A LA UNE
Christian Chavagneux - Taxer les superprofits : pour un dispositif pérenne
Enlisé dans son idéologie anti-impôt, le gouvernement n’en peut plus de chercher des solutions pour mettre à contribution les entreprises qui tirent de substantiels bénéfices de la guerre en Ukraine.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a commencé par leur demander une « contribution volontaire », un geste sur le prix du carburant pour Total, une réduction des tarifs de transport de containers pour CGA-CGM, plus sérieusement un blocage des prix de l’électricité pour EDF, etc.
Du côté de l’Assemblée nationale, les macronistes avancent maintenant l’idée d’un fonds de transition écologique qui serait abondé par des « contributions négociées » avec les grands groupes. Bref, une taxe mais, surtout, sans employer le mot taxe !
INEGALITES
Observatoire des inégalités - Inégalités en entreprise : comment permettre aux salariés d’agir ?
Propositions 20 septembre 2022
Réduire les inégalités dans le travail impose de démocratiser l’organisation de l’entreprise en profondeur. Il faut donner aux salariés le temps et les moyens de délibérer sur l’organisation de leur travail et ses finalités. Les propositions de l’économiste Thomas Coutrot.
Les inégalités face au travail sont massives, à commencer par les conditions concrètes dans lesquelles il s’exerce, que l’on évoque trop peu souvent. Chaque année, 2,5 millions de salariés sont touchés par un accident du travail, ce sont à 82 % des ouvriers ou des employés. Chaque année, plus de 50 000 nouveaux cas de maladies professionnelles reconnues surviennent, pour la plupart (près de 90 %) chez des ouvriers ou employés. 87 % de ces maladies concernent des troubles musculosquelettiques (majoritairement des femmes). 2,2 millions de salariés sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène, dont 30 % des ouvriers qualifiés mais seulement 3 % des cadres.
ITALIE
Ce dimanche, une coalition dominée par l’extrême droite devrait remporter haut la main les élections en Italie. Dans le pays qui hébergeait autrefois l’un des plus puissants mouvements ouvriers d’Europe, une gauche populaire et de rupture peine à voir le jour. Par Aurélie Dianara, chercheuse à l’Université d’Évry Paris-Saclay et autrice d’un ouvrage à paraître sur la gauche et l’Union européenne.
Cent ans après la marche sur Rome, les héritiers du fascisme s’apprêtent-ils à remporter les élections législatives en Italie ce 25 septembre ? Le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni se place en tête de tous les sondages avec près de 25% d’intentions de vote. Une coalition de droite et d’extrême droite réunissant Fratelli d’Italia, la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi, est donnée largement favorite. Pour la première fois, une des économies majeures de l’Union européenne sera donc vraisemblablement dirigée par l’extrême droite.
Les Frères d’Italie, parti d’extrême-droite dirigé par Giorgia Meloni, sont en bonne voie pour remporter les élections italiennes ce dimanche. Il bénéficie de la complaisance des médias et de l’échec du centre-gauche à proposer une solution permettant au pays d’échapper à la stagnation. Article de David Broder, publié par Jacobin, traduit par Jean-Yves Cotté et édité par William Bouchardon.
PARTIS
La Dépêche - Du Parti Socialiste à la Nupes, quel avenir pour la gauche ?
Ce week-end à Bram, dans l’Aude, Carole Delga réunit des élus de la région et des personnalités de la société civile pour débattre sur l’avenir de la gauche française. L’occasion pour la dirigeante socialiste – et d’autres avec elles – de faire entendre une voix différente de celle de la Nupes.
Plus de 1 400 personnes déjà inscrites, des invités "de prestige" (élus, intellectuels, responsables associatifs, etc.) qui ont répondu à l’invitation… Dans le camp de Carole Delga, on ne cache pas sa satisfaction à l’approche des "Rencontres de la gauche" qui auront lieu à Bram (Aude) ce dimanche. L’occasion pour la présidente de la Région Occitanie d’effectuer sa rentrée politique et de faire entendre sa voix à gauche. "Dans un contexte anxiogène, nos concitoyens attendent de leurs élus des solutions concrètes et des perspectives optimistes et réalistes", martèle l’élue socialiste, toujours pas convaincue (c’est un euphémisme) par les premiers mois de la Nupes.
Au Parti socialiste, une troisième voie, entre la ligne pro-Nupes, prônée par le premier secrétaire Olivier Faure, et celle de son opposante Hélène Geoffroy, se profile en vue du prochain Congrès, sous l’œil approbateur de l’ex-candidate à la présidentielle Anne Hidalgo. À ce stade, il n’est pas encore question d’un texte d’orientation pour prendre la tête du parti, mais un groupe de socialistes, dont les sénateurs David Assouline et Patrick Kanner, va prochainement rendre publique « une contribution », baptisée « Refondations ».
THEORIE
Dérèglement climatique, inégalités insupportables, montée des violences : la crise multidimensionnelle (écologique, sociale, démocratique) est d’une telle ampleur qu’elle appelle des efforts inédits pour s’en sortir. Ceux-ci sont déjà entamés sur tous les continents à travers de multiples pratiques qui, en retour, amènent à reconsidérer la critique du capitalisme.
MARSEILLE
Fondation Jean Jaurès - Les Marseillais et leur ville
Quelle vision les Marseillais ont-ils de leur ville ? Comment en appréhendent-ils l’architecture, l’habitat, la beauté, l’ambiance ? Jérémie Peltier, directeur des études de la Fondation, et Matthieu Poitevin, architecte et président de l’association Va jouer dehors !, analysent les résultats d’une enquête, réalisée conjointement par la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop, qui décrypte les perceptions de Marseille par ses habitants.
L’association Va jouer dehors !, présidée par l’architecte Matthieu Poitevin, organise du 15 au 17 septembre 2022, à Marseille, le Festival de la Ville sauvage qui propose une série de cinq événements pour définir et construire la ville de demain sans qu’elle ne perde son caractère euphorique, insolent, créatif et résistant.
HISTOIRE
Fondation Jean Jaurès - Jules Guesde : devenir socialiste
En 1922 disparaissait Jules Guesde, un des principaux fondateurs du socialisme français avec Jean Jaurès. L’historien Maxime Surman revient dans cette analyse historique sur sa trajectoire intellectuelle, de son républicanisme radical à un socialisme intransigeant.
Depuis la disparition de l’« apôtre » le 28 juillet 19221, la mémoire et l’oubli se sont emparés de son nom. En dehors d’étroits cercles militants et savants, ce dernier n’évoque plus qu’un toponyme parfois familier. Même si, de temps en temps, le conflit mémoriel l’opposant à la figure d’un Jaurès érigé au rang du plus républicain des hommes de gauche réactive celle d’un Guesde réinventé au présent. Il sert d’adversaire fictif qu’il convient de condamner en analogie d’un courant rival trop sectaire. Il serait alors pour cette mémoire vive d’un socialisme français au milieu du gué un « anti-Jaurès2 ». Il incarne l’intransigeance révolutionnaire. « Le réformisme fait face à la radicalité, la République à la Revanche, le Caporalisme à la liberté3 » Ce dualisme entre ces deux figures s’inscrit dans la longue lignée des binômes servant à codifier les lignes de clivage à gauche4.
La Vie des idées - Le curieux Monsieur Veyne
Si Paul Veyne est un historien incontournable du XXe siècle, c’est pour ses travaux sur l’Antiquité gréco-romaine, mais aussi pour sa curiosité intellectuelle, son goût résolu de la pluridisciplinarité, son humour, la liberté qui irrigue toutes ses recherches. Franc-tireur au cœur des institutions, profond et dilettante, Veyne nous invite à une fête de la pensée.
Paul Veyne occupe une place singulière dans le panorama intellectuel français. Ce spécialiste de Rome, devenu professeur au Collège de France, est l’auteur d’ouvrages majeurs (Le Pain et le Cirque, Comment on écrit l’histoire) qui demeurent sans équivalent dans les études historiques. Érudit et léger, imposant et drôle, durablement marqué par son compagnonnage avec Michel Foucault, Veyne ne suit aucun modèle et ne ressemble qu’à lui-même.
TIERS LIEUX
Au sein des territoires, ruraux, périphériques comme urbains, des endroits insolites mêlent des activités qui a priori n’ont pas grand-chose à voir ensemble. Comment comprendre la multiplication de ces tiers-lieux ? En quoi ces espaces pourraient amener de nouvelles formes de création de collectif ? Dans une analyse en partenariat et avec le soutien des Petits Débrouillards, la philosophe Gabrielle Halpern livre sa vision de ces évolutions.
Dans le cadre de ses missions sur le terrain, le mouvement associatif d’éducation populaire Les Petits Débrouillards réfléchit aux nouvelles formes d’organisation des citoyens et des porteurs de projet. Qu’il s’agisse des initiatives des conventions citoyennes ou de la démultiplication des tiers-lieux dans tous les territoires, de profondes transformations sont à l’œuvre et réinventent l’action et le débat publics, l’économie, les dynamiques territoriales ou encore l’intergénérationnel. Le mouvement associatif d’éducation populaire Les Petits Débrouillards a donc participé à la série de rencontres citoyennes appelée La Tournée des tiers-lieux. C’est dans ce cadre que l’idée de cette note est née.