Les concepts de “woke” et de “cancel culture” sont apparus avec intensité dans le débat public ces derniers mois. Deux experts – Ruben Rabinovitch, psychanalyste, et Renaud Large, communicant – évaluent dans cette note engagée l’impact de ces phénomènes et les arguments à leur opposer.
Le coup de foudre de l’indigne et de l’indigné
Orgueilleuse de sa honte, ragaillardie de sa repentance, érotisée par ses mortifications, la société occidentale empoigne sa mauvaise conscience comme un nouveau sceptre. Sénile, elle traque fiévreusement toutes les vilenies de son passé comme de son présent parce que culpabiliser, pour elle, c’est faire une bonne action. Reconnaissons que les ambassadeurs auto-désignés des « minorités » lui rendent la tâche facile, eux qui guettent grâce à Twitter humiliations, oppressions et dominations, comme naguère les sourciers l’eau souterraine à l’aide de leur baguette. Entre l’indigne et l’indigné, c’est un match parfait. Mieux qu’un couple, le vieux pénitent qui ne jouit que par l’auto-punition et le jeune minoritaire aux tendances paranoïaques forment une folie à deux. Haine de soi et volonté d’impuissance des « dominants », ressentiment et libido dominandi des « dominés » : les minorités intransigeantes font régner la loi du plus faible sur la majorité indifférente. Cet assaut a été rendu possible par l’entrée de deux chevaux de Troie dans la cité républicaine, ceux de la cancel culture et de la culture woke.
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