Par Dominique Méda, directrice de l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales de l’université Paris-Dauphine.
Quel paradoxe ! Alors même que l’un des principaux objectifs de la loi El Khomri était, nous disait-on, d’améliorer le dialogue social, la France est à feu et à sang. Alors qu’il restait encore un an au président de la République et à l’équipe gouvernementale pour fabriquer un semblant d’unité de la gauche, cette dernière est en miettes, et la division syndicale plus profonde que jamais. Alors qu’il était encore possible, une année avant les échéances, d’organiser de façon raisonnable une primaire des gauches et des écologistes au cours de laquelle les candidats auraient pu, sinon rivaliser d’inventivité en dessinant les contours de la démocratie continue que le juriste Dominique Rousseau appelle de ses vœux, au moins présenter un programme ambitieux de sortie de crise voire simplement rendre des comptes, une partie de la gauche semble avoir adopté comme seule ligne de bataille qu’avec elle le détricotage de notre modèle social sera un peu moins radical.
Nous étions cinquante-six députés de gauche et écologistes à signer ce mercredi 11 mai un projet de motion de censure afin d’exprimer notre opposition à la loi Travail, élaborée à contresens de nos engagements et qui produit une profonde fracture dans notre pays.
REFLEXIONS ET ANALYSES
Le Monde - Pour un nouveau « pacte productif écologique et social » Par Christophe Ramaux (Centre d’économie de la Sorbonne, université Paris-I) et Henri Sterdyniak (OFCE)
La société française a besoin d’un sursaut. Au lieu de prendre appui sur ses valeurs fondatrices d’égalité et de solidarité pour proposer une alternative au modèle néolibéral, nos gouvernements ont pour seul horizon la soumission sans limite à ce modèle dont les ravages sont pourtant avérés.
A l’instar des autres pays, mais plus qu’eux, la France avait construit une économie mixte, combinant initiative privée et intervention publique prenant en charge ce que le privé ne sait faire (plein-emploi, stabilité financière, éducation, santé, retraite…). Avec ses limites, ce modèle « fonctionnait » : progrès du niveau de vie, réduction des inégalités. Au lieu de l’adapter par le haut, c’est son détricotage, la « loi travail » en témoigne, que nos élites organisent.
Nous, êtres humains, devons avoir une relation avec notre futur si nous voulons réaliser des opérations qui aillent au-delà du moment présent. Cela vaut également pour les sociétés, qui doivent maintenir un rapport intelligent avec leur futur. Les difficultés actuelles de la société au moment de se penser en termes de finalité et de promesse collectives mettent précisément en évidence le fait que le futur n’est pas bien traité.
LOI TRAVAIL
« Peut-être qu’il faut toucher à l’article 2 » du projet de loi travail sur certains points, a déclaré le ministre des finances, Michel Sapin, jeudi 26 mai. Quelques minutes après, le premier ministre, Manuel Valls, assurait que le gouvernement « ne touchera [it] pas à l’article 2 ».
La cacophonie perdure au sein de la majorité. Déjà, la veille, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, s’était montré favorable à cet article clé de la réforme du code du travail, avant de se faire recadrer par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, puis par M. Valls. Des fausses notes qui illustrent les voix discordantes au sein même du Parti socialiste.
La sociologue du travail Danièle Linhart souligne que « ce qui semble le plus choquer dans cette loi, c’est l’inversion de la hiérarchie des normes, qui prévoit que la négociation locale, où le rapport de force entre patrons et salariés est moins favorable peut prévaloir sur celle de branche et nationale ». Avec les risques de dégradation des conditions d’emploi, tirées vers le bas.
PSUFondé en 1960 pour lutter contre la guerre d’Algérie, dissous en 1989, le Parti socialiste unifié (PSU) a été précurseur à gauche sur de nombreuses thématiques écologiques et sociales. L’historien Bernard Ravenel, qui en a été membre du début à la fin, en retrace l’histoire dans un livre passionnant. Entretien.
FRONDEURS
Le Figaro, le 24 mai - Paul/Frondeurs PS: le pays s'enferme dans une un conflit «durable»
Le chef de file des députés socialistes "frondeurs", Christian Paul, a estimé ce mardi que le pays était "en train de s'enfermer dans un conflit durable", appelant à un "dialogue loyal" sur le projet de loi travail pour "faire retomber la tension". "On est depuis des semaines dans un climat de tension sociale très grave, qui se prolonge aujourd'hui dans différents secteurs: l'approvisionnement en carburant, les transports, la RATP demain...", a déclaré M. Paul aux abords de l'Assemblée.
Le JDD - Motion de censure : les frondeurs du PS disent "assumer leur démarche"
Dans une tribune publiée sur le site du Monde, 22 députés socialistes signataires du récent projet de motion de censure de gauche contre le gouvernement assurent lundi que "l'éthique" est de leur côté.
Le Figaro - Reconnaissance de l'Etat palestinien : Hamon reproche à Valls d'avoir «cédé» à Israël
Le premier ministre refuse d'évoquer par avance une reconnaissance de l'Etat palestinien malgré un vote en ce sens de l'Assemblée nationale.
CHOMAGE
INSTITUTIONS
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, a présenté ce mardi un rapport sur les institutions de la Ve République. Le document présente 50 recommandations du Parti qui entendent renforcer la démocratie et équilibrer les pouvoirs entre le Parlement et l’exécutif.
Serpent de mer historique de la gauche, le droit de vote des étrangers revient sur le tapis. Proposé dans les 60 engagements de campagne de François Hollande en 2012 puis enterré par Manuel Valls trois ans plus tard - faute de majorité des deux tiers du Parlement pour une réforme de la Constitution- le projet refait son apparition dans une version light.
MONTEBOUG
Le Parisien - Montebourg : «Candidat à la primaire socialiste ? C'est réaliste»
Pas de doute, l’enfant terrible de la gauche est de retour. Primaire à gauche, loi El Khomri, mais aussi emploi et Europe… il donne ses recettes et n’épargne pas Hollande et Macron.
Attention, Montebourg revient ! Il y a deux ans, le remuant ministre du Redressement productif avait été viré par Hollande et Valls, ulcérés par ses provocations. Il s'était reconverti dans le business (Habitat, notamment), se découvrant entrepreneur. Mais le voilà ressaisi par le démon de la politique, bien décidé à se mêler à la bataille présidentielle.
GRECE
Libé (Guillaume balas, Emmanuel Maurel....)- Il faut lever le blocus économique de la Grèce
Ce mardi se tient la réunion de l’Eurogroupe qui va examiner la situation grecque. Plusieurs députés européens appellent la France et l’Allemagne à desserrer l’étau.
PS
Le Lab - Le gros coup de pression de Jean-Christophe Cambadélis aux adhérents PS
La division, ça suffit. C'est, en résumé, le message adressé par Jean-Christophe Cambadélis aux adhérents du Parti socialiste. Évidemment, dans sa lettre envoyée ce vendredi 27 mai, le premier secrétaire du PS le dit un peu plus longuement. Mais l'idée est là : ou le parti arrive à s'unir et à dépasser les clivages avant les échéances de 2017, ou bien il ne sera plus rien.
Chiffres du chômage : des progrès qui se confirment
Le Parti socialiste salue la nouvelle baisse du nombre de demandeurs d’emploi, annoncée ce soir pour le mois d’avril. Avec près de 20 000 inscrits de moins en catégorie A, cela porte à 70 000 le nombre de personnes qui ont retrouvé un emploi depuis le début de l’année, soit une baisse de 1,9%.
Si cette tendance doit être consolidée et pérennisée, il faut noter, d’une part, qu’elle touche toutes les classes d’âge et, d’autre part, que le chômage des jeunes continue de diminuer à un rythme sensiblement plus élevé que celui du reste de la population (-1% contre -0,6% de baisse générale sur le mois).
Ukraine : libération de Nadia Savtchenko
Le Parti socialiste exprime sa satisfaction après la libération, mercredi 25 mai, de la pilote militaire ukrainienne, Nadia Savtchenko, injustement détenue par les autorités russes depuis presque deux ans et condamnée à 22 années de détention.