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Peut-on encore être de gauche et aimer le steak frites? C'est la question que semble poser le dernier livre, "Quartier Rouge ", du philosophe Michaël Foessel. Dans ce nouvel essai, il montre le pouvoir politique du plaisir, des occupations joyeuses d'usines à la colère suscitée par la fermeture des théâtres et des bars lors des confinements. La gauche progressiste est en effet accusée d'être de plus en plus moraliste et ascétique, entre obligation de modération à l'aune de la crise climatique et souci de l'auto-critique face aux minorités. La droite hédoniste aurait pris la défense du plaisir.
L'auteur montre qu’il est devenu urgent de réfléchir à nouveau sur la dimension émancipatrice du plaisir. En effet, on a aujourd’hui tendance à porter une attention de plus en plus exclusive à la souffrance ou au désir comme origine de la critique sociale. Or le plaisir a une vraie valeur politique. Il permet au discours de rejoindre le réel.
Le plaisir devrait donc redevenir un enjeu pour la gauche. Ses principes n’ayant plus d’effet dans le réel. Le parti socialiste a en outre abandonné la promesse que portait son emblème - le poing et de la rose dont les épines servent d’avertissement : le plaisir et la joie ont le pouvoir de subvertir l’ordre établi. Un pouvoir de subversion et d’émancipation du plaisir qu’il faudrait réhabiliter aujourd’hui, à l’heure où le capitalisme prétend avoir formaté notre bonheur. Olivia Gesbert invite à sa table Michaël Foessel, philosophe et professeur à l’Ecole polytechnique.
Alors que la France préside le Conseil de l’Union européenne depuis janvier, et au moment du 8 mars, Agnès Hubert, présidente du think tank féministe européen Gender Five Plus (G5 +), fait le point sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne. Elle décrypte les avancées législatives mais aussi les blocages de certains États membres, notamment en matière de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR). Beaucoup reste à faire en termes de parité, d'égalité professionnelle, de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et en faveur des DSSR dans le semestre à venir et pour la Commission en place jusqu'aux élections européennes de 2024.
Agnès Hubert est interrogée par Amandine Clavaud, responsable Europe et directrice de l'Observatoire Égalité femmes-hommes, et Ghislaine Toutain, conseillère du président de la Fondation Jean-Jaurès.
Anne Hidalgo, candidate du PS à l'élection présidentielle, était l'invitée du dispositif spécial présidentielle d'Europe Matin jeudi. Elle répond aux questions de Sonia Mabrouk, Dimitri Pavlenko et Mathieu Bock-Côté au sujet de l'autonomie de la Corse, de l'Europe de la défense et du nucléaire.
Alexandre Jubelin, historien, producteur du podcast d’analyse militaire et stratégique Collimateur, rattaché à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire), est l’invité de #LaMidinale.
Son dernier titre s’appelle « J’apporte la paix » et elle l’a posté sur les réseaux quelques heures avant le début de l’offensive russe sur son pays. La chanson appelle à la résistance et à l’espoir. Khrystyna Soloviy s’est fait connaître en Ukraine grâce à l’émission « The Voice », mais surtout grâce à son premier titre composé déjà lors de la Révolution de Maïdan. Aujourd’hui, elle veut croire que son pays survivra à la guerre.
Les États-Unis ont décidé, sans concertation avec les Européens, d’imposer un embargo sur le pétrole russe. Les européens, plus dépendants sur le plan énergétique des russes que les américains, sauront-ils prendre cette décision ? Et quelles peuvent en être les conséquences. Aurore Lalucq, économiste et députée européenne, est l’invitée de #LaMidinale. VERBATIM Sur l’embargo américain et les européens « Un embargo consiste à interdire tout achat, en l’occurrence ici côté Etats-Unis, de produits listés côté Russe. » « Les Etats-Unis et leurs entreprises n’achèteront plus de gaz, de pétrole et de charbon russe. » « En Europe, on va continuer à en acheter dans qu’il n’y aura pas d’embargo sur l’achat de ce type d’énergie fossile. » « Les Etats-Unis ne sont pas du tout dans la même situation énergétique que l’Europe. Les Etats-unis ont des réserves et ils ont aussi du gaz alternatif - qui est du très mauvais gaz, à l’instar du gaz de schiste, très polluant. » Sur notre rapport au gaz « En Europe, on s’est mis dans une situation de grande dépendance vis-à-vis du gaz russe. » « Il n’y a pas de clivage gauche/droite sur le rapport au gaz. » « Il y a des politiques de gauche qui vante le gaz contre le nucléaire. » « Il y a beaucoup d’intérêt personnel : on voit d’anciens politiques allemands notamment avoir des intérêts dans Gazprom. » « En tant que députés européens, nous avons été plusieurs à nous opposer au projet Nord Stream pour des raisons environnementales et géopolitiques. » « Certains pays de l’Est dépendent à 100% du gaz russe. L’Allemagne entre 40 et 50%. La France beaucoup moins mais se passer du gaz russe va avoir des conséquences très précises et très dures. » Sur l’hypothèse d’un embargo européen « Des annonces ont été faites hier par le commissaire européen Timmermans avec une volonté de commencer à se passer du gaz russe. Mais si c’est une sanction, ça ne se fait jamais sans peine sur celui qui l’impose aux autres. Il faut aussi montrer notre solidarité vis-à-vis des ukrainiens. Et en la matière, il faut aller jusqu’au bout. Si c’est pour se débarrasser du gaz russe sur un an et demi, ça n’est pas une sanction économique. Si on veut vraiment prendre une sanction, c’est l’embargo. Mais il faut bien avoir conscience que ça aura un coût. Ça demande de la planification énergétique. » « Je ne sais pas quelles peuvent être les conséquences d’un embargo sur Poutine mais je sais quelles seront les conséquences sur l’économie russe. Il faut imposer un rapport de force avec Poutine et négocier la paix. » « À un moment donné, l’histoire va nous regarder et nous juger sévèrement. On n’a pas le choix. J’ai toujours plaidé pour notre diminution de notre dépendance au gaz russe. » « On peut prendre la décision d’un embargo brutal, il faut quasiment le faire, mais il faut planifier derrière. On ne remplace pas le gaz russe comme ça. » « On ne parviendra pas à compenser du jour au lendemain ce que l’on importe en gaz russe. Par ailleurs, les prix vont exploser. Donc il fait mettre en place un plan massif d’investissement et à commencer par le solaire (…). Il va falloir faire de la sobriété aussi. » « On risque d’avoir des coupures et nous serons amenés à établir des priorités. » Sur l’économie russe « Poutine a annoncé que seules les obligations en devise seront remboursées. Et les pays hostiles seront remboursés en roubles et non en devisé. Je rappelle que la définition d’un défaut c’est quand on ne sait plus rembourser en devise. À partir du moment où Poutine fait ça, c’est qu’il a peur d’une fuite des capitaux. » Sur la hausse des prix en France « La situation n’est pas comparable à 1974. Elle est bien plus grave. Entre 1973, 1974 et aujourd’hui, notre consommation et notre dépendance aux énergies fossiles a explosé. » « Les impacts économiques, sociaux et environnementaux seront bien plus importants que ceux de la crise des années 70. » « Le meilleur moyen de protéger les gens, c’est d’investir. » « Il nous faut un quoi qu’il en coûte. Dire le contraire est absurde. » « On peut réfléchir à la question du blocage des prix et faire des chèques aux français pour compenser socialement. » « La situation évolue toutes les heures d’un point de vue économique. » « On ne sait pas dans quelle situation macroéconomique on va se retrouver. » « On va avoir de l’inflation (…). Et il va falloir mettre la pression sur les pays de l’OPEP. » « Nous allons avoir besoin d’une vraie réforme fiscale pour taxer ceux qui ont beaucoup. » Sur l’envoi d’armes en Ukraine « La paix, ça n’est pas refuser de se défendre. » « Ceux qui, à gauche, ont défendu le gaz pendant des années, ont aussi une responsabilité. »