Avec son sens habituel de la provocation, Patrick Artus, l’économiste en chef de Natixis, vient de publier une petite note intitulée « Que faudra-t-il pour que les keynésiens abandonnent ? ». Suivent trois séries d’arguments, censés démontrer que la France est une économie où la demande ne peut plus jouer aucun rôle positif. Mais ils sont loin d’être convaincants.
L’argument du taux de chômage naturel
Premier argument, la France est proche du taux de chômage structurel, celui à partir duquel toute demande supplémentaire de main-d’œuvre n’aboutit pas, faute de gens formés, et se traduit par des hausses des salaires et des prix. Mettez plus de demande, nous dit Patrick Artus, et vous aurez plus d’inflation et pas moins de chômage.
Le premier problème vient du fait que ce taux de chômage naturel n’existe pas dans la vraie vie. C’est une construction théorique des économistes. Récemment, Patrick Artus estimait ce taux de chômage naturel à 9 % (et la Commission européenne à plus de 9 %). Or, il vient de passer en France sous cette barre, sans le moindre signe d’inflation… Et pour l’économiste de l’OFCE Eric Heyer, il se situe en dessous de 7 %. Bref, il n’y a pas vraiment consensus des économistes sur le sujet.
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