1941 : annus horribilis. Le drapeau nazi flotte quasiment partout en Europe et les troupes de la Wehrmacht sont aux portes de Moscou. En France, le régime de Vichy se radicalise. Après la défaite, pour justifier l’abolition de la République et la concentration des pouvoirs, le Maréchal Pétain s’est choisi un bouc émissaire : le Front populaire. Dans l’attente de son procès, son chef, Léon Blum, croupit en prison. C’est là qu’il écrit « À l’échelle humaine ». L’ouvrage entend d’abord expliquer les causes de la défaite. L’analyse de Blum, qui anticipe de nombreuses thèses de « L’Étrange défaite » de Marc Bloch, est lumineuse. Mais au milieu des malheurs, Blum impressionne surtout par la certitude avec laquelle il annonce l’inéluctable défaite nazie, le délitement de Vichy et les jours heureux de l’après-guerre. La prescience que tout le monde lui reconnaît depuis son discours prémonitoire du Congrès de Tours atteint ici des sommets. « À l’échelle humaine » ne saurait pourtant se résumer à un optimiste examen de conscience devant le désastre national. Cet ouvrage injustement oublié constitue également la pièce maîtresse d’une tradition socialiste proprement française. Celle de la synthèse de Marx et Jaurès, de la République et du socialisme, du patriotisme et de l’internationalisme, de la réforme et de la Révolution que Léon Blum met une fois de plus au service de la paix et de la justice. Milo Lévy-Bruhl, doctorant en philosophie politique (EHESS), et Benoît Kermoal, historien, chargé du pôle « histoire sociale » à Unsa-Éducation, en débattent dans cet entretien vidéo.  Retrouvez l’ouvrage de Léon Blum, « À l’échelle humaine », présentation de Milo Lévy-Bruhl, sur le site des éditions Le Bord de l’eau : www.editionsbdl.com/produit/a-lechelle-humaine-de-leon-blum/