Sylvie Robert, secrétaire nationale aux Relations avec le monde culturel et artistique
Olivier Bianchi, secrétaire national à la Culture
Clément Sapin, délégué national à la Culture
Aujourd’hui, Olivier Faure, Premier secrétaire, Clément Sapin, délégué national à la culture, Sylvie Robert et David Assouline, sénateurs, étaient à la Bastille aux côtés des artistes, professionnel·e·s de la culture, élu·e·s, pour manifester contre la décision du gouvernement de ne pas autoriser la réouverture des lieux culturels au public.
Pourtant, l’espoir suscité était grand, tant pour le monde culturel que pour la population.
Tout d’abord, nous ne pouvons que dénoncer le mépris montré par le gouvernement vis-à-vis des artistes, équipes et intermittents. Comme précédemment, aucun contact préalable n’a été pris avec leurs représentants pour leur annoncer ce revirement brutal. La sanction, improvisée, est tombée comme un couperet. Quand on sait tout le travail réalisé pour élaborer des protocoles sanitaires renforcés, souvent reconnus comme exemplaires par les autorités de l’État, le sentiment de frustration et d’exaspération qui traverse le monde de la culture s’avère compréhensible et légitime.
Surtout, il est difficile de ne pas pointer les incohérences du gouvernement. Notre priorité politique demeure évidemment la résolution de la crise sanitaire et la santé des Français. Mais nous constatons tous que le brassage de population est toléré, voire encouragé, dans de multiples lieux. C’est pourquoi, aux fermetures drastiques et aux ouvertures débridées, nous prônons les ouvertures raisonnables, dans un esprit de concertation avec les professionnels et de responsabilité. Nous ne voulons aucunement opposer les uns et les autres, mais nous voulons des mesures justes et équitables pour tous, y compris pour le secteur culturel qui ne mérite aucunement ce qui s’apparente à une punition collective alors qu’il contribue largement à la création de richesse et d’emplois dans notre pays.
Aujourd’hui, nous craignons que l’imposition générale de mesures de fermeture, sans discernement, ne porte un coup fatal à de nombreux lieux de diffusion, festivals et compagnies. Car la culture a besoin d’aides financières, bien sûr, mais elle a surtout besoin de liberté, d’échanges avec le public, d’émotions et de confrontations pour maintenir sa vigueur. Son fonctionnement étant intrinsèquement fondé sur l’anticipation et la programmation, elle a aussi besoin d’une forme de visibilité. Si l’exercice est complexifié par la crise, il n’en est pas moins impossible : c’est l’intérêt des négociations liées aux protocoles renforcés.
La mise sous cloche sine die des lieux de culture ouverts au public devient désormais dramatique et entraînera un appauvrissement sans précédent de la vitalité artistique et culturelle en France. C’est aussi une privation amère pour des millions de Françaises et de Français.
Enfin, nous pensons qu’il ne revient nullement au gouvernement de décréter ce qui est essentiel pour tout un chacun. Aucune crise n’impose ce dépassement. Et nous pensons que si la culture et tous ceux qui la font vivre ne sont pas plus essentiels que d’autres, ils ne le sont certainement pas moins. Nous défendons la culture, car aujourd’hui, les choix du gouvernement traduisent un projet politique et sociétal uniquement fondé sur le consumérisme et la réouverture arbitraire de lieux qui lui seraient plus légitimes. Ce n’est pas notre vision, ce n’est pas notre projet politique.
Pour tout cela, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre de la Culture, nous vous demandons, avec les artistes, les professionnel·e·s de la culture et avec des millions de Françaises et de Français, la réouverture responsable, négociée et différenciée des lieux de culture ouverts au public.
– Mardi 15 décembre 2020