Un tour de France des grands ensembles qui racontent l’histoire des banlieues, de la France ou encore de l’intégration, c’est ce que propose le sociologue Renaud Epstein dans son livre "On est bien arrivés" (Nouvel Attila, 2021). Le tout à partir d’un matériau sociologique riche et original, des cartes postales. Une manière de raconter cette épopée urbanistique à hauteur d'homme, et non plus seulement du point de vue des décideurs. En somme, il s’agit de ne plus se limiter au récit des "dominants".
Depuis cette première carte postale découverte en 1994 à Roubaix, Renaud Epstein collectionne ces images d’Epinal censées promouvoir et vendre ces villes nouvelles. Des images qui, mises bout à bout, racontent "une France disparue", "celle des Trente Glorieuses qui correspond à la construction massive de grands ensembles dans pratiquement toutes les villes de France", une France "sinon heureuse, du moins optimiste", lancée vers le progrès et la consommation de masse.
Malgré une unité apparente des ces grands ensembles qui semblent tous se ressembler, Renaud Epstein rappelle aussi leurs spécificités au-delà des clichés. Ces constructions, rappelle-t-il, ont été le "terrain de jeu des plus grands architectes français et européens".