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Crise sanitaire aidant, la santé et plus largement le bien-être soutenable pourraient devenir les critères selon lesquels toutes les politiques économiques seront jugées à l'avenir par les citoyen-nes
Eloi Laurent a publié fin 2019, Sortir de la croissance. Mode d'emploi (Les liens qui libèrent), et il a accepté de répondre à nouveau à quelques questions pour présenter son livre, qui est par ailleurs en libre accès ici.
Nonfiction : Votre dernier ouvrage fait suite à une série de livres que vous avez publiés sur le même thème. Peut-être pourriez-vous alors préciser pour commencer comment il se situe par rapport aux précédents ?
Eloi Laurent : Cet ouvrage s’inscrit dans un temps court, celui de la décennie écoulée depuis la parution du Rapport Stiglitz et un temps long, les presque deux siècles passés depuis la formulation de critiques fondamentales à l’encontre de la croissance économique par John Stuart Mill au plus fort de la révolution industrielle. Ma propre réflexion sur le sujet s’apparente à une conversion : macroéconomiste orthodoxe de formation - en l’occurrence keynésien - j’ai été intellectuellement séduit puis totalement convaincu par les travaux pionniers en France de Dominique Méda, Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice, qui ont vu l’essentiel et ouvert pour une génération de chercheur(e)s dont je suis un superbe programme de réflexion et de réforme.
Une revenante : la gauche. Paradoxalement ressuscitée par le coronavirus, elle redonne de la voix, quasi unie. Une Tribune qui paraît simultanément dans sept grands médias dont France Inter propose des solutions pour l’après-crise.
Parmi les signataires, le communiste Ian Brossat, Raphaël Glucksmann du mouvement Place publique, l’écologiste Yannick Jadot, le patron du Parti socialiste Olivier Faure ou l’ancien chef des frondeurs Christian Paul. À l’exception du NPA et de France Insoumise, c’est tout l’éventail de la gauche sociale et écologiste qui est représenté. Si l’idée est bien à terme de construire les conditions d’une victoire de gauche en 2022, il n’est pas question de refaire à ce stade le programme commun mais plutôt de poser des principes forts pour l’après crise. Une première salve contre "l’impasse des politiques dominantes depuis 40 ans et le capitalisme financier." ____________________
Par Christophe Honoré , Catherine Deneuve , Pascale Ferran , Omar Sy , Mati Diop , Marion Cotillard , Jeanne Balibar , Virginie Efira , Lomepal et plus de 800 personnalités du monde de la culture — (mis à jour le )
Après avoir interpellé Emmanuel Macron sur le sort des intermittents, le collectif de plus de 800 personnalités du monde de la culture repart à l'attaque en soutien aux intérimaires et autres «extras» du secteur, massivement hors des radars des politiques de soutien mises en œuvre par le gouvernement et qui vont basculer au RSA. _____________________
Événements de dimension mondiale, sessions live, prime aux réseaux sociaux : en dépit du contexte, l’industrie musicale tente de continuer à divertir. Mais comment donc les artistes gardent-ils le contact avec leur public en temps de confinement ? Laurent-David Samama livre une deuxième analyse pour la série de la Fondation Jean-Jaurès consacrée à la place des artistes et de la culture durant le confinement _________________
C’est une information de l’agence Bloomberg : si Sanofi parvient à mettre au point un vaccin contre le Covid, les Américains seront les premiers à en bénéficier. Pourquoi les Américains, alors que Sanofi est un laboratoire français? __________________
Thomas Watanabe-Vermorel, candidat aux municipales sur une liste écolo dans le Xe, est directeur d’une école maternelle classée REP, dans le XIXe arrondissement à Paris.
Thomas Watanabe-Vermorel est directeur d’une école maternelle classée REP, dans le XIXe arrondissement à Paris. Il est également candidat aux municipales sur la liste Ecologie Paris 10. C’est sous cette casquette qu’il s’exprime aujourd’hui, avec un message : que les représentants de l’Etat arrêtent de faire croire que le protocole sanitaire est applicable à la lettre. ___________________
"La maladie a rendu visible la longue casse de l’hôpital public. Les élèves devenus invisibles ont rendu visible la longue casse du service public d’éducation."
Une tribune de Sarah P. universitaire, Isabelle S. inspectrice retraitée, Marie-Jeanne S. professeure et Christophe E. professeur, membres du groupe de travail éducation de Place publique. ______________________
TRIBUNE. Pour accepter les restrictions, les citoyens doivent les comprendre. En appeler à la peur ne suffit pas, expliquent Annabel Desgrées du Loû, directrice de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD) et Olivier Nay, professeur de science politique, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne.
Pendant la sortie de crise, les restrictions vont continuer. Pour les accepter, les citoyens devront les comprendre. Alors que la parole gouvernementale ne cesse de générer de l’anxiété, il est impératif de construire l’adhésion en partageant largement les informations scientifiques. Cela s’appelle « le transfert des connaissances ». C’est l’une des clés pour responsabiliser les individus et donner à la société les capacités de son auto-organisation. __________________
La préoccupation sanitaire quasi exclusive accordée à la lutte contre la contamination virale du Covid-19 avait conduit initialement les rédacteurs du projet de protocole pour la réouverture des écoles à recommander que la restauration scolaire se fasse dans chaque classe. Les regroupements dans les cantines étaient en effet considérés comme des facteurs de risques importants, dans la lignée même des avis du Conseil scientifique.
Cette recommandation n’a finalement pas été retenue dans la version officielle définitive, publiée le 3 mai. Et on peut le comprendre si l’on a bien en tête que les cantines scolaires jouent un rôle à la fois sanitaire et social qui a d’ailleurs été au fondement même de la politique nationale menée pour leur développement. __________________
Si l’on veut réfléchir aux modalités d’articulation de la crise sanitaire du Covid-19 avec la catastrophe écologique en cours depuis une quarantaine d’années, on peut faire travailler ensemble spécialistes de la santé publique et spécialistes des sciences sociales et environnementales ; mais on peut aussi décrire comment les différents savoirs mobilisés dans la gestion d’une crise sanitaire engagent des rapports différents à la nature et aux événements qui l’affectent. ____________________
A partir du 11 mai, les masques seront obligatoires dans les transports ou à l’école. Les masques en tissu sont-ils assez efficaces ? Y en aura t-il suffisamment et à quel prix ? Les enseignes ont-elles le droit de les réserver en priorité aux titulaires de cartes de fidélité ? Le coût des masques jetables ne risque t-il pas de gréver les budgets des familles ? État des lieux.
Il aura fallu attendre plus de 130 000 contaminations confirmées et 25 000 morts en France pour que le masque s’impose, lentement, dans les recommandations du gouvernement. Dans son discours le 28 avril devant les députés, Édouard Philippe reconnaît avoir dû gérer « le risque d’une pénurie » et opté durant plusieurs semaines pour la mise à disposition en priorité pour le personnel soignant. A partir du 11 mai, date de levée progressive du confinement, les masques vont être obligatoires dans les transports et fortement recommandés dans l’espace public. __________________
Depuis le début de l’épidémie, des nombreuses comparaisons sont faites d’un pays à l’autre, le plus souvent à partir d’un indicateur de mortalité. La présente étude propose un classement plus sophistiqué en expliquant quelle comparaison est possible entre des pays très différents. Il faut tenir compte notamment des écarts de densité et de concentration de la population, de la structure d'âge des populations et de l'intensité des flux de circulation sur le territoire. Un pays ouvert sur le monde, dense, dont la population est plutôt plus âgée et concentrée dans quelques métropoles, est à l'évidence plus exposé aux ravages du virus qu'un pays moins connecté aux échanges, peu dense, plus jeune et sans grande métropole. L’examen minutieux des données à partir de ces critères pour 24 pays (dont la France) par l'historien des populations Paul-André Rosental pour Terra Nova permet de les placer sur un pied de comparaison stable. La hiérarchie des résultats présente plusieurs surprises. Sur la base d'un indicateur de mortalité ainsi corrigé, l'étude tente ensuite d'évaluer les politiques publiques mises en place pour faire face à la crise dans ces différents pays. __________________
Les images montrant M. Philippe ou M. Véran au côté de M. Delfraissy, le président du conseil scientifique français dédié au Covid-19, se sont multipliées ces dernières semaines. Elles avaient évidemment pour but de rassurer les Français sur la place que tient l’expertise scientifique dans les choix politiques et de crédibiliser la parole du politique dans une situation où les inconnues qui entourent le virus sont nombreuses. Pour autant qu’elle se conçoive naturellement, cette relation du politique au scientifique n’est pas sans dangers ni écueils. Cent ans après la parution de l’ouvrage Le Savant et le politique de Max Weber, il convient de s’interroger notre rapport à la science et au savoir et, plus profondément, sur leur statut dans nos sociétés. ______________________
POLITIQUEL’ancien premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, annonce ce « green deal français » pour « des raisons politiques évidentes, [car] le libéralisme économique ne va pas être de saison »
Pas un tournant à gauche mais un virage écologiste pour Emmanuel Macron. C’est ce que pense Jean-Christophe Cambadélis, ancien patron du PS, dans un entretien au Point samedi. « Emmanuel Macron n’a pas en tête un tournant à gauche. Mais il réfléchit à un nouveau cours rooseveltien écologiste. Ceci pour des raisons politiques évidentes, le libéralisme économique ne va pas être de saison. Il pense ainsi recapitaliser son "progressisme" dissous dans le centre droit », souligne l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste. ___________________
A Clermont-Ferrand, les anciens salariés de Luxfer, seule usine d’Europe fabriquant des bouteilles d’oxygène médical et des appareils respiratoires pour les pompiers, se tiennent prêts. Leur espoir? Relancer leur outil de production et participer à leur façon à l’effort de guerre contre l’épidémie de coronavirus. Leur avenir est suspendu à la décision que prendra Bercy. «Il n’y a que l’Etat qui peut faire sauter ce verrou», tempête Axel Peronczyk, représentant CGT des salariés qui ont occupé leur usine en février et en mars. «Si Luxfer refuse de vendre, il faut nationaliser», abonde la députée socialiste du Puy-de-Dôme, Christine Pires Beaune. ____________________
Après avoir participé à un meeting contre le "coronaviril", certaines élues ont été critiquées en interne ou tout simplement ignorées.
Le sexisme en politique et à gauche en particulier a encore de beaux restes. Pour preuve, le meeting qui s’est tenu en ligne mercredi 6 mai entre des élues de gauche et des femmes de la société civile pour dénoncer les reculs des droits et de la visibilité des femmes observés pendant ce confinement, rebaptisé “Coronaviril”. ____________________
Arnaud Montebourg multiplie les apparitions médiatiques depuis quelques semaines. Il y dénonce les ravages de la mondialisation et le fait qu'Emmanuel Macron a été l'un des artisans de la délocalisation d'une partie de l'appareil productif français.
Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron ont quelques points communs.
Ils ont tous deux été ministre de l’économie, tous deux sous l’autorité du même président, François Hollande, et ils l’ont également tous deux trahis. Emmanuel Macron en se présentant à sa place à l’élection présidentielle, en 2017. Arnaud Montebourg en essayant, trois ans plus tôt, de lui faire avaler l’amer breuvage de la "cuvée du redressement". C’est d’ailleurs ce qui lui a coûté sa place à Bercy.
Si les personnes âgées constituent le gros des victimes de la pandémie, les travailleurs d’âge moyen ont également été affectés par le Covid-19. C’est en particulier le cas des professionnels de la santé et des employés dont les postes, au contact du public, augmentent le risque d’exposition au coronavirus.
Dans le contexte de cette pandémie, les personnes occupant des emplois à bas salaires dans les services essentiels sont fréquemment contraintes, y compris pour des raisons économiques, de poursuivre leur activité en dépit des risques pour la santé. Risques de contamination sur le lieu de travail, conditions de logement difficiles et comorbidités pourraient alors, en agissant de concert, aggraver les inégalités sociales en matière de santé, avec un effet amplificateur des pertes de revenus et licenciements générés par la crise.
Telle qu’elle fut menée en France, la décentralisation a tendu à mettre de plus en plus en danger la République. Multipliant les exceptions, elle a calqué les structures administratives sur les revendications catégorielles, voire identitaires. Elle n’a pas pour autant favorisé la démocratie. Devenue illisible, elle est demeurée affaire d’élus et, d’élection en élection, une part croissante des citoyens s’en est détournée pour se réfugier dans l’abstention. Diluant les responsabilités entre au minimum cinq niveaux d’action publique, elle a affaibli notre capacité collective à conduire de grands projets, à aménager le territoire et à assurer l’égalité des citoyens devant la loi. Cette note se propose de remettre sur le métier la toile d’une décentralisation dysfonctionnelle dès le départ pour en reposer la superstructure sur des fondations démocratiques et républicaines
Dans son discours du 5 mai lors d’une visite dans une école, le chef de l’État Emmanuel Macron déclarait : « Cette période qui s’ouvre le 11 mai, c’est notre responsabilité collective », embrayant le pas aux discours du gouvernement sur la responsabilité « civique », « citoyenne » ou encore « personnelle ». Depuis l’annonce du plan de déconfinement face aux parlementaires fleurissent ainsi les discours qui entendent installer un mouvement de transfert de responsabilité, d’abord du plus haut niveau de l’État vers les collectivités, et en dernière instance ensuite vers les citoyens. L’usage intempestif de l’expression de responsabilité collective impose un examen de ce concept, afin de prendre la mesure de l’arbitraire politique qu’il sous-tend – et ouvrir la voie à une nouvelle éthique de responsabilité fondée sur la préservation de la vie sous toutes ses formes. Par François Méresse.
Si le virus du Covid-19 s’est propagé aussi rapidement, c’est aussi parce que l’urbanisation est désormais planétaire et qu’aujourd’hui les grandes villes sont connectées les unes aux autres, insérées dans des flux internationaux de biens et de personnes.
À l’heure où nous écrivons, les confinements décidés pour juguler la propagation du Covid-19 concernent quatre milliards d’êtres humains. La simultanéité de ces décisions politiques est exceptionnelle. Le résultat sera une récession d’une ampleur inédite depuis les années 1930. Sur tous les continents, les gouvernements ont ainsi brutalement entravé la fluidité des échanges marchands, mis à mal la machine économique et déstabilisé les sociétés. Ils ont également sévèrement restreint les libertés publiques.
C'est un des effets du Covid-19 et du confinement. Avec la fermeture des chaînes de fast-food, des restaurants, des bars... Les agriculteurs ont perdu d'importants débouchés. Les producteurs de pommes de terre ont 450 000 tonnes de tubercules sur les bras, les brasseurs ont perdu 10 millions de litres de bières et le surstockage est massif pour les fromages AOP. Une situation dramatique pour les producteurs qui demandent de privilégier la filière française.
Tandis qu’en Espagne ou en Italie les listes de secteurs essentiels ont fait l’objet d’un débat public, en France le gouvernement a confiné ce débat à la sphère privée. Ce serait en effet contester la subordination du travail au capital. Or un tel débat est aujourd’hui essentiel, sinon capital.
Au début de la période de confinement, parmi les salarié.es encore en activité, quatre sur dix ont participé à une discussion sur le caractère essentiel de son activité pour le pays pendant l’épidémie, et même cinq sur dix parmi les salarié.es qui travaillaient en présentiel, selon l’enquête « Le travail sous épidémie » menée en avril par l’Ugict-CGT auprès de 30 000 salariés. Au total 43 % des salarié.es, qu’ils en aient débattu ou non, jugent leur activité essentielle. Les autres apparaissent beaucoup plus soumis au risque de contagion du fait d’un manque flagrant de protections ; ceci interroge fortement sur les conditions de sécurité de la reprise du travail dans les secteurs non essentiels lors du déconfinement actuel. Ces interrogations sur l’utilité sociale du travail et les arbitrages entre le travail et la vie peuvent-elles préfigurer un vaste débat social sur la reconversion du système productif ?
On peut tout lire et repenser à travers la crise du Covid : nos institutions, nos dynamiques économiques, nos politiques écologiques et sociales. On peut y lire aussi des contributions de toutes les sciences, ou presque. On a beaucoup parlé du rôle de certaines applications mathématiques liées à l’intelligence artificielle ou au traçage.
Il y a aussi des sujets moins médiatiques comme la modélisation statistique des dynamiques d’épidémies. Pourquoi cette discipline joue-t-elle aujourd’hui, malgré ses incertitudes, un rôle décisif dans cette crise ?