Dans le double contexte sanitaire (celui de la crise du coronavirus) et politique (celui des futures élections présidentielles) qui est le nôtre, la raison est au centre des débats. Là où la majorité des candidats et des partis prétendent incarner le "camp de la raison", cette dernière subit pourtant de multiples formes de critiques, visant tantôt ses errements moraux, en particulier l’implacable froideur par laquelle elle contribue à l’exploitation de la nature, tantôt ses errements théoriques, comme sa capacité à s’aveugler et à valider ses déductions les plus biaisées, ce dont témoigne le scandale du Lancet sur l’hydroxychloroquine.
Cette actualité critique de la rationalité ne semble en fait que traduire une ambivalence plus fondamentale : d’une part, les êtres humains voient dans la raison leur faculté la plus élevée, celle qui leur permet de se réaliser et de se distinguer du reste des êtres naturels ; d’autre part, ils sont tous prêts à reconnaître sa capacité à s’illusionner, voire pire, à cautionner les pires méfaits.
Comment alors résoudre cette "énigme de la raison" ? Ses erreurs doivent-elles nous conduire à minimiser son importance, ou sont-elles au contraire partie intégrante de sa force ? La raison est-elle toujours la faculté qui doit nous permettre de vivre ensemble, dans une société fondée sur l’égale capacité à argumenter, ou bien a-t-elle fait son temps ?
Telles sont les questions que nous abordons avec Dan Sperber, chercheur en philosophie, sciences cognitives et sciences sociales à l’Institut Jean-Nicod (CNRS, ENS), et Hugo Mercier, chercheur en sciences cognitives à l’Institut Jean-Nicod (CNRS, ENS) à Paris. Ils publient L’Enigme de la raison chez Odile Jacob, 2021
L'invité des Matins de France Culture.
Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 30 Septembre 2021)
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