Dans sa Critique de l’opinion publique, parue en 1922 et récemment traduite en français, F. Tönnies analyse l’émergence dans les sociétés modernes de ce tribunal moral qu’est l’opinion publique, aussi puissant que l’était la religion. Mais ce rapprochement l’empêche de voir que cette expression collective est le plus souvent mise sous contrôle.
Recensé : Ferdinand Tönnies, Critique de l’opinion publique, traduit de l’allemand par Pierre Osmo, Gallimard, Paris, 2012. 784 p., 36, 90 €.
La réception française de l’œuvre de Ferdinand Tönnies (1855-1936), considéré outre-Rhin comme l’un des « pères fondateurs de la sociologie » (avec Georg Simmel et Max Weber, qui lui doivent nombre de problématiques et d’intuitions), a été assez sinueuse. Plus vite traduit et introduit en France que Weber [1], il est ensuite tombé dans un oubli et un discrédit presque complet. Mais il connaît actuellement une sorte de seconde naissance : Communauté et société, son ouvrage majeur de 1887, a été retraduit en 2010 [2], et dans la foulée viennent d’être publiées sa monographie sur Marx [3] (1921) ainsi qu’une monumentale Critique de l’opinion publique (1922).
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