Alors qu’ils siégeaient jusqu’à présent dans la majorité municipale, les Verts parisiens nourrissent l’ambition pour les municipales de 2020 de ne plus être de simples supplétifs des socialistes, jusqu’à une prise de distance à l’égard d’Anne Hidalgo, décidée au niveau local mais encouragée au niveau national par Yannick Jadot, qui a surpris bien des observateurs. Pourtant, elle renvoie à des hésitations et à des questionnements solidement ancrés dans le mouvement écologiste depuis ses origines quant à son rapport à la gauche et au socialisme, décryptés ici par l’historien Sébastien Repaire.
Les écologistes se proclament originellement « ni de droite, ni de gauche ». Ce refus de prendre position sur l’axe gauche-droite naît dans la mouvance écologiste des années 1970 et se transmet ensuite en héritage aux Verts, fondés en janvier 1984. Cette double révocation, de la gauche et de la droite, n’est d’ailleurs pas spécifique aux écologistes français, et se retrouve par exemple chez les Grünen ouest-allemands, dont le principal slogan dans les années 1980 est « nicht rechts, nicht links, sondern vorn » – « ni à droite, ni à gauche, mais devant »[1]. La même attitude se manifeste, à des degrés divers, dans toutes les tendances de l’écologie politique, en dépit d’exceptions notables comme René Dumont, notoirement « socialiste » selon sa propre terminologie. Elle s’exprime avec force au moins jusqu’aux années 1990 : encore en 1995, Dominique Voynet explique qu’elle n’est « ni catho ni de gauche », alors qu’elle est la candidate des Verts à la présidentielle.
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