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Non Fiction : L’ami du présent qui passe (Raphaël Enthoven)

« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie. J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins. »

Ainsi commence le Neveu de Rameau, auquel Sartre ajoutait que mettre la métaphysique dans les cafés, c’était ne pas la mettre sur le trottoir. Hier le banc d’Argenson et le café de la Régence, aujourd'hui la radio et les réseaux sociaux : il y a du Neveu de Rameau dans ce recueil de Morales provisoires. Leur auteur, vagabond mental, ne paie pas la catin philosophique pour qu'elle reste, mais pour qu'elle s'en aille : avide, non pas de s'approprier ses pensées, de les chérir, mais bien plutôt de passer à autre chose : de penser à autre chose, une fois qu'on s'est livré au plaisir de les penser.

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