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  • Le meilleur de 2023 : Derrière les crises, quelle CRISE du capitalisme ? [Olivier Passet]

    Le capitalisme est hanté depuis ses origines par l'idée de son effondrement. Cette peur est d'abord de d'ordre moral. Sa démesure, l'hubris humain dont il témoigne sont source d'ivresse autant que de peur. Plus le système s'étend, plus il grossit, plus il se complexifie, échappant à la compréhension et à la capacité de pilotage humaines, plus il suscite une inquiétude sourde et une peur d'effondrement. Et la succession rapprochée de crises majeures depuis 2008 a donné de la matière aux collapsologues : avec des failles financières qui se résolvent dans une fuite en avant dans la liquidité et la dette; Une rébellion des classes moyennes contre l'iniquité du système qui fragilisent la démocratie libérale ; une crise sanitaire mondiale, qui a révélé nos vulnérabilités stratégiques ;  une crise énergétique et alimentaire induite par la guerre en Ukraine, source d'inflation et des dérèglements climatiques maintenant bien tangibles, qui virent en catastrophes sporadiques dans les différents coins de la planète. [...]

  • Vos appareils numériques : voilà l'ennemi du climat [Olivier Passet]

    22 nov. 2023  Décryptage éco
    La virtualisation de nos économies crée l'illusion pour l'utilisateur d'une innocuité environnementale. Ce dernier vit la perception trompeuse d'une miniaturisation des objets, d'une consommation électrique minime des terminaux qu'il emploie, d'un accès illimité aux images et aux sons sans déchets matériels. Et accréditant ce sentiment d'immatérialité du numérique, les GAFAM sont d'abord des mastodontes boursiers, représentant plus du cinquième de la capitalisation de l'indice phare américain, mais seulement 0,5% de l'emploi national. Cette illusion ne résiste pas longtemps à l'analyse. L'alarme est lancée depuis longtemps. [...]

  • La face cachée de l'économie circulaire : leurre écologique et croissance [Olivier Passet]

    La notion « circulaire » paraît consubstantielle du développement durable. Elle fait partie de ces concepts valises qui embarquent notre pensée dans une sorte d’évidence que l’on ne discute plus. La circularité est forcément vertueuse. Il s’agit d’optimiser l’utilisation des ressources en prolongeant la durée de vie des produits, en favorisant leur réutilisation, puis le recyclage et la régénération des matériaux, minimisant ainsi les déchets. Rompre donc avec le modèle linéaire traditionnel, fondé sur un extractivisme débridé en début de chaîne, et s’achevant sur une montagne de déchets en sortie.

    L’économie circulaire sonnerait ainsi le glas de l’obsolescence accélérée, nerf de la guerre du modèle consumériste prédateur de la planète. En subliminal, il porte aussi l’idée d’un circuit forcément court. Les matériaux vont être extraits des produits eux-mêmes et non plus des terres d’abondances lointaines. Le recyclage permettant de relocaliser sur le territoire la production de matériaux dont l’appareil productif a besoin.[...]

  • La France et la zone euro peuvent-elles échapper à l’austérité : l'impossible équation [O.Passet]

    Les économies avancées et notamment la France pourront-elles se dispenser d’une cure d’austérité budgétaire de la permissivité des dernières années ? C’est peu probable. Mêmes causes, mêmes effets, partout les déficits publics ont connu une embardée sans précédent avec la crise sanitaire. Partout, les pays ont dû relancer en 2022 des dispositifs de soutien aux ménages et aux entreprises, en distribuant des chèques, des subventions ou en activant des amortisseurs fiscaux. Et, partout, malgré tout, les comptes publics reviennent à grande vitesse dans les clous, sans que soit nécessaire d’opérer une purge. [...]

  • Le grand écart entre le CAC 40 et l'économie réelle : combien de temps encore ? [Olivier Passet]

    D'où vient cette étrange déconnexion entre la Bourse et la situation économique générale de l'économie Française. D'un côté, le CAC 40 enchaîne les records historiques. L'indice a effacé tous ces précédents pics durant le mois d'avril. De l'autre, la croissance est en berne, l'inflation persiste, faisant peser un doute l'orientation de la politique monétaire et le niveau futur les taux d'intérêt, le système financier se lézarde, tous les voyants des risques géopolitiques sont au rouge. Or la Bourse n'en a cure. Mieux, la place de Paris surperforme depuis la pandémie les autres grandes places européennes. Les raisons de ce déphasage sont connues : d'abord, la profitabilité record des fleurons de la cote en 2022, ensuite, le pari des opérateurs sur le fait que l'inflation va retomber, sans que soit nécessaire pousser plus loin le durcissement monétaire. [...]

  • Faudra-t-il inexorablement augmenter les impôts ? [Olivier Passet]

    10 mai 2023 La France peut-elle se dispenser d'une hausse de ses impôts dans un horizon rapproché ? Très probablement, non. Ce n'est pas tant la récente dégradation de la note française par Fitch à la fin avril qui crée l'urgence. Le spread France/Allemagne n'a pas bronché. Ce n'est pas non plus la récente chronique des déficits qui met en alerte. Que ce soit en matière de déficit comme de dette, la France demeure dans les clous par rapport à ce qui avait été programmé lors du projet de loi de finances 2022, il y a 18 mois. Le gouvernement prévoyait alors un déficit de 8,4% pour 2021 et de 4,8% en 2022 et une dette à 114% du PIB fin 2022. Or, en dépit de la guerre en Ukraine, des rallonges en matière de soutien au pouvoir d'achat des ménages, les déficits ainsi que la dette demeurent en deçà de ce qui était programmé. La résistance de la croissance y contribue certes, mais c'est d'abord l'inflation qui a sauvé la mise du gouvernement en gonflant les recettes fiscales. [...]

  • Climat, financement et inégalités sociales : une équation impossible ? [Olivier Passet]

    Nos économies sont confrontées à de grands enjeux de soutenabilité : la soutenabilité climatique de nos modes de croissance, la soutenabilité sociale, à travers le creusement des inégalités notamment patrimoniales, et la soutenabilité financière d'un endettement toujours croissant. Peut-on s'attaquer frontalement à ces trois dérives ? La réponse intuitive est non. L'enjeu climatique prime sur les autres, car ses conséquences non réversibles concernent l'habitabilité de notre planète, rendant l'objectif zéro carbone impératif. Mais il induit des investissements massifs d'adaptation, sans croissance immédiate en retour, qui mobilisent donc de la dette nouvelle. [...]

  • L'inflation contrôlée et la récession évitée : les marchés sur un leurre [Olivier Passet]

    Les marchés vivent aujourd'hui sur un leurre. Celui de la récession évitée ou évitable, au prix d'une inflation persistante, mais sous contrôle. Aux États-Unis comme en Europe, l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire le noyau dur de l'inflation, débarrassée de ses composantes les plus volatiles énergétiques et alimentaires, résiste jusqu'au dernier mois sur le seuil des 5%. C'est sur cette orbite que se situe la boucle prix/coûts. Sachant que du côté des coûts, trois éléments participent maintenant à la persistance du phénomène inflationniste [...]

  • La concentration excessive coupable de l'inflation ? [Olivier Passet]

    On ne compte plus en France le nombre de grandes entreprises qui affichent un résultat record ou en forte progression en 2022. En proue de cette performance, TotalEnergies qui affiche 19,5 milliards d’euros de résultat (en dépit de 16 milliards de dépréciations sur la Russie), le constructeur automobile Stellantis 16,8 milliards, le numéro un mondial du luxe LVMH 14,1 milliards, BNP Paribas 10,2 milliards, ou le géant pharmaceutique Sanofi 6,72 milliards.

    Et sur le point chaud que constitue aujourd’hui l’inflation alimentaire, lorsque l’on observe la vitesse de reconstitution de la profitabilité des entreprises de ce secteur — dont le taux de marge a retrouvé son plus haut niveau depuis près de 20 ans, avec notamment les très bonnes performances financières de Nestlé, Coca-Cola, Danone, Pernod-Ricard ou Mondelez international —, il est clair là encore que les grandes entreprises sont devenues des vecteurs de transmission et d’amplification de la hausse des prix au détriment des consommateurs. Idem pour des produits de grande consommation comme Procter & Gamble ou Unilever.  [...]

  • Bascule du monde vers le Pacifique : ce n'est qu'un début ! [Olivier Passet]

    C'est certainement la prophétie la plus consensuelle au plan géopolitique. L'équilibre économique, commercial, démographique, militaire, culturel est en train de basculer de la zone Atlantique, marquée par une concentration des richesses et des flux commerciaux entre l'Amérique du Nord et l'Europe vers la zone Indo-Pacifique. Avec deux nouvelles superpuissances en quête de leadership, la Chine et l'Inde. Ce pivotement du Monde semble se dérouler à une vitesse phénoménale, faisant perdre sa centralité à l'Europe et achevant de la marginaliser au plan économique. Où en sommes-nous de cette grande bascule ? En dépit du ressenti, c'est un film dont nous ne n'avons vu à ce stade que les prémisses. Les vieux équilibres font de la résistance. Et la grande vague de marginalisation européenne n'est qu'à ses débuts. [...]