préfère appeler « gentrifieurs » convertissent progressivement d’anciennes zones rebuts en espaces désirables. De façon à restituer la généalogie et les parcours de ces habitants, la sociologue propose de procéder en croisant les résultats de deux terrains d’enquête situés sur les Pentes de la Croix-Rousse à Lyon et sur le Bas-Montreuil en proche banlieue parisienne. Si les profils des pionniers et de leurs descendants semblent assez variés d’un contexte à l’autre, ils partagent en tout cas une disposition singulière à faire de leur logement et de sa localisation une base de conversion d’un relatif important capital culturel en moyens de reproduction voire d’ascension sociale.
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Les attentats du 22 mars à Bruxelles ont été perpétrés par de jeunes hommes issus de l’immigration, qui ont grandi en Belgique ou en France, tout en se réclamant finalement du djihad. Ce nouvel épisode du terrorisme islamiste intensifiera inévitablement les craintes et même l’hostilité que l’opinion publique développe à l’égard de tous ceux qui appartiennent à leur groupe d’origine musulmane. Ne fera que s’approfondir le fossé qui, depuis plusieurs décennies en Belgique comme dans le reste de l’Europe, n’a cessé de se creuser entre eux et la société dont, irréversiblement, ils forment pourtant un segment constitutif.
De cette façon tend à se confirmer le séparatisme social qui s’est ethniquement établi entre les « majoritaires » qui détiennent les avantages de l’appartenance native au territoire national, et les « minoritaires » qui campent au milieu de la société sans en faire véritablement partie. La question de « l’intégration des immigrés » s’impose ainsi une nouvelle fois à l’attention. Au sein des antagonismes sociaux que génèrent les migrations contemporaines, faire ou ne pas faire partie de la nation demeure une question cruciale. Comment prendre la mesure de cet enjeu après les tueries qui viennent de se produire ?
Jenny Raflik
Maîtresse de conférences en histoire contemporaine des relations internationales à l'université de Cergy-Pontoise
Auteure de « Terrorisme et mondialisation » (Gallimard, 25 février)
Les Matins / Terrorisme, l'autre mondialisation. par franceculture
24 mars 2016
Département Analyse et Prévision (Équipe France)
Les chiffres du mois de février 2016 publiés par Pôle Emploi font apparaître une hausse de 38 400 du nombre de demandeurs d’emploi n’exerçant aucune activité (catégorie A). Si cette hausse est à première vue très forte, elle est à prendre avec prudence. Pour rappel, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi avait reculé fortement en janvier du fait d’un changement des règles administratives de réinscription. Ainsi, une partie de la hausse s’explique par la normalisation du nombre de cessations d’inscription pour défaut d’actualisation qui s’établit désormais à 218 000 en février après avoir atteint 239 000 en janvier. Par rapport au mois de décembre 2015, où les changements administratifs ne brouillent pas le signal, le nombre de chômeurs inscrits dans la catégorie A a augmenté de 10 500 personnes.
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