L'itinéraire de Pierre Mauroy, figure emblématique de la vie politique française, du Parti socialiste pendant plus de cinquante ans et président fondateur de la Fondation Jean-Jaurès, est à redécouvrir cet automne avec la publication de l'ouvrage de Pierre-Emmanuel Guigo Pierre Mauroy. Le dernier socialiste (Passés composés, octobre 2024). Cette biographie historique, s'appuyant sur des archives inédites et des entretiens, a été présentée par la Fondation et l'Institut Pierre Mauroy lors d'une soirée-débat en partenariat avec les éditions Passés composés, animée par Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La Revue politique et parlementaire.
Militant de la première heure, Pierre Mauroy est sans doute celui qui incarne le mieux la tradition socialiste telle qu’elle existe depuis la fondation de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) : à la fois ouvrière et enseignante, laïque et enracinée dans les territoires. À tout juste 22 ans, il devient secrétaire national des Jeunesses socialistes ; un an plus tard, il fonde la Fédération nationale Léo-Lagrange, qui œuvre pour une éducation populaire ; à 38 ans, désormais conseiller municipal, il est nommé secrétaire général adjoint de la SFIO ; à 43 ans, le n°2 du nouveau parti socialiste se voit confier les clefs de la mairie de Lille, qu’il gardera jusqu’en 2001. Sa fidélité au parti et son sens du service public lui ouvrent les portes de Matignon en 1981 : aux côtés de François Mitterrand, il se veut le porte-parole de la majorité populaire, l’artisan des réformes sociales ; il sera aussi celui de la rigueur. Mais l’austérité économique n’avait de sens que liée à une véritable transformation sociale, pour cet éternel n°2 qui continue d’incarner le train de réformes inédit de 1981 : la cinquième semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, la semaine de 39 heures, l’augmentation du Smic et des allocations. Cette gauche de l’imagination sociale reste une source d’inspiration à l’heure où les acquis sociaux sont en voie de déconstruction.