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  • PS - Union européenne: le pari risqué de M. Macron

    Vendredi 6 octobre 2017

    Emmanuel Macron remet en cause le modèle social français par ordonnances, puis prétend le remplacer par une protection renforcée au niveau européen. Or l’effet des politiques de libéralisation du marché du travail et des réformes fiscales inégalitaires se feront sentir presque immédiatement, alors que l’espoir d’une avancée des dossiers européens tient peut-être du mirage…

    « Attention à éviter les mirages dans le désert », avertissait il y a quelques jours la Présidente lituanienne au sujet des propositions pour la relance de l’Union européenne de M. Macron.

    Angela Merkel reste chancelière en Allemagne, mais sa courte réélection la conduit à devoir chercher un accord de gouvernement avec les Verts et le parti libéral FDP, qui a déjà fait connaître son opposition aux propositions européennes du Président français. Dans ce contexte, et alors que l’Europe du sud se remet péniblement d’années d’austérité et que l’Europe de l’Est n’entend pas être marginalisée, l’alliance franco-allemande sera-t-elle suffisante pour faire de l’Union européenne une puissance dans la mondialisation ?

    Emmanuel Macron, qui a présenté ses propositions pour l’UE à la Sorbonne mardi 26 septembre, entend renforcer l’harmonisation fiscale et sociale et créer une « Europe qui protège » : une tentation pour reporter au niveau européen une protection jugée trop coûteuse en France ?

    Quoiqu’il en soit, l’effet des politiques de libéralisation du marché du travail et des réformes fiscales inégalitaires se feront sentir presque immédiatement, alors que l’espoir d’une avancée des dossiers européens tient peut-être du mirage, et n’interviendront dans tous les cas pas avant de nombreuses années…

    Lors d’une visite officielle à Athènes vendredi 8 septembre, Emmanuel Macron a, de nouveau, défendu un renforcement de la solidarité internationale, notamment vis-à-vis de l’économie grecque, encore exsangue après la grande crise de 2008. Il prétend ainsi prôner une Europe protectrice de ses citoyens, dans la lignée de ses positions sur la révision de la directive des travailleurs détachés, le contrôle des investissements dans les secteurs stratégiques ou la taxation des GAFA.

    Cet interventionnisme peut sembler en contradiction avec la politique intérieure du Président : ses premières réformes nationales se veulent libérales, comme la publication des ordonnances sur le code du travail et sa prochaine réforme fiscale en faveur des revenus du capital en attestent.

    Et si, au contraire, il n’y avait là aucune contradiction ? E. Macron semble convaincu de pouvoir relancer l’emploi en France grâce à sa libéralisation du marché du travail. Mais, alors qu’il est très difficile « d’importer » un modèle social comme le modèle nordique dans un pays aux réalités si différentes (syndicalisation chroniquement faible, culture d’une protection par la loi…), cette stratégie est encore moins susceptible de réussir si des travailleurs d’Europe de l’Est peuvent travailler en France à bas coûts ou si des investisseurs américains ou chinois rachètent une entreprise en France dans l’objectif de réaliser des profits à court terme sans préoccupation pour l’emploi sur le territoire à plus long terme. Emmanuel Macron l’a bien compris, d’où ses propositions interventionnistes au niveau européen.

    Malheureusement, le contexte politique et institutionnel européen est autrement plus complexe que la situation française, où le Président dispose d’une large assise pour faire passer ses réformes. Certes, M. Macron et Mme Merkel, réélue ce dimanche, semblent s’entendre ; toutefois, cette lune de miel, si elle dure, ne fera pas tout : l’Allemagne soutenait la proposition de contrôle des investissements extra-européens, qui s’est fracassée contre le mur des pays d’Europe du Sud, si affectés par la crise financière qu’ils ne peuvent se permettre de rejeter des investissements, d’où qu’ils viennent. L’Italie s’est déjà offusquée de l’attitude d’E. Macron « l’Européen » à plusieurs reprises cet été : sur le dossier lybien, sur le refus Français d’ouvrir ses ports pour accueillir une partie des migrants qui affluent par la Méditerranée et lors de la nationalisation de STX pour empêcher un rachat italien. Quant à la directive « travailleurs détachés », les propos d’E. Macron ont déclenché un incident diplomatique avec la Pologne en août dernier.

    Or sans protection ni harmonisation supplémentaire des normes fiscales et sociales au niveau européen, la réforme du marché du travail français contribuera à un nivellement par le bas de la protection sociale dans une Europe où les travailleurs et les territoires sont mis en concurrence par la libéralisation des échanges de biens et de capitaux au sein du marché unique. Emmanuel Macron dénonce le dumping social des pays de l’Est avec la directive « travailleurs détachés » mais entre exactement dans cette logique en France avec les ordonnances sur le droit du travail.

    Dans un contexte grave pour le projet européen, marqué par le Brexit et le creusement du fossé entre « gagnants » et « perdants » de la mondialisation, la réorientation de l’Union européenne ne peut se résumer à des discours, aussi fermes soient-ils, s’ils ne sont pas suivis d’effets. Les sorties bruyantes et peu diplomates d’E. Macron semblent avoir comme objectif premier de séduire l’électorat européiste en France, notamment à gauche, à peu de frais. Le Président Français a beau jeu de proposer une taxe sur les transactions financières au niveau européen, au moment même où, d’une part, ce projet qui existe depuis plusieurs années au niveau européen vient d’être de nouveau différé du fait du Brexit, et, d’autre part, que le Gouvernement vient d’abandonner la hausse de la TTF française, dont le renforcement avait été voté 2017.

    Ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure : si le Président parvient à avancer sur ces différents chantiers, ce sera évidemment une très bonne nouvelle pour notre pays et l’Union européenne en général. Toutefois, dans le cas contraire, c’est l’échelon national seul qui peut prendre le relai en matière de protection des travailleurs. Le dossier STX en était une parfaite illustration : sans garanties suffisantes du repreneur italien, le Gouvernement a décidé de nationaliser le chantier naval cet été.

    Au vu du peu de l’accueil très mitigé des initiatives européennes du Président, la libéralisation du marché du travail Français semble être un pari plus que risqué…

    Gabrielle Siry, Secrétaire nationale à l’économie du Parti socialiste
    et
    Karim Bouamrane, porte-parole du Parti socialiste

    Mehdi Benlahcen, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger, responsable PS à Lisbonne

    Damien Bongart, vice-Président du Conseil départemental 35

    Guillaume Mathelier, maire d’Ambilly, premier fédéral PS de Haute-Savoie

    Stéphane Mukkaden, secrétaire de section PS de Norvège, conseiller consulaire Islande-Norvège

    Grégoire Odou, militant PS à Paris

    Baptiste Astrade, étudiant et citoyen engagé

    Faouzi Braza, citoyen engagé

    Arnaud Lantoine, citoyen engagé

  • Présentation du "Projet socialiste", texte rédigé sous la direction de Jean-Pierre CHEVENEMENT (INA, 1980)

  • Le Grand Face à Face : qui a gagné la bataille des idées en France ?

    Avec Raphaël Glucksmann, Natacha Polony et Alain Finkielkraut,

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    Fin septembre, Jean-Christophe Cambadélis avait avoué que la langue de bois, c’était son job de Premier secrétaire du Parti socialiste (et son "tendre drame"). Mais maintenant qu'il n'est plus à la tête du PS, il a du temps à rattraper.

    Ainsi, après avoir bien balancé sur François Hollande dans son livre Chronique d’une débâcle (éditions L’Archipel), Jean-Christophe Cambadélis réserve ses cartouches suivantes pour Benoît Hamon.

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