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Laurent Bouvet - Les trois paradoxes de la gauche française

La gauche française vit, alors même qu’elle exerce pour la quatrième fois depuis 1981 le pouvoir d’Etat, un de ces moments de crise aiguë dont elle est coutumière. Nouvel épisode, banal au fond, de la longue et insoluble crise identitaire qui la caractérise diront certains ; ultime soubresaut avant son indispensable refondation diront d’autres. Sans doute un peu des deux risquera-t-on, tant les tensions actuelles qui se manifestent en son sein témoignent d’une accumulation de paradoxes qu’il lui faudra résoudre si elle veut prétendre continuer de jouer un rôle historique dans le devenir du pays. On peut en identifier, au moins, trois.
 
L’exercice toujours décevant du pouvoir
 
Le premier est institutionnel, c’est le mieux connu. La gauche doit conquérir et exercer le pouvoir si elle veut changer sinon la vie du moins améliorer l’existence de millions de Français qui comptent sur elle. Mais l’exercice du pouvoir déçoit, immanquablement, car il se fait toujours, plus ou moins, au détriment des idéaux qui le motivent à l’origine. Aucun gouvernement se réclamant de la gauche en France n’a, comme on le sait, jamais été réélu : ni le Cartel de 1924, ni le Front populaire de 1936, ni le Front républicain de 1956, ni évidemment depuis 1981, que ce soit en 1986, 1993 ou 2002. Et il se pourrait bien qu’il en aille de même, une fois de plus, en 2017.
 
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