Une enquête sociologique de grande ampleur invite à saisir la discrimination comme enjeu central de la société française contemporaine : expérience destructrice de l’individu ou occasion de résistance. Mais la force de l’analyse se paye d’une trop grande généralité du propos et d’un déficit de contextualisation des données.
Recensé : François Dubet, Olivier Cousin, Eric Macé et Sandrine Rui, Pourquoi moi ? L’expérience des discriminations, Seuil, Paris, 2013, 370 p., 23 €.
Les manifestations des opposants au « mariage pour tous », qui ont rassemblé au printemps 2013 plusieurs centaines de milliers de personnes, donnent à voir ce « retour du refoulé » dont parlent François Dubet, Olivier Cousin, Eric Macé et Sandrine Rui à la fin de leur livre sur « l’expérience des discriminations ». Par cette notion, les auteurs désignent les phénomènes de crispation politique et sociale qu’on observe aujourd’hui chez tous ceux pour qui les catégories de genre et de race remettent en cause des codes politiques et moraux qui structurent leur expérience ordinaire du monde social. Longtemps occultées par les sciences sociales, ces catégories sont dénoncées comme autant d’attaques dont les hommes, les Blancs, les hétérosexuels seraient les cibles principales. Mais si le dévoilement des discriminations liées au sexe provoquent une véritable levée de boucliers, l’enjeu politique le plus clivant, selon les auteurs, est à chercher du côté des minorités ou, plus exactement, des luttes pour l’imposition des normes fondant la communauté nationale.
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