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gadrey - Page 2

  • Jean Gadrey - Trois livres récents : Geneviève Azam, Corinne Morel-Darleux, Romaric Godin

    Trois livres très différents, même si les deux premiers ont de fortes proximités, mais trois livres qui vous (nous) enrichissent et inspirent. Voici d’abord leurs titres, éditeurs et prix :

    Geneviève Azam, Lettre à la terre (et la Terre répond), Seuil, 185 pages, 17 euros.

    Corinne Morel-Darleux, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Libertalia, 145 pages, 10 euros (5,50 en téléchargement).

    Romaric Godin, La guerre sociale en France, aux sources économiques de la démocratie autoritaire, La découverte, 18 euros.

    En résumé, pour les deux premiers, deux femmes, deux écolos, mais aussi deux écrivaines de talent qui nous entraînent dans des voyages inédits en poétisant les enjeux, chacune à sa façon, ce que suggèrent déjà les titres de leurs livres. Quant au livre de Romaric Godin, c’est un must si l’on veut comprendre les racines historiques et théoriques et le présent politique du néolibéralisme, et sa lecture est un plaisir. Pas écolo, ou si peu, mais quelle analyse fouillée et documentée !

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  • Le meilleur de 2018/19 - Jean Gadrey - Macron et sa détestation des chômeurs et des pauvres. Pourquoi ?

     Pourquoi Emmanuel Macron et l’oligarchie au pouvoir expriment-ils tant de mépris voire de hargne vis-à-vis de millions de gens en grande difficulté ? Pourquoi les désigner comme responsables de leur chômage et de leur pauvreté ? Quel bénéfice les élites néolibérales attendent-elles de ces accusations répétitives blessantes (voir le billet précédent) ?

    Il existe différentes explications complémentaires. Mais avant d’y venir, il faut faire un détour vers le parcours qui a conduit Macron à devenir « le Président des riches ».

    MACRON COMME FONDÉ DE POUVOIR DES MILIEUX D’AFFAIRES

    C’est sans doute l’explication la plus fréquente de la politique du Président comme de ses propos anti-pauvres. Elle est juste, mais elle ne suffit pas. On la trouve fort bien démontrée par les sociologues Pinçon-Charlot dans leur dernier livre, Le Président des ultra-riches (La Découverte). On doit à ces derniers cette formule choc qui peut sembler simpliste, mais leur analyse d’ensemble la justifie : « C’est Macron le capitaliste en chef qui mène la guerre des classes » (interview dans Libération).

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  • Le meilleur de 2018/2019 - Jean Gadrey - Macron a tout faux sur les chômeurs et les soi-disant « assistés »

     Les innombrables petites phrases d’Emmanuel Macron sur le sujet ne sont pas des dérapages, vu qu’il les enchaîne avec une régularité de métronome. Nous allons donc en avoir d’autres dans les mois à venir avec ce « grand débat » transformé en campagne préélectorale, dont l’objectif secondaire est l’espoir de tenir les gilets jaunes à distance : les gilets gênent.

    Les deux dernières en date ont été prononcées à l’occasion de ses rencontres fort bien organisées, filtrées et encadrées (voir ce témoignage) avec des maires, la première fois dans l’Eure, la seconde à Souillac. Dans l’Eure, à Gasny, le 15 janvier, c’était : "Les gens en situation de difficulté, on va davantage les responsabiliser car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent". À Souillac, le 18 janvier : "certains ont plus intérêt à travailler quatre à six mois, se remettre au chômage et trouver des combines à côté".

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  • Le meilleur de 2018/2019 - Jean Gadrey - Benjamin Griveaux recalé (lui aussi) au Bac ES : « toutes les autres grandes démocraties occidentales ont réglé le problème du chômage de masse. »

    Emmanuel Macron n’est pas le seul à enchaîner des inepties économiques (voir mon billet précédent). Benjamin Griveaux fait partie de ses meilleurs disciples. La dernière de ses formules choc remonte à son « grand entretien » du 7 janvier matin sur France Inter (vers 19 minutes 30) : « Toutes les autres grandes démocraties occidentales, en mettant de côté l’Espagne et le Portugal, ont réglé le problème du chômage de masse, toutes. Nous sommes les seuls à avoir un taux de chômage à 9 % quand tous les autres sont entre 4 et 6 % ».Emmanuel Macron n’est pas le seul à enchaîner des inepties économiques (voir mon billet précédent). Benjamin Griveaux fait partie de ses meilleurs disciples. La dernière de ses formules choc remonte à son « grand entretien » du 7 janvier matin sur France Inter (vers 19 minutes 30) : « Toutes les autres grandes démocraties occidentales, en mettant de côté l’Espagne et le Portugal, ont réglé le problème du chômage de masse, toutes. Nous sommes les seuls à avoir un taux de chômage à 9 % quand tous les autres sont entre 4 et 6 % ».
     
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  • Le meilleur de 2018/2019 - Alternatives Economiques - Prix des carburants : des contradictions sociales surmontables

     On a, avec les débats actuels souvent vifs sur le prix des carburants, un bon exemple des ravages de la « pensée simple » (Edgar Morin)1. En résumé : « on n’a pas le choix » (Édouard Philippe), si on veut sauver le climat, il faut taxer de plus en plus les carburants fossiles pour en freiner l’usage. C’est l’arme unique de la pensée simple.

    Et si nombre de nos concitoyens râlent ou manifestent, ils seront accusés d’être des « Gaulois réfractaires au changement nécessaire ». Le « signal prix » serait l’outil dissuasif essentiel pour aboutir au résultat : réduire nos émissions, ce qu’exige l’accord de Paris et surtout la préservation d’un avenir vivable.

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  • Le meilleur de 2018/2019 - Jean Gadrey - Le PIB et sa croissance, c’est un truc de mecs, on le sait. Mais… la décroissance aussi !

    L’idée de ce billet m’est venue en discutant avec deux amies de longue date, Florence et Dominique, de l’article du Monde sur la décroissance (30 novembre), signé de Frédéric Cazenave et Marie Charrel : « Les théories de la décroissance sont-elles vraiment applicables ? ». A priori, c’est invisible en lisant ce texte, tout comme c’est invisible quand on débat avec des « décroissants ». Il faut chausser des lunettes spéciales pour le voir. Voir quoi ? Voir que les hommes sont ultra-majoritaires dans ce récit (neuf sur douze personnes citées). Ce sont les « grands hommes » de la décroissance, comme si pour penser ce concept et écrire de belles choses sur le sujet, il valait mieux avoir un max de testostérone.

    Je me suis dit : c’est peut-être un biais involontaire et accidentel de ce reportage en terre décroissante. Du coup, je suis allé sur Wikipedia, car on y trouve un très long article, bien documenté, sur la décroissance. Et surtout une longue bibliographie, le tout remontant aux années 1970. Et là, c’est pire : sur les 58 spécialistes ou auteurs cités, on ne trouve que 5 femmes.

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  • Jean Gadrey - Voulez-vous préserver l’environnement OU la croissance et l’emploi ? Une question trompeuse de l’enquête sur les valeurs des Européens 

    Je pourrais me contenter d’afficher une relative satisfaction quant aux réponses enregistrées à cette question, dont je préciserai l’énoncé un peu plus loin. Voici le commentaire du Monde du 25 avril 2019, sous la plume de deux chercheurs à Sciences Po Grenoble : « 50 % [des Français.e.s] privilégie la protection de l’environnement au détriment de l’économie et de l’emploi. Seulement un tiers choisit l’économie ». Pour information, la préférence pour l’environnement est plus forte dans l’électorat de gauche que dans celui de droite et surtout d’extrême-droite, mais même dans ces deux derniers cas, les choses sont plus équilibrées qu’on pourrait le penser a priori.

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  • Jean Gadrey - Repousser l’âge de la retraite ou le mépris des dominants

    Billet invité, par François-Xavier Devetter, professeur d’économie à Lille

    La question du report de l’âge de départ en retraite est revenue en force ces dernières semaines. Le passage à 62 ans en 2010 peut alors être perçu comme une première étape permettant d’aller jusqu’à 65 ans et pourquoi pas au-delà... Plusieurs ministres sont allés en ce sens, l’OCDE y a ajouté son point de vue expert tandis que le nouveau président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux,  se prononçait clairement en faveur d’un report au-delà de 62 ans en affirmant que «dire aux Français qu'on peut continuer avec un âge légal à 62 ans, c'est aller contre le simple bon sens de la démographie

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  • Jean Gadrey - 100 entreprises responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre : vrai ou faux?

    Réponse : chiffre exact selon certains critères, mais largement faux quand même, et trompeur sur les responsabilités et les solutions. Voyons pourquoi.

    Cet argument des 100 entreprises a été beaucoup diffusé par des militant.e.s de la cause climatique. On le trouve par exemple dans la tribune collective du réseau « extinction rébellion » publiée dans Libération du 22 mars 2019 sous le titre « environnement : il y a urgence ». Il avait été commenté en juillet 2017 par Forbes, magazine plus habitué à classer les fortunes des milliardaires que les émissions des entreprises. La source (plus) scientifique se trouve dans des rapports annuels « The Carbon Majors Database » de l’ONG Carbon Disclosure Project en partenariat avec le Climate Accountability Institute. Mais pour aller plus loin dans les hypothèses et méthodes, il faut lire un article de 2014 de la revue Climatic Change : « Tracing anthropogenic carbon dioxide and methane emissions to fossil fuel and cement producers, 1854–2010 », par Richard Heede.

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  • Jean Gadrey - Les microplastiques sont-ils le prochain désastre sanitaire et environnemental ?

    J’ai demandé à Thierry Uso, dont j’apprécie depuis longtemps les analyses des enjeux de l’eau, s’il accepterait de rédiger un billet sur un sujet qui commence à poindre dans le débat public alors que la pollution correspondante est déjà massive. Je le remercie d’avoir accepté. Voici son billet :

    L’Union Européenne est actuellement engagée dans la rédaction de règlements et la révision de plusieurs directives dans le domaine de l’eau. Ce processus législatif va orienter pour les 30 ans à venir non seulement la politique de l’eau en Europe mais aussi celle de l’agriculture, de l’environnement et du climat. Or, le législateur est confronté à un défi inattendu et dont il a du mal aujourd’hui à évaluer l’ampleur : les micro-polluants émergents, et particulièrement les microplastiques.

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  • Observatoire des inégalités - Que serait une fiscalité (plus) juste dès 2019 ?

    Des niches fiscales à la taxe carbone en passant par la fiscalité des revenus et du patrimoine, quelles sont les mesures concrètes qui pourraient rendre la fiscalité plus juste ? Les propositions de Jean Gadrey, professeur honoraire d’économie à l’Université de Lille.

    Commençons par un rappel. La redistribution publique des revenus et d’autres ressources consiste à prélever des montants d’argent à certains (recettes fiscales) pour ensuite les dépenser (dépenses publiques). Ces deux volets influent sur les inégalités. D’abord, les « prélèvements » sont-ils justes, tiennent-ils compte des « capacités contributives », prélève-t-on proportionnellement plus sur les plus riches (c’est ce qu’on appelle alors la progressivité), suffisamment sur les entreprises par rapport aux ménages, etc. ? Ensuite, les dépenses publiques ont-elles un effet de réduction des inégalités, qu’il s’agisse des services publics (qui ont joué dans le passé un rôle positif majeur) ou des dépenses sociales (minima sociaux, allocations diverses, dépenses pour le chômage, etc.) ? Dans ce texte, on ne parlera de justice fiscale que pour le premier volet : celui des prélèvements, essentiellement les impôts et les cotisations sociales. Mais c’est dans le domaine des impôts bien plus que dans celui des cotisations sociales que des injustices sont généralement dénoncées.

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