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gadrey - Page 10

  • Jean Gadrey : Climat : un « accord historique » annonciateur de la catastrophe

    Le Monde de ce soir, comme presque tous les autres, salue un « accord historique entre Chine et Etats-Unis ». Si par accord historique on veut dire que c’est mieux que si c’était pire, ils ont raison. Mais si l’on se demande si un tel accord peut nous éviter de dépasser les + 2° d’augmentation (qui produiront déjà de grands dommages humains, mais éloigneraient peut-être les risques d’emballement du climat), alors il faut parler de « défaite historique » de l’humanité.

     

    Je n’ai rien à ajouter aux excellents arguments de mon ami Maxime Combes sur son propre blog. En voici juste quelques extraits, mais la version complète est vraiment à lire.

     

    Barack Obama et Xi Jinping ont annoncé ce mercredi à Pékin leurs objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Les Etats-Unis annoncent une réduction de 26 à 28 % de leurs émissions d’ici 2025 par rapport à 2005. Quant à la Chine, elle envisage d’atteindre un pic des siennes autour de 2030, si possible avant est-il précisé.

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  • Jean Gadrey - Du « grand espoir du 20ème siècle » à la grande angoisse du 21ème

    Jean Fourastié avait écrit en 1949 « le grand espoir du 20ème siècle ». Pendant trois décennies, les faits lui ont donné raison presque en tous points. Les « Trente Glorieuses » ont vu un bond fabuleux de la productivité, une très forte réduction du temps de travail sur la journée, sur l’année et sur l’ensemble de la vie des individus, avec des conquêtes sociales considérables et une importante réduction des inégalités. Il prévoyait pour la fin du 20ème siècle la semaine de 30 heures et une durée de vie active de 35 ans, soit « les 40 000 heures » sur une vie active, titre de son livre de 1965. 40 000 heures, c’est environ 1.200 heures de travail par an pendant 35 ans. Certes, nous n’y sommes pas, mais pendant près de 40 ans, cette tendance a été vérifiée, avant de se gripper. Et d’ailleurs, si on raisonne sur l’ensemble de la population active, chômeurs compris, nous sommes environ aux 48.000 heures, bien plus proches de sa prévision que des 85.000 heures de 1950 et des 80.000 heures de 1965. La durée moyenne de vie au travail est actuellement de 34,2 ans en France, 34,5 ans dans l’UE à 27. Et j’avais montré dans ce billet que « La durée hebdomadaire moyenne du travail PAR PERSONNE ACTIVE est passée de 46h à 31h entre 1960 et 2010. En Allemagne, elle est de 29h ! »

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  • Jean Gadrey - Bonheur et revenu : sur une curieuse interprétation de Claudia Senik

    Claudia Senik, membre de la « Paris School of economics », avait fait la « une » de la presse britannique, puis française, en avançant la thèse du « malheur français » dont j’ai montré dans un précédent billet qu’elle était très contestable. Dans une contribution récente (diaporama détaillé), elle revient notamment sur un débat ancien : les gens se déclarent-ils plus satisfaits de la vie qu’ils mènent dans les pays les plus riches ? La réponse est « oui » en tendance dans le monde quand on va des pays les plus pauvres aux plus riches, ce que je ne conteste pas.

    Mais elle s’exprime aussi sur une autre question, bien plus importante : existe-t-il un seuil de revenu moyen au-delà duquel cette tendance mondiale disparaît ? Peut-on dire qu’au sein d’un sous-groupe de pays assez riches, il n’existe plus de corrélation significative entre le revenu moyen et le « bonheur déclaré » ? Il y a une dizaine d’années, divers travaux situaient ce seuil autour de 15 000 à 20 000 dollars par an et par habitant en « parités de pouvoir d’achat ». Que nous dit Claudia Senik ?

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  • « L’imposture économique » (fin) : l’idéologie de l’équilibre des marchés comme optimum social

    C’est très difficile à croire, mais c’est pourtant vrai (chapitre VIII du livre de Keen) : une ligne de défense de très « grands » économistes néoclassiques conscients des incohérences de leur corpus a été la suivante : l’irréalisme éventuel de certaines des hypothèses de la théorie n’a aucune importance ! Seul importe l’accord entre les prédictions de la théorie et la réalité.

    Le premier à avoir avancé cet argument n’est autre que Milton Friedman, qui est même allé plus loin en soutenant que des hypothèses irréalistes sont… la marque d’une bonne théorie ! Ce que Samuelson a nommé « The F-twist », la « combine F ». En épistémologie, on parle d’instrumentalisme.

    En s’appuyant sur d’autres grands auteurs, dont Musgrave, Keen réfute cette défense sur la base de considérations fines sur les différents types d’hypothèses requises dans une théorie. Il montre que les hypothèses comptent vraiment en économie. Il tente également de comprendre comment une ligne de défense aussi ahurissante a pu se propager sous les auspices de grandes « autorités », et plus généralement il avance une interprétation de « l’incroyable inertie de l’économie » (p. 206) au regard des sciences « dures » telles que les sciences physiques ou l’astronomie.

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  • Jean Gadrey - « L’imposture économique » (3) : l’analyse de l’offre des entreprises est inconsistante

    Dans la théorie néoclassique hyper dominante, la « courbe d’offre » repose sur une représentation des décisions des entreprises de produire plus ou moins afin de maximiser leur profit. Et le critère est qu’elles produisent de sorte que le prix des marchandises vendues soit égal au « coût marginal » (la dépense additionnelle nécessaire pour produire une unité supplémentaire de produit). Si cette égalité n’est pas réalisable, la courbe d’offre… ne peut exister. La théorie suppose par ailleurs 1) que ce coût marginal est croissant lorsque les quantités produites augmentent, et 2) que l’offre et la demande répondent à des comportements indépendants les uns des autres. Aucune de ces hypothèses ne résiste à la critique.

    Commençons par cette idée que le prix est égal au coût marginal. Elle explique notamment l’hostilité des néoclassiques envers les monopoles, car ces derniers disposent du pouvoir de fixer les prix au dessus du coût marginal, ce qui interdit d’envisager une courbe d’offre. Seule la « concurrence parfaite » le permet, selon les néoclassiques.

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  • Jean Gadrey - « L’imposture économique » (2) : l’analyse de la demande des consommateurs ne tient pas la route

    On ne rend pas compte d’un tel ouvrage en quelques pages sans procéder à une sélection sévère d’un nombre très limité de thèmes. Dans ce billet et dans le suivant, j’ai fait le choix de retenir deux des fondements les plus décisifs et les plus connus des étudiants dès leur première année d’études économiques : les courbes de demande et les courbes d’offre des marchandises, celles dont la bienveillante rencontre détermine le « prix d’équilibre ». Je reviendrai dans le troisième et dernier billet sur cette « idéologie de l’équilibre » liée à la croyance dans les vertus du libre marché dans tous les domaines.

     

    Tous les grands manuels destinés aux étudiants du monde entier, de celui de Paul Samuelson, « L’économique », le plus vendu dans le monde à ce jour (première édition en 1948, suivie de nombreuses autres jusqu’en 2010) à ceux de Gregory Mankiw (en particulier les « principes de l’économie », publié pour la première fois en 1998 et qui a connu une diffusion planétaire) et quelques autres, commencent par ce B-A-BA, accessible à des personnes n’ayant jamais « subi » d’enseignement économique.

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  • Jean Gadrey - « L’imposture économique », puissante critique de la théorie économique dominante (1)

    Attention, chef-d’œuvre de la critique économique ! Ce livre de Steve Keen, économiste australien mondialement réputé, considéré comme l’un des rares « grands » à avoir prédit, dès 2006, l’imminence d’une crise profonde, fin connaisseur de la théorie dite néoclassique, va sortir en librairie le 9 octobre prochain. C’est un gros volume de 530 pages (27 euros, pas cher pour une telle œuvre), mais une déconstruction aussi sérieuse, concept par concept, raisonnement par raisonnement, hypothèse par hypothèse, d’un édifice aussi complexe exige autre chose qu’un survol. Ce livre est la traduction de l’ouvrage de Keen considérablement révisé et complété en 2011 afin d’y intégrer les enseignements de la « Grande Récession » actuelle. Une première version avait été publiée en 2001. Elle annonçait l’effondrement de la bulle de la « nouvelle économie » !

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  • Jean Gadrey : Jean Peyrelevade, Miss Thatcher et Jean-Baptiste Say : le secteur marchand, vous dis-je !

    Jean Peyrelevade (JP) a été invité par Eric Fottorino, ancien directeur de Monde, à s’exprimer sur la croissance dans le n° 14 (9 juillet) de « Le un », hebdo que le second a lancé en avril dernier, avec comme objectif un grand thème et un seul par numéro. Ce numéro intitulé « croissance : pourquoi il ne faut pas y croire » ne manque pas d’intérêt, mais on y trouve aussi, sous la plume de JP, les idées les plus éculées sur le secteur marchand comme seul producteur de richesses, thème central de son texte.

    Pour mémoire, JP est avant tout, même s’il n’est pas que cela, un banquier. C’est l’homme du Crédit Lyonnais dans les années 1970, avant de passer successivement chez Suez (1983-86), à la banque Stern (1986-88), à l’UAP (1988-93) et retour au Crédit Lyonnais (1993-2003). Wikipédia ajoute « À partir de 2004, il rejoint le secteur privé et coopère avec la banque d’affaires européenne Leonardo & Co. Il est aussi administrateur de plusieurs sociétés françaises ou européennes de premier plan : Bouygues15, BG Bonnard & Gardel Holding SA16, Saur. Il est aussi membre du conseil de surveillance de KLM. Il est membre du club Le Siècle. ».

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  • Jean Gadrey - Le mondial du bonheur : et à la fin, c’est toujours le Danemark qui gagne !

    La tradition philosophique qui fait du bonheur un sujet majeur de réflexions sur la condition humaine est fort respectable. Mais la façon dont le bonheur est en passe de devenir une nouvelle pensée unique globalisée, réduite à des statistiques commentées (souvent par des économistes, ce qui n’arrange rien), sur la base d’un quasi-monopole de l’Institut Gallup dans la production des données mondiales, m’énerve de plus en plus.

    Cette mode planétaire ne date que de quelques années. La « commission Stiglitz » (2008-2009) m’a fourni un lieu d’observation en direct du lobbying ultra minoritaire mais très efficace de ceux de ses membres qui étaient les « spécialistes incontestés » du bonheur statistique. Ils n’étaient que deux sur les 25 membres (34 avec les rapporteurs) : Daniel Kahnemann (prix « Nobel » 2002) et Alan Krueger, son jeune et dynamique disciple à Princeton. Mais quelle efficacité !

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  • Jean Gadrey - Que serait un traité transatlantique de commerce et d’investissements JUSTES ?

    Cette question est essentielle pour ne pas en rester à une simple opposition au projet en cours, bien que cette opposition soit indispensable et actuellement prioritaire pour écarter le danger. Mais pour proposer quoi à la place ? Un projet alternatif a été présenté par une alliance d’associations et d’ONG (une soixantaine en Europe, une vingtaine en dehors) dans un document de 20 pages baptisé « un Mandat Commercial Alternatif » accessible en ligne via ce lien, et, pour un résumé (7 pages), via cet autre lien.

    Plus de 100 députés (ou candidats) européens auraient déjà signé à ce jour une lettre d’engagement reprenant les propositions de ce mandat. Voici cette lettre, qui vous permettra de vous faire une première idée du contenu de cet « alter-traité », en sachant que le mandat complet va plus loin que ces engagements

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  • Jean Gadrey - La transition écologique sera sociale ou ne sera pas… et réciproquement

    C’est l’une de mes marottes depuis longtemps, et j’ai été d’autant plus heureux de la voir développée et enrichie par Eloi Laurent dans des articles en anglais reprenant en partie une note qu’il avait faite pour la Fondation Nicolas Hulot (« Pour une approche social-écologique », téléchargeable, 6 pages).

     

    Les deux articles en anglais sont : « Inequality as pollution, pollution as inequality » (septembre 2013, téléchargeable) et « Social-ecology, exploring the missing link in sustainable dévelopment (OCDE, mars 2014, diapos téléchargeables).

     

    Je vais m’appuyer sur ces contributions et y ajouter mon grain de sel. J’aurai l’occasion très prochainement de commenter le livre sur l’Etat providence que vient de publier cet économiste « écolo et social ». Une espèce en voie d’apparition, mais encore trop peu présente.

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