Jean Jaurès, quelques jours avant son assassinat, avait confié à Marcel Mauss être en pleine rédaction d’une brochure pour les ouvriers destinée à vulgariser les statistiques. À partir de cet épisode peu connu qu’il nous relate, l’historien Maxime Surman livre une enquête plus vaste sur les statistiques, le mouvement socialiste et la pensée de Jean Jaurès.
Pour commémorer la disparition de son ami Jean Jaurès, le sociologue Marcel Mauss1 dans la revue La vie socialiste du 8 juillet 1920 décrit deux balades à Paris en sa compagnie. Ces conversations auraient eu lieu les « 12 ou 13 juillet » et le « vendredi 23 juillet » 1914. Dans la seconde, il aurait été brièvement question du patriotisme et des risques de guerre, que Jaurès suit avec particulièrement d’attention2, tandis que durant la première que Mauss intitule « science sociale », Jaurès y expose un projet d’écriture :
« Il [Jaurès] me dit à peu près : « Parlons d’autre chose, du livre qui fera suite à L’Armée nouvelle. Je vous en ai déjà parlé. L’idée s’est précisée. Mais j’ai besoin de vos conseils, de vous, de Durkheim3 » – J’ajoutai : « De Simiand4 » – « Oui, me dit-il, sûrement, car maintenant c’est bien défini, je voudrais écrire quelque chose d’assez court, mais d’assez difficile – surtout si je veux le rendre très clair, pour notre public socialiste – sur la Statistique.
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